Par « régime de croissance » nous pointons la plus grande extension[1] imaginable de l’emprise que la « croissance »[2] peut exercer sur toutes les facettes de la vie humaine, autrement dit sur le monde entier. Autrement dit, la « croissance » ce n’est pas seulement la croissance économique, ce n’est pas seulement un « monde », c’est aussi un « régime ».
Pour maintenir son rythme de croisière, la croissance et son monde s’alimentent à trois puissants moteurs : le beaucoup, le vite et le nouveau[3].
Il n’est pas difficile d’en déduire – et de constater – que cette emprise n’est possible qu’à condition que ces trois moteurs exercent leur puissance autant du côté du régime de croissance que du côté de ceux qui prétendent s’y opposer[4]. Car autrement, l’emprise ne serait pas si totale qu’elle l’est en réalité.
Le projet politique de la MCD est ambitieux
Et voilà le défi : comment échapper à cette emprise ?
Et voilà le pari : que seule une politique de décroissance peut relever ce défi.
- Pas de décroissance sans une décroissance politiquement engagée.
- Pas de décroissance politique sans refondation théorique radicale.
- Pas de théorie politique radicale sans défense d’une théorie du sens.
Ce sont ces trois conditions – de la politique, de la théorie, du sens – que la MCD[5] prétend remplir pour relever le défi d’une sortie du régime de croissance. A ne pas remplir l’une d’entre elles, ce que l’on risque d’obtenir c’est un régime de croissance sans croissance. On ne peut rien imaginer de pire !
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Sans attendre, peut-on déjà expliciter ce que nous pourrions imaginer de mieux ?
- Que la décroissance reprenne le flambeau d’un corpus politique d’analyses et de propositions qui se donne pour objectif explicite de quitter « cette société <qui> ne sait plus rien des activités plus hautes et plus enrichissantes pour lesquelles il vaudrait la peine de gagner [la] liberté »[6]. Ces activités, pour Hannah Arendt, sont ce qu’elle nomme « œuvre » et surtout « action », ces activités qui construisent un « monde » et une « Cité » et qui dépassent le « travail ».
- Que cette politique de la décroissance reprenne un travail idéologique de refondation radicale de ce que « politisation » veut dire et surtout de ce qu’on peut et doit attendre d’une Grande politique[7].
- Que cette politique radicale rompe enfin avec la thèse politique de la « neutralité institutionnelle » et assume de réorienter toute proposition politique en direction de « la question sans doute la plus importante pour nous autres humains : qu’est-ce qu’une vie bonne – et pourquoi nous fait-elle défaut ? »[8].
Politiser la décroissance, ré-idéologiser la politique, repolitiser la question du sens.
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Une courte histoire politique de la décroissance en France
Un survol historique rapide de la décroissance (en France) pourrait se découper en 4 périodes. 1) La préhistoire des « précurseurs ». 2) Une protohistoire[9] qui va des discussions autour du rapport Meadows (1971) jusqu’à la création au début des années 2000 d’un journal – La Décroissance (2004) – et d’une revue – Entropia[10] (2006), en passant par la publication d’un recueil de textes de Nicholas Georgescu-Roegen sous le titre La décroissance (1979) et du numéro 280 de la revue S!lence consacré à la décroissance[11] (février 2002). 3) Une première période historique caractérisée par une définition assez explicite de la décroissance comme une « réduction équitable de la production et de la consommation qui accroît le bien-être humain et améliore les conditions écologiques au niveau local et mondial, à court et à long terme »[12] et qui trouve sa définition la plus aboutie dans le récent ouvrage de Timothée Parrique : « Une réduction de la production et de la consommation, pour alléger l’empreinte écologique, planifiée démocratiquement, dans un esprit de justice sociale, et dans le souci de la qualité de vie »[13].
Avec la MCD, nous faisons le pari qu’une seconde période historique a commencé. Avant de dire laquelle, voyons pourquoi ? Parce que ce court survol peut être interprété comme celui d’une politisation de plus en plus affirmée de la décroissance.
- Pour la MCD, cette politisation passe par une focalisation temporelle de plus en plus explicite vers une définition de la décroissance comme « trajet », trajet clairement distingué du « rejet » et du « projet ».
- Là où pendant sa protohistoire, la décroissance n’est pas distinguée de l’objection de croissance, la définition de la décroissance comme « réduction » ou comme « décrue » s’inscrit déjà clairement dans la reconnaissance que, les plafonds de l’insoutenabilité écologique étant dépassés, il ne s’agit pas seulement d’arrêter la croissance mais bien de décroître au sens le plus explicite du terme, de réduire démocratiquement la voilure de l’économie, de bout en bout de la chaîne (de l’extraction à l’excrétion, en passant par la production et la consommation).
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1. Pas de décroissance sans une décroissance politiquement engagée
Pour autant, cette voie politique de la décroissance n’est pas acquise d’avance : et c’est pourquoi il ne faut pas en rester à la définition de la décroissance comme « réduction ». Évoquons quelques-unes des chicanes qui ne facilitent pas la circulation sur cette voie :
- Les premiers partisans (les plus) visibles de la décroissance semblent s’être souvent acharnés à s’opposer à ce que la décroissance reçoive une définition spontanée et explicite. Il ne faudrait surtout pas dire que la décroissance est le contraire de la croissance ; même si la décrue économique devra durer plus de deux trimestres consécutifs, il ne faudrait surtout pas dire que la décroissance sera économiquement une récession[14].
