Parmi les auteurs ayant publié dans la collection Polémos de la maison d’édition montréalaise Écosociété, quelques-uns, comme Rodolphe Christin, Alain Deneault ou Pierre Madelin, l’ont fait plusieurs fois, ce qui est aussi le cas d’Olivier Ducharme. Après avoir porté un regard critique à l’encontre de mécanismes d’aide sociale, l’auteur s’attèle aujourd’hui à remettre en question la voiture.
Déjà fait et déjà vu précédemment par Bernard Charbonneau, Ivan Illich, Paul Goodman ou Andy Singer ? Peu importe ! C’est à juste titre et au moment opportun de la conversion forcée à l’électricité de la flotte automobile (et de l’ensemble des véhicules roulants), sous couvert de « transition écologique », qu’Olivier Ducharme intervient. Pour clarifier le propos, Olivier Ducharme emploie lui aussi le terme de « transition écologique », mais sous sa plume, la notion est plus radicale (et décroissante) que celle fournie par la clique de politiciens, la nuée de technocrates et autres experts autoproclamés en greenwashing.
L’auteur de Ville contre automobile, en plus d’écorner les « écogestes » citoyennos-citoyennistes, ne se contente pas de critiquer les excès de l’industrie automobile ou de dénoncer son récent verdissement simultané à son électrification puisqu’il s’en prend à la voiture en tant que telle, quelque-soit son carburant (même l’hydrogène), ou qu’elle soit supposée être « zéro émission ». La voiture, initialement objet de la classe bourgeoise, dont le déploiement a chassé les pauvres de ses quartiers d’habitation et influence les urbanistes dans leurs choix de réaménagement urbain. Objet qui a aussi colonisé l’imaginaire de tout un chacun à l’aide de la publicité, elle aussi égratignée dans ce livre.
En partant de la situation québécoise, s’il oublie de s’en prendre à l’industrie nucléaire absente de ce territoire mais toujours présente au Canada et hélas primordiale ailleurs dans le monde, l’auteur pointe néanmoins avec vigueur les travers de la démagogie politicienne, les saccages causés par la production d’hydro-électricité et de lithium (nécessaire aux batteries de véhicules), s’ancre dans le présent en s’appuyant à plusieurs reprises sur des luttes anti-automobiles passées. Le tout accompagné d’illustrations qui arracheront au lectorat quelques sourires.
Enfin, plutôt que d’avancer l’idée, certes enviable mais caricaturale, de l’abolition immédiate, unilatérale et définitive du moteur à explosion, Olivier Ducharme suggère de limiter drastiquement, dans les métropoles et grandes villes, l’emprise des voitures mono-passager pour laisser la place aux véhicules des services publics et minimums, et évidemment, aux transports en commun. Ceci afin de redonner l’espace urbain aux piétons.
Olivier Ducharme.
Villes contre automobile. Redonner l’espace urbain aux piétons.
Écosociété – 2021
ISBN : 978-2-89719-678-3
197 pages – 14 euros