Décroissance et pacifisme

A la MCD, nous défendons l’idée que la mouvance décroissante dans sa diversité repose sur un noyau idéologique commun dans lequel nous trouvons des politiques d’autolimitation, de la vie sociale et de la dépense. Cette position politique est quelquefois caricaturée comme une forme de dogmatisme ; à quoi nous répondons a) qu’il ne s’agit pas de nier qu’il y ait des variations dans la décroissance mais que nous n’arrivons pas à imaginer des variations sans invariant ; b) que cette image d’un cadre est associée à celle de rayons émergeant de ce noyau ; mieux, ces rayons peuvent même être diamétralement opposés, ils peuvent quand même constituer des trajectoires de décroissance.

C’est là que nous nous posons en ce moment la question du pacifisme : bien sûr à cause des guerres de colonisation dont l’Ukraine et la Palestine sont aujourd’hui les victimes. Comment ne pas faire un « deux poids, deux mesures » ? Comment condamner inconditionnellement toute agression d’un État contre un peuple, agression caractérisée sans aucune ambigüité par le mépris de frontières internationalement définies ?

Il est facile de montrer que l’exigence de la paix peut se déduire du noyau de la décroissance : parce qu’il n’y a de paix que dans l’autolimitation et que l’illimistisme est une forme de violence, parce que la vie sociale ne peut s’entretenir que dans et par la paix, parce qu’une politique socialisée de la dépense est précisément une forme de canalisation sociale de la violence.

Mais de quelle paix va-t-il s’agir ? Juste de la paix ou de la paix juste 1 ?

Dans le premier cas, la paix signifie juste la fin des hostilités : mais de quels types d’hostilité s’agit-il alors ? Dans le second cas, la paix suppose un jugement de valeur à double face, bénéfique pour l’agressé, punitif pour l’agresseur.

La difficulté redouble quand on se rappelle la critique marxiste dirigée contre la simple déclaration de droits formels : car c’est bien beau de proclamer une valeur et de crier « paix, paix » en sautant comme un cabri, mais si les conditions matérielles et juridiques de réalisation ne sont pas garanties, alors il n’y a là qu’abstraction, bourgeoise, c’est-à-dire une loi du plus fort déguisée en moralisme.

La difficulté triple quand on rappelle que dans ces questions internationales de « guerre et paix », il n’y a pas d’arbitre. Dans un sport collectif, c’est l’arbitre qui décide s’il y a faute ou non, s’il y a but ou non. Et dans ce cas, comme il vaut mieux un mauvais arbitre que pas d’arbitre du tout, alors la paix ne va pas dépendre d’un arbitre juste, mais juste d’un arbitre.

Mais la guerre n’est pas un sport collectif, c’est un rapport de forces.

Et un rapport de forces, ce n’est pas simplement un rapport matériel entre des forces matériellement définies, c’est un affrontement entre les forces des moyens  matériels et les forces de l’idéal.

En tant que décroissants, c’est donc la paix juste que nous défendons.

Méfions-nous alors de ces pacifistes hémiplégiques qui crient si fort leur désir de « paix à tout prix » qu’ils oublient que ce prix est payé par des humain.e.s. Car dans ce cas, ils ne défendent ni la décroissance ni le pacifisme.

Heureusement, le pacifisme a suffisamment de profondeur historique et théorique pour ne pas être inquiété par ce genre de diversion et d’appropriation usurpatoire. Mais ce n’est pas le cas pour la décroissance qui n’a pas cette profondeur, ni historique ni théorique ; surtout quand elle est aujourd’hui parasitée, pour des raisons électoralistes, par des fumées révisionnistes et complotistes.


Les notes et références
  1. Référence à un Propos du philosophe Alain, du 18 avril 1923 et qui commence par : « Où donc la justice ? »[]
Partagez sur :

3 commentaires

  1. Cher Jacky,
    vous venez de poster un nouveau message (le 29 mars) que nous ne publierons pas. Voici pourquoi.
    Le tolérable se situe entre un plancher et un plafond : on peut tolérer ce que l’on accepte pas, parce qu’on n’est pas d’accord. L’acceptable est le plancher du tolérable. Mais le tolérable a un plafond et quand on le franchit on bascule dans l’intolérable et là on ne peut plus discuter.
    Votre premier message n’était pas acceptable mais tolérable : il a donc été publié et nous vous avons répondu en vous demandant quelques réponses à des questions précises.
    Votre nouveau message n’est ni acceptable, ni tolérable : il ne sera donc pas publié.
    D’abord parce qu’il nous exposerait à des poursuites judiciaires à cause des insinuations qu’il contient ; ensuite parce les délires complotistes sur l’État profond sont « indiscutables » au sens de « on ne peut pas en discuter ». Enfin, parce que vous ne répondez à aucune des questions que nous vous proposions de discuter. Vous ne voulez pas discuter, dont acte !
    Nous rajoutons que ces deux messages vous ont permis de tester la capacité de la MCD à tolérer la contradiction : oui mais dans certaines limites.

