Dévendeur, déconsommation, décroissance

A la veille du Black Friday, orgie consumériste ritualisée, et juste avant l’ouverture de la COP28 à Dubaï, une réjouissante campagne de communication de l’Agence de la transition écologique (ADEME) est venue semer la zizanie en mettant en scène des « dévendeurs ». Elle a suscité la colère des fédérations de commerce, prêtent à envisager une action en justice contre cette institution publique. Bruno Le Maire, Ministre de l’Economie bien marri, les soutient, en bon gardien du cap politique macronien avec la croissance pour boussole.

Christophe Béchu, Ministre de la Transition écologique, a rappelé que consacrer 0,2% du temps d’antenne publicitaire à se demander si tous les achats sont utiles ne semble pas déraisonnable compte-tenu des enjeux de la transition écologique. Il concède seulement « une maladresse » en n’ayant pas visé plutôt les plateformes d’achat en ligne.

Ce qui est cocasse, c’est qu’Olivier Véran a quelques jours plus tard affirmé « qu’on est passé de 20 à 80% du territoire couvert en fibre débit numérique. […] au fin fond de la France vous pouvez quand même regarder Netflix et commander sur Amazon par exemple ». Le porte-parole du gouvernement en flagrant délit de publicité pour Netflix et Amazon, ces parangons de la croissance et son monde, colonisateurs d’imaginaires et générateurs d’habitudes de vie délétères !

La croissance peut continuer de tourner à plein régime, ça n’est pas les spots de dévendage qui l’arrêteront. Parce que la croissance, encore plus qu’un monde, est un « régime ». Ce régime est « neutraliste » ou « horizontaliste » : cela veut dire que, in fine, il est indifférent aux valeurs, et que, pour lui, toutes les valeurs sont équivalentes. Voilà pourquoi ce qui nous semble être une cacophonie gouvernementale n’est en réalité que l’expression ultime de l’emprise de la croissance sur la vie politique française. Voilà pourquoi, nous décroissant-es, nous ne devons pas nous contenter de mener un combat contre les valeurs du régime de croissance, mais aussi sur ses formes, l’horizontalisme et le relativisme. 

Malgré tout, toute notre gratitude va au Dévendeur de l’ADEME dont le blason résonne avec la « déconsommation », la dixième des seize déclinaisons politiques de la décroissance que nous avions identifié dans « La décroissance et ses déclinaisons. Pour sortir des clichés et des généralités », livre que nous vous invitons à relire ou à faire découvrir en le prêtant ou en l’offrant !

Amitiés déconsommatrices, 

Partagez sur :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.