- Toute tentative de penser une définition politique commune de la décroissance a d’emblée été dézinguée sous les coups de boutoir du « mot-obus », et de la décroissance comme « slogan » d’une nébuleuse dont l’hétérogénéité devait être la force alors qu’elle n’en est que la faiblesse.
- Pire, si l’on valide l’analyse de Fabrice Flipo des cinq sources théoriques de la décroissance[15], écologiste, bioéconomiste, anthropologique, démocratique et spirituelle, il est facile de voir à quel point la « dispersion » des arguments est un facteur décisif d’affaiblissement politique. Surtout si l’on en reste au seul enregistrement que « la mouvance décroissante n’ait pas formé un courant politique homogène », sans laisser même entrevoir comment cette dispersion pourrait être dissipée. Pourtant, si l’on range (même) grossièrement ces cinq sources entre deux rivières – la physicaliste et la culturaliste – il n’est pas difficile de voir que la seconde pourrait être d’une grande fécondité politique alors que la première semble par essence bien peu politique puisque, au fond, tout argument physicaliste tend à se leurrer en faisant glisser fallacieusement la nécessité des arguments physicalistes au service d’une décroissance qui serait politiquement « inéluctable » ou « inévitable » !
- Pire encore, si le déni de la politique en restait au registre du regret ce serait un moindre mal ; mais, tout au contraire, l’hétérogénéité politique de la décroissance est souvent présentée comme une « mosaïque » dont il faudrait se féliciter. Alors qu’il ne peut y avoir d’expression des singularités qu’à partir d’un fond commun, encore aujourd’hui beaucoup de décroissants continuent de vanter – plus ou moins consciemment – un commun qui serait le dénominateur commun de particularités juxtaposés (comme si une langue faisait sens en additionnant des mots, comme si une maison pouvait se réduire au tas des briques qui la composent !).
D’où aujourd’hui, un facteur massif d’invisibilisation politique de la décroissance dans ses inventaires d’initiatives ; ou dans ses recueils « collectifs » de contributions de « personnalités » ou de « penseurs » de la décroissance sans qu’à aucun moment ne soit interrogé quel pourrait être leur fond politique commun[16].
Tant que la décroissance en restera à une « décroissance-parapluie », sous lequel pourront s’abriter toutes les hétérogénéités tant des activismes que des expertismes, alors il y aura des chances que tout percée médiatique de la décroissance ne fasse écran – au double sens du spectacle et de l’obstacle – à une visibilité politique de la décroissance.
Renfermée dans sa niche, dans laquelle elle peut se raconter – telle la grenouille qui se prend pour un bœuf, pour reprendre la vieille mise en garde de Paul Ariès – qu’elle est en train de gagner la bataille culturelle, la décroissance pourra se mentir que politiquement elle avance. Mais, en réalité, une telle décroissance ne se pose pas la question politique de l’acceptabilité car elle préfère s’aveugler de la faisabilité et de la désirabilité de ses propositions ; ah oui, mais alors comment rendre acceptable le trajet de la décroissance à tou.te.s celles et ceux qui ne la jugent pas désirable et à qui, démocratiquement, il sera impossible de la leur faire faire ?
2. Pas de décroissance politique acceptable sans refondation théorique radicale
Selon la MCD, la faiblesse politique de la décroissance provient d’une faiblesse d’abord théorique, en particulier sur ce que « commun » peut vouloir dire : les effets d’une certaine paresse intellectuelle porte sur les propositions, mais aussi sur toutes les manières de discuter et de fabriquer ensemble du commun idéologique.
Disons d’emblée qu’une telle faiblesse conceptuelle est déterminante surtout si on finit par définir politiquement la décroissance, pour sa dernière période historique, comme un « communisme sans croissance »[17].
Car en face, en particulier dans le camp du néolibéralisme, un effort de refondation idéologique a été accompli et la révolution néolibérale a d’abord résulté de quelques dizaines d’années de discussions. Comme l’a très bien montré Serge Audier[18], les conditions de leur succès ont été triples : d’abord a) un accord de fond sur ce que liberté au sens libéral veut dire, ensuite b) des débats (presque) sans interdits dans la controverse et la dispute ; c) Leur conception de fond sur la liberté doit se décliner en éléments de langage, en propositions au moment de proposer des solutions à des « problèmes ».
Voilà pourquoi aujourd’hui la MCD défend a) la dé-couverte du noyau politique commun de la décroissance[19] et b) la reconnaissance de la vertu de la conflictualité[20]. Et qu’elle espère que ces deux premières conditions déboucheront sur des propositions de solutions assez radicales pour sortir du régime de croissance.
A quelles (premières) conditions une telle fondation politique est-elle envisageable ?
