Une série de 10 entretiens enregistrés par Sofian Achabe le samedi 23 janvier 2021. Michel Lepesant, fondateur de la MCD répond aux questions de William De Witte.
Propos #1 : Sur la différence entre décroissance et objection de croissance
- Dans quel cas et pourquoi est-il pertinent de distinguer la décroissance de l’objection de croissance ? (0:00)
- Trois époques de critique de la croissance : objection de croissance, décroissance et effondrement : (4:02)
- La (fausse ?) question de la décroissance démographique : (9:27)
- La « décroissance » reste-t-elle limitée à la critique de la croissance économique : (12:21)
- la fausse échappatoire de la décroissance sélective
- la croissance économique produit une société de croissance
- la décroissance est une philosophie générale
- Les décroissances du rejet, du projet et du trajet : (21:02)
Propos #2 : L’idéologie de la croissance et ses origines
- La croissance n’est pas qu’un « monde », c’est aussi une idéologie (0:00)
- L’idéologie comme mystification
- L’idéologie comme imaginaire social (intégration, légitimation et mystification)
- Depuis les temps modernes, la croissance est l’idéologie de la bourgeoisie (5:20)
- La croissance est à elle-même sa propre fin (croître pour croître) (13:10)
- La sortie de la religion
- L’individualisation des fins privées (ou la privatisation des fins individuelles)
- La décroissance est juste une parenthèse (16:17)
- Pas de décroissance pour décroître
- Pour une décroissance sereine, conviviale, démocratique
Propos #3 : Transition écologique ou trajet de décroissance ?
- Le problème politique de ce que peut être une transition (0:00)
- Le problème du « changement » dans l’exemple des MLC (monnaies locales complémentaires)
- Les décroissants veulent changer la société du changement
- Tout changement est un entrelacs de continuité et de rupture
- Le problème du « changement » dans l’exemple des MLC (monnaies locales complémentaires)
- Les décroissants sont des conservateurs (3:55)
- sortir d’un monde tout en voulant le conserver
- sortir d’un monde tout en voulant le conserver
- On ne peut partir d’un monde qu’à partir de ce monde (6:41)
- Fausse transformation 1 : le faux-départ (tout changer pour ne rien changer)
- Fausse transformation 2 : la fable du grand Soir (tout changer pour ne rien conserver)
- Fausse transformation 3 : la fable des petits matins (10:13)
- Les décroissants et les « alternatives concrètes »
- Utilité (éthique) et insuffisance (politique) de ces expérimentations minoritaires
- Les décroissants doivent porter un projet désirable (13:13)
- L’espoir comme croyance et l’espoir comme désir
- Un projet totalement politique et pas seulement une politique des confettis
Propos # 4 : Le commun de la Maison commune de la décroissance
- Pourquoi la MCD s’appelle-t-elle « Maison commune » ? (0:00)
- La MCD est née d’un « processus » qui faisait le constat de l’invisibilité de la décroissance
- Le commun de la MCD n’est pas un pôle d’attraction mais un pôle de diffusion
- La MCD est née d’un « processus » qui faisait le constat de l’invisibilité de la décroissance
- La MCD propose un fonds commun idéologique (2:21)
- La question des élections
- Les 3 pieds politiques de la décroissance : les alternatives concrètes, la visibilité politique classique, le travail de la théorie
- Le pied de la théorie est aujourd’hui le plus fragile : c’est lui qu’il faut consolider
- Ce fonds commun idéologique repose sur un noyau idéologique (15:03)
- Pour faire du commun, pourquoi a-t-on besoin d’un noyau et pas simplement d’un plus petit dénominateur ?