    Et encore un nouveau message (le 30 mars) que nous ne publierons pas davantage. Un peu avec un certain regret car il est un parfait témoignage d’un complotisme revendiqué, assumé et décomplexé. Malheureusement, il n’y a dans ce cas qu’une habileté rhétorique, une certaine plume, mais sur le fond, c’est néant, nada ! Bon courage dans votre combat car cela vous promet de beaux jours !

  2. Cher Jacky,
    nous publions votre réponse même si elle n’est pas « au niveau » de ce que pourrait être une discussion ou une controverse (si d’autres commentaires arrivent dans le même style, pour éviter tout effet de meute, nous nous priverons de les publier).
    Le problème n’est pas que vous vous vantiez de façon allusive d’être un multi-fondateur, c’est qu’à part des attaques ad hominem et quelques confidences sur votre « accablement », votre commentaire ne nous dit rien de ce que pourraient être vos réponses – et vos arguments » – aux questions posées par le texte.

    • Êtes-vous pour une « paix juste » ou « juste pour la paix » ? Parce que dans ce dernier cas, si la paix est « injuste », comment allez-vous le justifier ?
    • Concrètement, pour les deux cas évoqués – celui de la Palestine et celui de l’Ukraine, dites-nous clairement, sans chichi, si ce que vous appelez « paix », c’est l’arrêt actuel des combats ? Et si oui, dites-nous explicitement ce que vous proposez pour la suite : a) la concession des territoires aux occupants et dans ce cas votre pacifisme, c’est la loi du plus fort ; OU BIEN b) la rétrocession des territoires occupés et dans ce cas dites-nous par quels moyens vous allez forcer des agresseurs qui s’appuient sur des rapports de force à céder à une simple injonction verbale ou morale ?

    Et si vous voulez monter en généralités – se mettre à la hauteur d’une défense justifiée de la paix – nous serions aussi fort intéressés de connaître vos réponses à d’autres questions :

        1- Quel droit de résistance pouvons-nous reconnaître aux peuples palestiniens et ukrainiens ? Ce droit de résistance peut-il être soutenu par d’autres ou se résume-t-il à se défendre tout seul ?
        2- Par-delà un « soutien » plus proclamé qu’effectif, de quels moyens un idéal pacifiste doit-il disposer pour se réaliser ?

    Voilà le genre de questions qui peuvent nourrir une controverse, et échapper aux facilités de la polémique ! Car la paix mérite mieux qu’une simple indignation, elle mérite de la cohérence… Et ça commence par la discussion, et par un partage des arguments et des contre-arguments…

  3. Tu es un infâme complice décérébré des monstrueux fléaux que tu dénonces mon pauvre Michel.
    Je suis de la partie depuis plus longtemps que toi, j’ai été un des fondateurs de la décroissance en France et un des fondateurs d’une des plus importantes association pacifiste. Je n’aurais jamais imaginer lire des propos aussi abjectes, venant de quelqu’un qui se dit « décroissant » qui plus est.
    C’est à cause de gens comme toi – que je connais assez bien – que l’humanité s’apprête à vivre ses plus sombres heures. A cause d’intellos de pacotilles comme toi – prétendument « philosophe », mon Dieu – qui ne sont que de vulgaires relayeurs du crimes organisé, par lâcheté, bêtise et.. paresse honteuse. Incapable de s’informer correctement sur le monde, Monsieur débite ses états d’âme comme il pisserait dans la gourde des enfants dont il aurait la charge.
    Je suis accablé par cette pseudo gauche écolo, cet écolo-socialisme ou socio-écologisme (peut importe : c’est du pareil au même), cette vieille garde de taupes, corrompus, demeurés, perchée sur le cloché de leurs idéologies fétides qui ont permis de donner naissance au néo-écologisme, faux-nez de tous les adversaires du vivant sur Terre.
    Si le monde peut être sauvé, il le sera à l’encontre de toi et de tous ceux qui, comme toi, œuvre à la haine de tout.
    Citation au hasard :
    « Reprendre sans recul la rhétorique complotiste covid-dénialiste du site reinfocovid, dont le nom lui-même est pire qu’un clin d’œil appuyé à cet ancêtre du complotisme post-moderne qu’a été Re-Info 9/11, est-ce ce bientôt se placer sur cette trajectoire aujourd’hui bien identifiée qui fraye avec le climato-dénialo-climatisme : là, pour des gens qui se prétendent décroissants, il faudra oser ! »
    Tu as osé..

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.