- Les contresens politiques sur le commun se manifestent particulièrement dès qu’il s’agit de retrouver une « sensibilité à l’historique » (l’expression est de Claude Lefort). La confusion conceptuelle entre les stratégies (les modalités des actions de résistance) et les scénarios (les anticipations des effets des actions de résistance) nourrit tout particulièrement l’emprise que la fable de l’essaimage – qui n’est que la variante cool de la fable des abeilles – exerce sur tant de partisans de la décroissance : prise de conscience → expérimentation → préfiguration → exemplarité → essaimage → masse critique → bifurcation[21].
- Quant à la critique de cette fable colibriste, la MCD a produit depuis quelques années tout une série d’analyses et de critiques, rassemblées sur son site : critiques de l’individualisme, des fables de la préfiguration et de la bifurcation, de la vie en société… Aujourd’hui, la MCD apprécie particulièrement les critiques roboratives que l’Atelier Paysan adresse à cette fable[22].
- Mais il ne suffit pas de déconstruire et de critiquer des fables, il faut aussi ouvrir des pistes de reconstruction :
- Comment penser des discussions ouvertes tout en partageant un fond politique commun ? La MCD propose la répartition suivante : placer le commun dans un noyau, et les discussions dans des rayons convergents (mais qui peuvent pourtant être diamétralement opposés).
- Comment rassembler des initiatives et des analyses sans tomber dans un inventaire systématique qui a pour effet de cacher sous le tapis les zones de conflictualités et les frottements ? La MCD explore depuis quelques temps le projet d’une « cartographie systémique » pour permettre à toute proposition de se situer à l’aide de coordonnées le long de trajectoires qui seraient principalement celles des territoires, de la temporalité, des rapports aux institutions et des « conduites » (en incluant aussi les questions de taille, les degrés de politisation et les rapports à la technique)[23].
- Une telle cartographie systémique permettrait de visualiser, ou au moins d’imaginer, ce que serait une Grande politique digne d’une décroissance, en opposition politique radicale au régime de croissance. Car chaque proposition y serait d’emblée coordonnée à d’autres propositions dans un espace politique partagé.
- Pour éviter que la systémicité ne tombe dans l’inventaire de la systématicité, il serait important que la fabrique théorique d’une décroissance idéologique ne procède ni par l’agglutination (des alternatives horizontalement juxtaposées) ni par l’expertise (des universitaires et des académiques qui ne considèrent le plus souvent la décroissance qu’en observateurs politiques, comme si leurs petits gestes du quotidien pouvaient suffire à leur valider un brevet de décroissance !).
Et au bout de ces pistes de reconstruction (de la) politique – radicalité, conflictualité et systémicité –, que peut-on en attendre, qu’est-il permis d’espérer ?
L’ambition politique qui porte la MCD ne met-elle pas la barre trop haute ? Comment en effet ne pas ignorer que la politisation de la décroissance et la théorisation de cette politique constituent d’ores et déjà des « chanvirements »[24] :
- Car cette politisation s’oppose à tous ces partisans de la décroissance qui la proclament « inéluctable » alors, qu’en vérité, il ne peut y avoir de politique que s’il y a choix politique, démocratique (et c’est ce choix démocratique qui pourra empêcher que la « récession » de la décroissance ne soit une « dépression »).
- Car cette politisation de la décroissance consiste bien à placer le pivot de toute proposition ni dans le rejet ni dans le projet mais dans le trajet.
- Car cette politisation de la décroissance sera impossible sans une théorisation de la politique : ce qui revient à prendre le contrepied et de ceux qui se racontent que les petits matins – la politique des petits gestes, la Petite politique – amèneront une transition en douceur et de ceux qui croient que la seule conflictualité mobilisatrice serait la convergence des luttes, des peurs ou des colères. Pour la MCD, la première des conflictualités qu’il faut chérir est celle des discussions, des disputes conceptuelles et des controverses.
Il y a donc là toute une série de tensions qui refusent les dualismes simplificateurs. C’est pourquoi avant d’en venir à la troisième des conditions d’une sortie réussie du régime de croissance, il n’est pas inutile de ramener l’ambition politique de la MCD à une certaine modestie historique. En tant que transition, la décroissance se trouve dans cette position intermédiaire qui était précisément celle du socialisme et qui faisait dire à André Gorz que le socialisme durera tant que le capitalisme ne sera pas abattu[25]. Idem, la décroissance ne disparaîtra qu’avec l’objet de sa critique.
Il faut alors que la décroissance comme projet politique se répète sans cesse les leçons à tirer des échecs de toutes les variantes ayant réellement existé du socialisme, en particulier celle-ci : que les transformations, qu’elles soient transitions ou révolutions, ni ne se prédisent ni ne se provoquent.
Mais elles se préparent : politiquement, théoriquement, pour saisir ces fenêtres d’opportunités pendant lesquelles, sur un temps bref, un peuple peut se saisir de son auto-institution[26].
Une décroissance politique ne se livrera donc pas aux discours des prophètes ou des magiciens, mais se fondera sur les activités tant idéologiques que pratiques des « militants-chercheurs »[27]. Et en quoi peuvent consister ces activités ? A préparer des réponses, des solutions aux problèmes que la pratique politique ne peut pas ne pas rencontrer. Il ne s’agit pas de conceptualiser pour conceptualiser, mais d’enclencher des processus de résolution des « conflictualités », et pour cela des distinctions conceptuelles, des définitions sont toujours des préalables pour des discussions : repérer le problème, le définir, le discuter.
