Pour une retraite inconditionnelle

Dans les cortèges contre la réforme des retraites, il n’est pas rare de trouver ce slogan, souvent sur des pancartes, parfois repris en cœur par les manifestant-es : « Des retraites de ministres pour tous ! » A la première lecture, on est non seulement amusé-es mais ravi-es par la proposition : elle met en lumière l’injustice de voir nos vies organisées par des personnes qui n’auront, elles, jamais à subir les conséquences des choix politiques qu’elles font, puisque leur richesse et leur position sociale les mettent à l’abri de tout.

Et puis en y réfléchissant sérieusement, surtout si l’on est décroissant-e, on se rend compte que ce n’est, ni socialement ni écologiquement souhaitable de tous-tes avoir une retraite de ministre. Nous le savons, ce sont les modes de vie des riches qui détruisent la planète, et ceux des ministres, qui n’hésitent pas à monter dans un jet privé pour aller voter ou se rendre à une conférence sur la biodiversité, sont « exemplaires » à ce sujet. Si nous refusons la misère, qu’accroissent ces réformes « dites sociales », nous ne sommes pas des fervent-es défenseur-es de la richesse, au nom de notre préférence pour la pauvreté choisie (ou simplicité volontaire). La misère, c’est quand on manque du nécessaire. La richesse, c’est d’avoir le nécessaire ET le superflu. Et la pauvreté, c’est le nécessaire, SANS le superflu. C’est dans ce troisième espace que se situent les décroissant-es, le seul espace possible pour vivre en commun.

Et de fait, c’est ailleurs que réside le véritable intérêt du slogan : celui de mettre le doigt sur la question politique que l’on devrait poser à chaque fois qu’il est question de réformer les retraites : pourquoi ne pourrions-nous pas toutes et tous avoir la même pension ? Faut-il réellement maintenir à la retraite les inégalités de revenus antérieures ? Est-il juste qu’un ministre qui n’exerce plus ses fonctions perçoive plus qu’une auxiliaire de vie qui ne travaille plus non plus ? Au lieu de voir la retraite comme la prolongation d’une vie sacrifiée au travail, faisons-en une période de rupture radicale avec celui-ci : le montant de la pension ne doit plus dépendre du temps de « travail », et il doit être le même pour toutes et tous. C’est pourquoi nous défendons une retraite inconditionnelle d’un montant unique.

Partagez sur :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.