Sortir de la croissance-puissance

L’année 2023 qui vient de s’achever aura été, d’un point de vue décroissant, plutôt catastrophique. Les catastrophes naturelles se seront multipliées plus que jamais et notre mémoire collective n’aura jamais été aussi prompte à les oublier. L’inflation, qui ne peut ultimement être résolue que par une augmentation de l’offre, et donc de la croissance, a continué à plonger de larges pans de la population mondiale dans une abjecte pauvreté et a même mené à l’élection d’un gouvernement d’extrême-droite ultralibérale en Argentine.

L’autre sujet marquant de 2023 est l’invasion de la bande de Gaza par Israël et le soutien indéfectible de ses alliés malgré sa barbarie. Le gouvernement d’Israël penchait de plus en plus vers l’extrême droite, souvent au désarroi de ses alliés qui lui en faisait régulièrement reproche – plus en privé qu’en public – avant les terribles attaques du Hamas du 7 octobre dernier : ces voix ne se font plus entendre alors que son armée est lourdement impliquée dans la mort de plus de 22 000 gazaouis en seulement 3 mois (selon les chiffres avancés par Euro-Mediterranean Human Rights Monitor).

Bien sûr, la question de la légitimité des actions posées par Israël afin de se défendre contre des attaques peut être débattue longtemps, mais en tant que décroissant.es, ce n’est pas ce qui devrait nous intéresser le plus. En effet, il nous semble plus opportun de réfléchir aux appuis de nos Etats libéraux à cette opération militaire malgré le fait qu’elle ne respecte pas les valeurs et principes chers à la démocratie, ne serait-ce qu’au niveau des droits humains que l’on disait universels. Ce clash gruge la légitimité des régimes démocratiques, mais on sait très bien que ces appuis n’ont qu’une seule visée : le maintien de la puissance de ces États par un jeu d’alliances stratégiques.

Ce jeu risqué de déviation des principes fondamentaux de nos États par nos gouvernements est exactement le même que celui qui est fait concernant le sujet des changements climatiques : la conservation de la puissance relative des nations est choisie au détriment de tout le reste, incluant la vie. Les pertes de légitimité ne peuvent être comblées par des campagnes de communication. Nos gouvernements croient être placés devant un choix cornélien : soit ils abandonnent la course à la puissance au nom de leurs valeurs fondamentales et ainsi, deviennent vulnérables à des États agressifs à leur égard, soit ils abandonnent leurs principes et ils continuent leur quête de puissance absolue. Ce dernier choix a cependant des conséquences : il mène directement au renversement des démocraties par des gouvernements autoritaires qui seront plus à même d’imposer ce choix à des populations réfractaires. C’est l’un des scénarios, celui du « business as usual », renforcé par l’affaiblissement de la démocratie, qui semble plausible pour le futur de nos sociétés. 

Or, un autre choix existe : celui de la sortie de la croissance-puissance, celui de la décroissance politique ! La décroissance, c’est l’espoir. Profitons de cette année pour la faire résonner tout autour de nous !

 Amitiés internationales

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