Reste néanmoins une dernière difficulté politique, et c’est la plus redoutable.
3. Pas de théorie politique radicale sans défense d’une théorie du sens.
C’est la plus redoutable parce qu’elle repose sur le constat que toutes les réflexions précédentes renvoient in fine à tout une série de valeurs qui peuvent s’opposer, terme à terme, à cet autre série de valeurs qui seraient celles du régime de croissance.
Cette opposition politique, valeurs contre valeurs, n’est-elle pas une bonne nouvelle puisqu’elle permettrait de circonscrire les termes d’un débat ?
Non.
Parce que ce débat ne se déroule – pour le moment ? – que dans une arène dont les règles et les procédures constituent l’essence même du régime de croissance[28]. Autrement dit, défendre des valeurs décroissantes ne se fait que dans une enceinte qui se trouve renforcée et consolidées précisément par les critiques qui s’y déroulent.
Quelle est cette « enceinte » ? C’est celle d’une « forme », celle de l’horizontalisme.
« La croissance n’est pas une valeur en soi de notre société, mais en quelque sorte le résultat fatal de la forme horizontale de ses institutions. Elle n’est pas le résultat d’un investissement culturel opéré par des puissances maléfiques. Elle découle directement de la libération des particules élémentaires décrétée par l’horizontalisme : une fois « désolidarisés » de la société, les individus sont naturellement amenés à s’engager sur la voie de la croissance, en raison du sentiment de précarité accru par l’isolement. »
Onofrio Romano, Towards a Society of Degrowth, Routledge (2020), page 91.
« Il faut donc déplacer la lutte pour une société de décroissance des valeurs à la « forme », en abandonnant la dévotion au cadre horizontal. C’est la seule façon d’atteindre un régime souverain qui pourrait assurer la reproduction des ressources renouvelables et la préservation des ressources non renouvelables, en garantissant un type de vie sociale libérée de l’obsession de la croissance. Cela sera impossible si nous restons enfermés dans le cadre politique et social de l’horizontalité. »
Ibid., page 93.
En quoi cette forme horizontale constitue-t-elle la pente fatale qui fait glisser toute critique contre la croissance dans le giron du régime de croissance ?
Les sociétés modernes, les sociétés libérales[29] de la sortie de la religion (Marcel Gauchet) et du désenchantement (Max Weber), revendiquent – au nom de la liberté individuelle et de l’« éthique des droits » (Mark Hunyadi) – de ne plus partager une conception commune de la vie bonne. A chacun sa « conception globale du bien » (John Rawls).
Harmut Rosa en tire une imparable conséquence : « L’impératif éthique qui guide les sujets modernes n’est pas une définition particulière ou substantielle de la bonne vie, mais l’aspiration à acquérir les ressources nécessaires ou utiles pour la mener »[30]. Bien vivre, c’est alors se développer personnellement, acquérir pour soi les « techniques » et les « ressources » pour devenir riche, en meilleure santé, plus séduisant, avoir plus d’amis, augmenter sa mémoire… Bref, ne pas rater le coach…
C’est ainsi que le régime de croissance – et là il s’agit autant de croissance économique que de développement personnel – se veut « neutre » quant aux conceptions privées de la vie bonne. « La seule fonction de la politique est de préserver ou même de cultiver la vie « biologique » des citoyens, ainsi que la régulation administrative de leur libre circulation. La « croissance » n’est donc rien d’autre que le résultat et la traduction du principe moderne de la neutralité institutionnelle »[31].
Cette forme horizontale procède donc d’une double neutralisation[32] : a) il s’agit de neutraliser toute Grande politique en en faisant un choix privé, de prétendre neutraliser toute ingérence institutionnelle dans les conceptions individuelles d’une vie sensée ; b) au nom de l’équivalence généralisée prônée par l’horizontalisme, toutes les opinions deviennent équivalentes (ce qui n’interdit pas la condescendance des « expertises »).
Le péril est donc le suivant : non pas que les partisans libéraux de la croissance affichent une telle neutralité (même si ce n’est qu’un leurre quand on comprend le destin illibéral de tout libéralisme) mais que les critiques de la croissance ne s’aperçoivent pas que la plupart de leurs propres critiques restent tributaires de cette tyrannie de l’horizontalisme, de ce despotisme de la forme horizontale[33].
Repérer les dispositifs au service de l’emprise de l’horizontalisme comme des procédures de dépolitisation et de déthéorisation permet d’envisager la voie pour sortir du régime de croissance : si le régime de croissance repose sur l’affichage d’une indifférence à la question de la vie bonne (pour l’enfermer dans la sphère privée) alors une critique radicale-cohérente d’un tel régime devra reposer sur la réintroduction affichée de la question du sens de la vie individuelle dans la sphère de la vie politique.
- Les écueils surgissent immédiatement : cette reprise politique de la question du sens de la vie signifie-t-elle un retour dans la religion (car c’est bien la « sortie de la religion » qui a permis l’émergence du régime de croissance) ou pire une justification d’un verticalisme politique anti-démocratique ? Comment réenchanter la politique ?
- Jusqu’à quel point une politisation de la question du sens doit-elle répéter les grandes questions spirituelles : du sens du monde, du sens de la société, du sens de la vie individuelle ?
