Nous partageons ci-dessous une campagne de la Confédération paysanne qui veut « donner l’alerte » contre l’extension de l’influence des idées de l’extrême-droite :
- Nous partageons d’autant plus cette « alerte » que malheureusement, pour certains, la frontière entre l’extrême-droite et la décroissance ne constitue pas une « ligne rouge ».
- Il y a quelques années, certains d’entre nous avaient participé à un ouvrage collectif : Notre décroissance n’est pas de droite. Pourquoi ne pas le rééditer en partie en lui adjoignant de nouvelles contributions mais surtout en modifiant son titre : Notre décroissance n’est ni de droite ni d’extrême-droite 1.
- Qu’est-ce que nous reprochons à l’extrême-droite (ED) ?
- Formellement, une rhétorique où les attaques de personne, les bons (?) mots et les amalgames tiennent lieu d’argumentation. Nous laissons chacun.e documenter cette affirmation mais nous refusons de faire la moindre publicité en donnant explicitement les références et les liens.
- Sur le fond, qu’est-ce qu’être d’extrême-droite ? La réponse ne paraît pas évidente pour au moins 2 raisons : a) quand on regarde les partis officiels de l’ED, ils sont les champions du camouflage et du caméléon et surtout ils sont passés maîtres dans l’art de retourner leur veste ; b) dans les plus petites structures, aussi groupusculaires soient-elles, des individus d’ED savent les intégrer en abusant d’une faiblesse formelle de beaucoup de ces structures : non seulement le manque de « personnel » fait que toute aide semble a priori toujours bonne à prendre mais surtout beaucoup de groupuscules « critiques » sont seulement réactifs et au lieu de s’attaquer intellectuellement et théoriquement aux causes, ils préfèrent se réchauffer en partageant la dénonciation des seuls effets.
- Mais alors l’ED a-t-elle un fond commun ? Oui et c’est que montre parfaitement le sociologue Félicien Faury qui vient de publier Des électeurs ordinaires. Enquête sur la normalisation de l’extrême droite (Seuil, 240 pages, 21,50 euros), fruit de sa thèse et d’une enquête de terrain réalisée dans le sud-est de la France entre 2016 et 2022. Ce fond commun c’est le racisme, le racisme ordinaire. Être d’ED, c’est accorder le primat à la question identitaire qui voie tous les problèmes au travers d’un seul filtre = l’immigration, avec la même solution matricielle = l’entre-soi (dont la « rémigration » n’est qu’un moyen).
- C’est ce dernier point qui suggère une piste pour expliquer que certains groupuscules décroissants peuvent se laisser infiltrer par des individus d’ED. Surtout, comme le montre très bien ce dossier, quand cet entre-soi se pare des vertus de l’agriculture familiale et paysanne, d’une souveraineté alimentaire (malheureusement plus brune que rouge)…
Alors en attendant une éventuelle publication, nous pouvons lire avec grand intérêt ce dossier de la Conf’. Dont voici la première phrase : « Le discours raciste se répand ». Entièrement d’accord avec ce point de départ : contre l’extrême-droite, il faut sonner l’alerte.
---------------Notes et références
- Dont les nouvelles entrées pourraient être : souveraineté et sécurité alimentaire ; quelle agriculture paysanne et familiale…[↩]