- Ce qu’est un noyau, avec des rayons qui peuvent être diamétralement opposés
- Les 4 conditions d’une discussion réussie : une définition claire, un fondement juste, un objectif désirable, un mobile engageant
- Le noyau idéologique proposé par la MCD (24:13)
- Une définition claire : la décroissance ≠ l’objection de croissance
- Un fondement juste : le goût pour les limites
- Un objectif désirable : une vie humaine revenue à une échelle humaine, la vie sociale (critique radicale de l’individualisme)
- Un mobile engageant : l’exercice spirituel du « même si »
Propos # 5 : Pour un décroissant, les limites ne sont pas des contraintes
- La conception libérale de la liberté (0:00)
- Une conception de « propriétaire »
- Être libre, ce serait (s’af-)franchir des limites
- Les décroissants définissent des limites hautes (plafonds) et basses (planchers) (2:21)
- La notion d’espace écologique
- Le plancher du nécessaire et le plafond du superflu
- En-deçà du plancher ou au-delà du plafond : hors du commun
- Entre plancher et plafond : le commun
- La conception sociale de la liberté (7:58)
- La conception libérale de la liberté est individualiste et concurrentielle
- La conception décroissante est coopérativiste et partageuse
- Être libre pour et avec (les autres) ≠ Être libre contre et sans (les autres)
Propos # 6 : La décroissance est un socialisme sans croissance
- La question écologique comprise socialement (0:00)
- Les inégalités globales mesurées par l’empreinte écologique
- Passer du binôme austérité collective/excès individuels au binôme sobriété personnelle/dépense collective (3:11)
- Penser les surplus dans une économie définie non par la rareté mais par l’abondance
- Dépenser les surplus : qui, comment ?
- La décroissance comme socialisme du 21ème siècle (9:37)
- Le socialisme (au sens originel) versus l’individualisme
- L’individualisme n’est pas une psychologie individuelle mais une conception (erronée) de la société
- Vie en société ≠ Vie sociale
- Société et Nature sont des communs préalables (17:03)
- La conception coopérativiste de la société
- Vouloir que les conditions écologiques et sociales soient des objectifs politiques
Propos # 7 : Territoire, institutions & violence
- La question de la violence est une « question difficile » (0:00)
- Parce que la violence ne naît pas des individus mais entre les individus
- Parce que, même dans une société post-décroissance, il y aura encore de la violence
- Avant de prétendre résoudre cette question de la violence, repérons deux axes d’intervention
- Repérage 1 de la violence suivant l’axe des territoires (4:56)
- Critique de la métropolisation (la territorialisation dans une logique de croissance)
- L’écueil des « communautés terribles »
- Les échelons de l’interdépendance territoriale : commune, bassin de vie, biorégion, …
- Repérage 2 de la violence suivant l’axe des institutions (10:04)
- Objectif : anticiper la violence pour qu’elle ne soit pas socialement désintégratrice (et donc individualisante)
- Toute vie sociale suppose une « organisation », et donc des « règles »
- Remise en cause de de l’administration (et des fonctionnaires)
Propos # 8 : Pour une critique radicale du travaillisme
- Dans une société post-décroissance, on ne « travaille » plus, on s’active (0:00)
- Pourquoi accepter de « travailler » ? Le salaire et le choix
- 4 espèces d’activité : bénévolat, esclavage, métier et… travail
- Le « travail » n’est pas un invariant anthropologique et transhistorique (6:52)
- La mystification bourgeoise en faveur du travail
- Travail et Capital sont les 2 faces d’une même valorisation pour la valorisation
- Aliénations du travail comme du non-travail : une histoire de fous
- Juger une société sur la répartition des tâches pénibles (12:26)
- Pour une réorganisation sociale des activités
- Les activités de la reproduction sociale
- Principe de rotation et droit à l’inefficacité : l’exemple exemplaire du nettoyage
Propos # 9 : La décroissance est un féminisme
- Pourquoi ne peut-on pas être décroissant sans lutter contre le patriarcat ? (0:00)
- Parce que la décroissance est un socialisme de la vie sociale qui rompt avec le socialisme économiciste
- Parce que ce socialisme de la vie sociale veut inverser la domination de la sphère de la production marchande sur la sphère de la reproduction sociale
- Parce que dans le patriarcat, ce sont les femmes qui sont assignées à la sphère de la reproduction sociale
- Parce que cette sphère de la reproduction sociale n’est pas une sphère « inférieure » (même si elle est « infériorisée ») mais la base de la vie sociale
- Les voies de l’émancipation féministe (10:49)
- Critique de la voie « travailliste », celle du « rattrapage » par le travail : la double peine
- C’est aux hommes de rattraper (les femmes dans) la sphère de la reproduction sociale (et non pas aux femmes de rattraper les hommes dans la sphère marchande)
- Qu’aucune différence ne soit une inégalité