C’est donc bien un programme de recherche politique qui s’ouvre devant la MCD.
- Pas de décroissance sans politique.
- Pas de politique sans théorie.
- Pas de théorie sans théorie du sens
Il n’est pas construit d’avance mais il est quand même déjà quelque peu repéré.
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Le noyau idéologique de la décroissance
Ce que depuis quelques années la MCD présente comme le « noyau idéologique » d’une décroissance commune peut parfaitement être maintenant interprété comme les prémisses d’une théorie politique du sens.
D’une façon générale, ce qu’une mouvance politique doit attendre de son noyau[34] idéologique, c’est de fournir une définition claire (quoi ?), un fondement juste (pourquoi ?), (au moins) un objectif désirable (vers quoi ?) et un mobile acceptable (comment ?).
C’est ce noyau idéologique qui constitue la voix de la MCD dans ce que nous appelons la voie « méditerranéenne » de la décroissance :
- Existe déjà l’expression de « voie catalane » de la décroissance[35] : « la réorganisation de la société mise en lumière par les théoriciens « catalans » de la décroissance se construit autour de trois axes : les limites, le care, les dépenses (ce dernier faisant référence au concept de « dépense » tel qu’il est développé chez Georges Bataille) ».
- Mais plutôt que d’en rester à une « voie catalane », nous préférons que la MCD se reconnaisse dans une « voie « méditerranéenne »» de la décroissance, englobant ainsi l’arc sud-européen : la France, l’Italie d’Onofrio Romano, la Grèce de Giorgos Kallis et bien entendu le pôle barcelonais, sans oublier le « Sud global ».
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Alors, en quoi consiste cette voix de la MCD dans la voie « méditerranéenne » de la décroissance ?
Définition → La décroissance, c’est l’opposition politique à la croissance
- Il faut partir de la définition la plus intuitive de la décroissance (et non pas casser d’emblée les élans spontanés de ceux qui refusent la croissance et son monde).
- Si la décroissance est l’opposée de la croissance, c’est en tant qu’opposition politique.
- Cette opposition durera tant que le régime de croissance ne sera pas démantelé : la décroissance est stricto sensu une transition, un trajet, une « époque » (car il ne s’agit pas de décroître pour décroître).
Fondement → Une politique d’autolimitation
- Toute discussion sur les limites devrait commencer par un travail définitionnel[36] pour cesser de confondre entre limite franchissable (une « borne ») et infranchissable (une « limite » au sens strict), entre limite (pris au sens large) franchissable irréversible (un « cran ») et limite franchissable réversible (une « frontière »)…
- C’est seulement à partir d’une telle clarification que l’on pourrait faire remarquer que si toutes les limites ne sont pas des constructions sociales[37] néanmoins toutes les limitations franchissables le sont : pas de décroissance sans un Éloge des limites[38] (Giorgos Kallis).Mais une politique d’autolimitation doit d’emblée se dédoubler en plancher / plafond pour définir tout Commun à l’intérieur d’un « espace écologique » [39] : au-delà du plafond et en-deçà du plancher, on est dans le « hors du commun ». Le commun se situe entre plancher et plafond[40].
- Au moment d’articuler politiquement entre limites écologiques, politiques et sociales, et pour ne pas tomber dans un déterminisme impolitique, il est fécond de s’appuyer sur ce que nous appelons depuis des années le principe du « quand bien même », qui est une expérience de pensée, de décolonisation de son imaginaire[41].
Objectif → Une politique de la vie sociale
- Qui voit dans tout Commun à la fois un préalable et un objectif[43] : le commun précède la diversité, la coexistence précède l’existence, la société précède les individus[44]…
- Cette notion de « vie sociale »[42] comme « plateforme » de toute vie humaine est d’une plus grande extension que celle de care. Elle permet surtout de justifier une critique radicale de l’économisme : non, « en dernière instance », il n’y a pas la sphère de la production économique mais il y a la sphère de la reproduction sociale. L’objectif politique de la décroissance ne peut pas ne pas être intrinsèquement un féminisme[45],[46].
- C’est ainsi que le sens de l’action politique est de préserver, de conserver et d’entretenir les conditions de la vie humaine et sociale : c’est en ce sens que les décroissants sont des « conservateurs ». Si le progrès[47] repose sur la croyance que tout « sens comme direction » vaut « sens comme signification », alors la décroissance procède d’un renversement : c’est le sens qui doit donner la direction. Voilà pourquoi la décroissance comme politique refondée théoriquement doit s’appuyer sur une théorie politique du sens.
Mobile → Une économie politique de la dépense
- L’économie politique de la décroissance doit être une économie de l’abondance[48] et non pas de la rareté.
- Cette économie politique doit donc partir du point de vue de ce que Gorge Bataille nomme « économie générale » [49].Cette économie générale (ou politique) sera mobilisatrice parce qu’elle proposera un renversement politique dans la distribution des surplus : non seulement la vie sociale sera réorientée vers une politique de la dépense[50], mais surtout il faudra renverser le couple infernal du gaspillage et du luxe : Puisque « même dans une société de sujets frugaux dotée d’un métabolisme réduit, il y aura toujours un excédent, qui devra être dépensé si l’on veut éviter de réactiver la croissance », alors « le binôme sobriété personnelle/dépense sociale doit remplacer le binôme austérité sociale/excès individuel ». Voilà la question politique propre à éviter aux décroissant.e.s toute rechute dans l’individualisme : « Il nous faut réfléchir aux institutions qui seront responsables de la socialisation de la dépense improductive et des manières dont les surplus en circulation seront limités et épuisés » [51].
