Comment définir la décroissance ?

Voici un relevé de toutes les définitions de la décroissance que l’on pourra retrouver dans le livre de la MCD, La décroissance et ses déclinaisons.

La décroissance [apparaît] comme une décrue (économique), une décolonisation (idéologique) et même une utopie (politique).

La décroissance pourrait se définir comme un « socialisme du XXIème siècle »

Ce n’est pas la crise écologique qui fait de nous des  décroissant-e-s, car même si nous étions dans un monde aux ressources infinies et aux richesses illimitées, nous défendrions une société à la production plafonnée et sans « exploitation », ni de la nature ni des humains.

Vastes chantiers pour la décroissance : resocialiser la liberté au lieu de l’individualiser, étendre la démocratie au lieu de la restreindre.

La décroissance est une récession, mais toute récession n’est pas la décroissance et surtout la décroissance n’est pas qu’une récession

La décroissance désigne la période qui va planifier la réduction de nos utilisations des matières et des énergies, au moins dans le Nord Global, pour viser une économie stable et en équilibre avec la nature.

Revenir durablement à une capacité soutenable de charge écologique, c’est la décroissance.

La décroissance préconise la pauvreté volontaire et renvoie dos à dos tant la misère que la richesse.

Le trajet de la décroissance consiste donc à faire passer et/ou revenir dans l’espace du Commun – celui de la vie sociale – tous ceux qui aujourd’hui, de façon subie pour les uns, de façon choisie pour les autres, sont en dehors : la décroissance est la décroissance des inégalités.

Technophobe la décroissance ? Non, simplement technocritique. Arrêter de s’en remettre à un techno-pouvoir bureaucratique pour vivre, oui. Démanteler les systèmes technologiques contreproductifs, oui. Contrôler socialement et écologiquement les innovations, oui.

La décroissance dans le Sud global pourra être une rupture avec la croissance globalisée tout en prenant des chemins de décroissance différents de ceux du Nord global.

Être décroissant c’est s’opposer à cette fausse nécessité de la croissance continue et à l’absurdité de ce désir d’illimité et de démesure.

C’est donc la décroissance comme trajet que nous défendons, entre le monde rejeté et le monde désiré, un trajet défini comme l’ensemble des mesures politiques permettant d’organiser la décrue économique, c’est à dire la baisse de l’ensemble des éléments de la chaîne économique : l’extraction, la production, la consommation et l’excrétion (les déchets), pour revenir à des modes de vie écologiquement soutenables et socialement décents.

La décroissance devient non pas l’opposée de l’objection de croissance mais un cran supplémentaire. Car alors il ne s’agit plus de freiner ou de s’arrêter mais de revenir en arrière, pour repasser sous les plafonds dépassés.

Pour revenir sous les plafonds il va falloir une transition. Si cette transition est démocratique, c’est la décroissance.

Si la simplicité volontaire est importante, elle n’est pas suffisante pour faire basculer la société vers la décroissance.

Si donc les  décroissant-e-s veulent réellement rêver une société fondée sur le partage, il faudrait qu’ils approfondissent davantage le « lâcher-prise de soi ».

« Empreinter » le trajet de la décroissance, c’est certes reconnaitre l’intérêt et la nécessité des alternatives concrètes mais en les passant par l’analyse des pratiques tout en les inscrivant dans une perspective politique, idéologique, systémique.

Jusqu’en 1979, il aurait suffit d’objecter à la croissance. Mais ensuite, quand les plafonds sont dépassés, c’est de décroissance qu’il s’agit.

Parmi les limitations qui sont franchissables, certaines sont réversibles, d’autres non. La décroissance c’est de repasser à rebours toutes les limites déjà franchies.

Ce n’est ni par contrainte ni par frustration que les  décroissant-e-s défendent un monde décent (socialement) et responsable (écologiquement), c’est par choix politique : nous sommes  décroissant-e-s volontairement, et pas « malgré nous ».

Au sens strict, la décroissance n’est pas en soi un projet de société mais une transition, un trajet : celui qui libérerait l’humanité de l’emprise de l’économie.

Pour suspendre cette addiction de nos sociétés pour la croissance, la décroissance sera une sorte de sevrage. Pas plus qu’un sevrage ne peut être présenté comme un « projet de vie », pas plus la décroissance ne peut se confondre avec un « projet de société ».

On ne peut pas dire que la décroissance porte un projet car il y aurait là une prétention mensongère à définir l’avenir. Il serait peut-être plus précis de dire que la décroissance est portée par un projet : celui d’ouvrir des perspectives, et pas n’importe lesquelles.

Rien ne garantit malheureusement qu’un jour la décroissance choisie constituera la politique générale d’une humanité apaisée, en harmonie avec elle-même et la nature.

L’histoire n’est pas une ligne droite qui avance dans un sens connu à l’avance ; la décroissance « choisie » n’est qu’une trajectoire de l’humanité parmi d’autres possibles, en buisson.

Voilà simplement en quoi le monde de la décroissance est bien le contraire de celui de la croissance : le projet qui nous porte est celui d’une stabilisation non pas dynamique mais équilibrée. Avec pour objectif, la préservation, l’entretien et la conservation des conditions d’existence, de la société comme de la nature. Tel est notre Principe responsabilité vis-à-vis des générations suivantes.

Le projet qui porte la décroissance, celui d’une stabilisation équilibrée, est celui d’une civilisation du repos retrouvé.

La décroissance est une critique du capitalisme parce que l’accumulation du capital est l’un des aspects de l’illimitisme qu’elle combat. Mais, la réciproque, l’anticapitalisme comme critique de la croissance, n’est pas toujours vraie. Il y a donc deux sortes de d’anticapitalistes : ceux qui restent productivistes, industrialistes, travaillistes et « progressistes » et des « compagnons de route » qui, déjà hostiles à la croissance, hésitent parfois à faire le pas de la décroissance.

Nous pouvons alors en tant que décroissants retourner le slogan du « travailler moins pour travailler tous » en « travailler tous pour travailler moins ».

Face à la dystopie d’un monde de plus en plus virtuel, la décroissance choisit le ralentissement, par la réévaluation et la revalorisation des métiers de la relation, du soin, du care.

La décroissance est le temps – une époque – qu’une société prendra pour repasser sous les plafonds de l’insoutenabilité écologique.

L’objectif de la décroissance est la protection des conditions naturelles et sociales.

La décroissance est un intermédiaire, pas plus, pas moins. C’est pourquoi la décroissance devra se présenter comme un programme de rééchelonnement généralisé : des temporalités, des territoires, des institutions, des attitudes…

La décroissance est bien affaire de diminutions. Une déclinaison de la décroissance est donc une manière concrète de décroître dans un domaine particulier.

Décroissance : L’ensemble des mesures démocratiques qui organisent la vie sociale pour que nous repassions sous les plafonds de l’insoutenabilité écologique, en planifiant la décrue de l’ensemble de la chaîne économique : extraction – production – consommation – excrétion (les déchets).

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