Le 1er juillet 2021, le Conseil d’Etat condamne l’Etat français pour inaction climatique…
Le 1er février 2024, Gabriel ATTAL annonce la « mise en pause » du plan Écophyto, programme de réduction des pesticides, objectif sans cesse repoussé dans ses versions successives entre 2008 et 2024.
Précédemment, sur nos routes.
Dès le 23 janvier, des files de poids lourds encombrent les rues des villages, les routes de campagne… elles se déversent tel un trop plein, sur tous les lieux où s’impose leur démesure. L’occasion de nous représenter la densité du flux autoroutier qui sévit sur les voies des absurdes chassés-croisés nord/sud et inversement, au-delà des frontières, dans le cadre du toujours plus et plus vite du monde de la croissance. Car l’origine de tout ce déplacement de trafic se situe sur les autoroutes où s’installent des barrages mis en place par des agricultrices et des agriculteurs de divers syndicats agricoles revendiquant la fin des « normes » imposées par Bruxelles, dénonçant la concurrence libre et non faussée avec les pays des différents traités de libre-échange.
Ultérieurement à Matignon. 10 jours plus tard.
Gabriel Attal cède aux revendications du syndicat agricole majoritaire, en particulier sur les normes et les pesticides, signant par là même la radicalisation d’un productivisme même au pied du mur climatique.
Pour quels résultats ? En tout cas, « le gouvernement ose se défendre de tout recul sur l’écologie ».
- Auraient dû être incontournables des mesures 1. garantissant des prix planchers aux agriculteurs pour éviter la vente à perte de leur production, 2. encadrant les marges indécentes de l’agro-industrie, car Matignon ne répond pas aux revendications majeures des agriculteurs : une rémunération décente.
- Auraient dû être incontournables des mesures de régulation des échanges commerciaux tant au niveau des autres pays européens grâce à des droits de douane, qu’au niveau des pays hors/UE en stoppant les traités de « libéral-échange » qui tuent à petit feu notre agriculture.
- Aurait dû être incontournable une certaine pédagogie (dont raffole pourtant la Macronie, quand il s’agit d’expliquer les retraites) : certes, il faut réduire drastiquement la bureaucratie qui étouffe la profession, mais les normes environnementales ne sont pas des nuisances, elles visent une agriculture plus saine et protectrice de la biodiversité de l’écosystème, branche sur laquelle nous sommes assis.es.
Au lieu de cela, la porte-parole du gouvernement a parlé d’ »écologie punitive » !
Et la colère contre les « normes » a porté ses fruits pour la toute-puissante organisation agro-productiviste : l’ »économie punitive » qui étrangle nos agriculteurs a encore de beaux jours !
Soulignons aussi la prise de position spontanément avancée par la présidente de la Coordination rurale : « Nous ne voulons pas la décroissance ! ». Pourtant dans le cas des agriculteurs, n’est-ce pas la croissance qui est subie ?
Triste ironie du sort, le 2 février, après l’annonce sur la pause du plan Écophyto, des légumes vendus dans des supermarchés Leclerc ont fait l’objet d’un rappel ! Pour cause de dépassement des limites autorisées de pesticides.
Amitiés décroissantes,
La Maison commune de la décroissance