- Quant à la « part servile » de la production, elle sera réorientée vers la satisfaction des biens « de première nécessité » (y compris donc la culture), et se concrétisera dans des politiques de services publics et de gratuités[52]…
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La MCD n’est pas une université (et elle préfère l’érudition à l’expertise), elle prétend néanmoins avoir alimenté depuis des années un corpus politique d’analyses, de définitions et de propositions qu’elle se réjouit de partager, pour rejoindre le courant « méditerranéen « sudiste » de la décroissance.
S’il fallait dégager une idée directrice de ce travail, ce serait la conviction que seule une critique radicale de l’individualisme – et donc de « l’institution imaginaire de l’individu moderne » – peut dégager la route d’une décroissance comme humanisme d’une vie sensée.
[1] Pour prendre au sérieux cette extension, il faut reprendre la thèse qu’Onofrio Romano argumente dans Towards a Society of Degrowth, Routledge, 2020 : « Notre thèse est que la décroissance s’avère inefficace (du point de vue intellectuel et politique), parce que, au-delà de la compétition sur les « valeurs », elle repose sur la même « forme » qui encadre le régime de croissance. Une évolution vers la décroissance est peu probable si nous ne repensons pas radicalement la dimension formelle-institutionnelle du projet », page 83. La croissance (pour la croissance) n’est pas une « valeur » et c’est se tromper de cible politique que de croire qu’à l’issue d’un conflit des valeurs, celles de la décroissance devraient l’emporter. Car la forme horizontale est indifférente à toute valeur et c’est exactement pour cette raison qu’elle peut aussi bien s’accommoder de celle du capitalisme dominant que de celles prônées dans nos « alternatives ». Une des questions politiques revient alors à se demander ce que cet horizontalisme fournit en commun tant à un système qu’à sa critique, c’est : « l’institution imaginaire de l’individu », dispositif anthropologique qui se met en place historiquement corrélativement avec l’affaiblissement et la dégradation de la « vie sociale » en « vie en société », le désenchantement du monde » (Max Weber), la « sortie de la religion » (Marcel Gauchet), « l’empire <libéral> du moindre mal » (Jean-Claude Michéa)…
[2] Cette extension de la « croissance » se veut le plus possible à l’opposé de toutes les tentations de réduire la croissance à une seule de ses modalités : économique, énergétique, matérielle, démographique…
[3] Référence à ce qu’Hartmut Rosa nomme « modernité tardive ». « Une société est moderne si elle n’est en mesure de se stabiliser que de manière dynamique » (Harmut Rosa, Rendre le monde indisponible, La Découverte, 2020 [2018], pages 16-17. « Autrement dit lorsqu’elle est systématiquement tributaire de la croissance, de la densification de l’innovation et de l’accélération pour conserver et reproduire sa structure. Accélération, croissance et densification de l’innovation désignent respectivement une dimension temporelle, matérielle et sociale d’un seul et même processus de dynamisation », Harmut Rosa, Résonance, La Découverte, 2018 [2016], page 466. Les trois moteurs de cette « stabilisation dynamique » sont donc le beaucoup (pour la croissance économique), le vite (pour l’accélération sociale) et le nouveau (pour l’innovation technologique).
[4] Du côté de ceux qui affirment contester le système, le beaucoup se décline en « faire nombre », ou en « convergence » (des luttes, des colères…) ou en « unitude » (« tous ensemble, tous ensemble »…) ; le vite se décline en « urgence » ; et le nouveau se décline en « préfiguration », « bifurcation », « rupture », « an 01 ».
[5] La Maison Commune de la Décroissance, association française fondée en 2017 et dont l’objectif est de dégager un corpus commun d’analyses, de définitions et de propositions pour la décroissance et la post-croissance, https://ladecroissance.xyz/. Nous organisons depuis des années des rencontres en été, les (f)estives et nous avons publié l’an dernier un livre collectif, La décroissance et ses déclinaisons, Utopia, 2022.
[6] Il y a plus de soixante ans, devant les « progrès » de l’automatisation, Hannah Arendt prédisait que « c’est une société de travailleurs que l’on va délivrer des chaînes du travail, et cette société ne sait plus rien des activités plus hautes et plus enrichissantes pour lesquelles il vaudrait la peine de gagner cette liberté. Dans cette société qui est égalitaire, car c’est ainsi que le travail fait vivre ensemble les hommes, il ne reste plus de classe, plus d’aristocratie politique ou spirituelle, qui puisse provoquer une restauration des autres facultés de l’homme. (…) Ce que nous avons devant nous, c’est la perspective d’une société de travailleurs sans travail, c’est-à-dire privés de la seule activité qui leur reste. On ne peut rien imaginer de pire ». Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne, Calmann-Lévy, coll. « Agora », 2002 [1958], pages 37-38.
[7] Référence à ce que Mark Hunyadi nomme « Grande éthique » et qu’il a opposé à une « Petite éthique » (dans La tyrannie des modes de vie, Le bord de l’eau, 2015) pour désigner l’éthique moderne des droits et des libertés individuels. Aujourd’hui, il parle plutôt d’éthique des droits (Mark Hunyadi, Le second âge de l’individu, PUF, 2023, note 1 page 26). Ces expressions se nourrissent du débat moderne sur l’éthique entre maximalistes et minimalistes : voir en particulier les stimulants essais du regretté Ruwen Ogien.
[8] Harmut Rosa, Aliénation et accélération, vers une théorie critique de la modernité tardive, La Découverte, 2012 [2010], Introduction.
[9] L’article de Fabrice Flipo dans le Corpus de l’Encyclopaedia Universalis fournit un bon survol de ces débuts protohistoriques, https://www.universalis.fr/encyclopedie/decroissance/.
[10] http://www.entropia-la-revue.org/spip.php?rubrique28
[11] https://www.revuesilence.net/numeros/280-La-decroissance/
[12] François Schneider, Giorgos Kallis, Joan Martinez-Alier, « Crisis or opportunity? Economic degrowth for social equity and ecological sustainability. Introduction to this special issue », Journal of Cleaner Production, Volume 18, Issue 6, 2010, Pages 511-518, https://doi.org/10.1016/j.jclepro.2010.01.014, https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S09596
[13] Timothée Parrique, Ralentir ou périr, Seuil (2022), chapitre 6.
[14] Michel Lepesant, https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/09/24/la-decroissance-sera-certes-une-recession-mais-elle-ne-sera-pas-une-depression_6095899_3232.html.
[15] Fabrice Flipo, Les cinq sources de la décroissance, Implications Philosophiques, 2015. http://www.implications-philosophiques.org/les-cinq-sources-de-la-decroissance/
[16] C’est contre une telle « personnalisation » de la pensée politique décroissante que je défends la figure du décroissant en tant que « militant-chercheur » dans lequel je vois plus une méthode qu’un archétype. Michel Lepesant, « Portrait du décroissant en militant-chercheur », Mondes en décroissance [En ligne], 1 | 2023, mis en ligne le 21 avril 2023, consulté le 24 août 2023. URL : http://revues-msh.uca.fr/revue-opcd/index.php?id=218.
[17] Il y a un article dont le titre est prometteur de G. Kallis et T. Parrique, La décroissance : le socialisme sans la croissance (https://www.terrestres.org/2021/02/18/la-decroissance-le-socialisme-sans-la-croissance/) mais le contenu est plutôt décevant. Pour un communisme réaccordé à la notion de « Commun », il faut lire avec attention le chapitre 2 de Pierre Dardot et Christian Laval, Commun, La Découverte, 2014, chapitre consacré à rappeler « le communisme contre le commun ».
[18] Serge Audier, Néo-libéralisme(s), une archéologie intellectuelle, Grasset, 2012.
[19] Lire en particulier la présentation de la MCD à la fin de notre ouvrage collectif, La décroissance et ses déclinaisons, Utopia, 2022, page 188. « Dé-couverte » et non pas « invention » : ce noyau existe déjà mais il est recouvert ; il ne s’agit donc pas de partir de zéro pour inventer du commun, mais il s’agit de creuser profond pour dé-couvrir le commun qui est la plateforme sur laquelle peuvent ensuite émerger la diversité et la pluralité.
[20] Sur le site de la MCD, un dossier est en cours : https://ladecroissance.xyz/les-dossiers-de-la-mcd/dossier-conflictualite/.
[21] Pour une critique plus avancée, voir la troisième partie de mon intervention lors du colloque canadien organisé en mai 2023 par Polémos : https://decroissances.ouvaton.org/2023/05/12/construire-politique-decroissance/#C_Il_faut_resister_a_la_tentation_d%E2%80%99escamoter_le_trajet_de_la_decroissance.
[22] Atelier Paysan, Reprendre la terre aux machines, seuil, 2021. En particulier le chapitre 4. Lors des (f)estives de 2023, un « arpentage » de ce chapitre a pu montrer à quelques points leur jugement contre « l’apolitisme assourdissant » des « transitions » a encore beaucoup de mal a être reçu.
[23] Cette « cartographie systémique » qui se veut un prolongement politique de la « cartographie systématique » (proposée par Nick Fitzpatrick, Timothée Parrique, Inês Cosme, « Exploring degrowth policy proposals: a systematic mapping with thematic synthesis », Journal of Cleaner Production, Volume 365 (2022), Article 132764, 10.1016/j.jclepro.2022.132764) sera présentée dans le prochain numéro de la revue de l’OPCD, Mondes en décroissance.
[24] Sur mon blog : https://decroissances.ouvaton.org/2022/09/06/quels-chanvirements-comme-perspectives-pour-la-decroissance/
[25] Michel Lepesant, « La décroissance en tant que socialisme », in Paul Ariès (dir.), Décroissance ou récession, Parangon, 2011, pages 27-34.
[26] Cornelius Castoriadis, Une société à la dérive, Paris, Seuil-Essais, 2005, page 229. Définition de la révolution : « l’autotransformation explicite de la société, condensée en un temps bref ».
[27] L’activité principale du militant-chercheur est de résoudre les « problèmes » rencontrés dans les expérimentations sociales. Sa méthode est l’enquête (John Dewey), et la plupart de ses solutions consiste à co-construire des distinctions conceptuelles, car ce sont ces distinctions qui permettent la plupart du temps l’ajustement des projets aux réalités, et réciproquement. La « forme » de cette activité tente d’échapper à la dualité de l’horizontalité et de la verticalité top-down par une verticalité bottom-up, ce que j’ai appelé la production de « savoirs remontants ». Sur mon blog, mon intervention à l’IRI du regretté Bernard Stiegler : https://decroissances.ouvaton.org/2022/05/05/les-monnaies-locales-complementaires-et-citoyennes-mlcc-du-point-de-vue-des-savoirs-remontants/.
[28] Pour davantage de précision conceptuelle sur le « régime de croissance », sur le site de la MCD : https://ladecroissance.xyz/2023/01/24/regime-de-croissance/.
[29] Pour une critique cohérente, donc radicale, du libéralisme, on peut lire les ouvrages de Jean-Claude Michéa.
[30] Hartmut Rosa, « Dynamic Stabilization, the Triple A. Approach to the Good Life, and the Resonance Conception », Questions de communication, 2017/1 (n° 31), p. 437-456. URL : https://www.cairn.info/revue-questions-de-communication-2017-1-page-437.htm, §17.
[31] Onofrio Romano, Towards a Society of Degrowth, Routledge (2020), page 22.
[32] Pour davantage de précision conceptuelle sur ces notions de neutre, neutralité et neutralisation, sur mon blog : https://decroissances.ouvaton.org/2023/01/06/les-mensonges-de-la-neutralite/.
[33] Sur les multiples effets de cet horizontalisme au sein même de la mouvance décroissante, voir le point B.2.2 de mon intervention au colloque Polémos.
[34] Dès 2016, nous avons collectivement réfléchi aux éléments constitutifs d’un tel noyau : https://ladecroissance.xyz/2016/11/11/noyau-philosophique/.
[35] Emanuele Leonardi, « Décroissance et marxisme, la voie catalane », https://www.terrestres.org/2021/01/06/decroissance-et-marxisme-la-voie-catalane/. Autant la seconde partie du texte sur une convergence entre décroissance et néo-opéraïsme nous semble quelque peu weird, autant la présentation de la voie catalane nous a ravis.
[36] Sur le site de la MCD : https://ladecroissance.xyz/2019/02/17/la-notion-de-limite-et-lenjeu-de-la-liberte/
[37] « Autrement dit, les limites ne sont pas naturelles, mais socialement construites, fruit d’une société de croissance qui ne cesse de les rapprocher en tentant vainement de les repousser », résume très bien Baptiste Mylondo dans son introduction d’un prochain livre consacré aux Limites sociales de la croissance.
[38] Sur mon blog : https://decroissances.ouvaton.org/2023/07/31/il-faut-lire-eloge-des-limites-de-giorgos-kallis/
[39] Sur mon blog : https://decroissances.ouvaton.org/2016/07/01/la-notion-despace-ecologique-une-force-politique/
[40] Conceptuellement et donc politiquement, cette notion d’espace écologique nous semble d’une bien plus grande fécondité que sa déclinaison défendue par Kate Raworth sous le nom de « donut ». Yves-Marie Abraham pointe avec beaucoup de pertinence les limites politiques de cette théorie du donut : https://polemos-decroissance.org/beigne-perdu/.
[41] Sur le site de la MCD : https://ladecroissance.xyz/2019/06/09/quand-bien-meme/.
[42] Sur le site de la MCD : https://ladecroissance.xyz/2022/10/15/ou-a-lieu-la-vie-sociale/
[43] Sur mon blog : https://ladecroissance.xyz/2022/10/15/ou-a-lieu-la-vie-sociale/
[44] Sur le site de la MCD, un corpus de textes : https://ladecroissance.xyz/2022/10/15/la-decroissancecomme-socialisme-de-la-vie-sociale-corpus/
[45] Sur le site de la MCD : https://ladecroissance.xyz/2020/07/11/feminisme-pour-les-99-un-manifeste/.
[46] Sur mon blog : https://decroissances.ouvaton.org/2020/10/18/feminisme-et-decroissance/.
[47] Sur mon blog : https://decroissances.ouvaton.org/2022/03/13/la-decroissance-est-elle-anti-progres/.
[48] Sur le site de la MCD : https://ladecroissance.xyz/2021/03/17/abondance/
[49] Sur mon blog : https://decroissances.ouvaton.org/2017/08/12/jai-relu-la-part-maudite-de-georges-bataille/
[50] Onofrio Romano, article « Dépense (notion de) » dans le Vocabulaire de la décroissance, Le passager clandestin, 2015.
[51] Giacomo d’Alisa, Federico Demaria, Giorgos Kallis, Vocabulaire de la décroissance, Le passager clandestin, 2015, Épilogue.
[52] Sur mon blog : https://decroissances.ouvaton.org/2019/09/04/linconditionnel-et-le-gratuit/