Arrêtez de caricaturer le revenu inconditionnel

Reporterre a repris une tribune de son partenaire Silence posant des questions critiques sur l’idée du revenu de base. D’où cette réponse, mi-courroucée, mi-ironique. Le débat continue.

L’interrogation : parmi les nombreuses propositions/revendications avancées par les décroissants, pourquoi celle du revenu inconditionnel (RI) subit-elle plus que toutes les autres des accusations infondées, approximatives. Qu’est-ce qui fait du RI la cible privilégiée des « tirs amis » ? Pourquoi tant d’amalgames, d’à-peu-près, de caricatures ? Y aurait-il dans le RI un impensé si tabou qu’il irriterait à ce point ceux qui, dans d’autres domaines, ne cessent d’appeler à la bienveillance, le partage, la discussion ?

Le défi : je m’engage à écrire un « regard critique » sur n’importe laquelle des autres revendications que portent les décroissants : la relocalisation, les monnaies locales, les potagers en ville, les éoliennes, les circuits-courts, la souveraineté alimentaire, les ceintures vivrières…

Mais à une condition : de reprendre, en copiant-collant, la rhétorique qui constitue le seul argumentaire de l’article qui est le motif de mon courroux ironique et taquin.

  • Prendre un exemple dans le pays de mon choix et prétendre qu’il faut le généraliser, sans tenir compte de la différence de niveau de vie (car c’est ainsi que le RI semble étiqueté à 2000 € mensuel : nous serions tous des Helvètes !).
  • Dans un encadré, placer une définition qui d’emblée fonde un contresens. Là où le RI défend la reconnaissance de l’utilité de toutes les activités – hormis les illicites – l’article prétend que le RI serait versé « indépendamment d’une activité » !
  • Ne faire qu’une seule référence à peu près précise et la placer dans l’unique note de l’article. Autrement dit, surtout ne pas tenir compte qu’il peut exister des divergences plus que fortes entre les propositions et tout mélanger dans les sophismes du gloubi-boulga. Et faire bien attention à ce que cette seule référence ne manque pas de signaler que la proposition a « aussi » été défendue par des ultra-libéraux, des capitalistes, des productivistes…
  • Ajouter un encadré pour se contenter d’évoquer « d’autres critiques » et en particulier ce que deviendrait la dite proposition « en cas de dictature » (Amis amapiens qui allaient de temps en temps aider à la récolte des patates ou des haricots verts, attention, car « en cas de dictature », c’est le retour aux champs à la mode cambodgienne !).
  • Si la proposition « critiquée » est du côté de la « production », je ferai semblant de croire que ses défenseurs ignorent qu’en aval il y a une « consommation ». Et réciproquement, si la proposition « critiquée » est du côté de la « consommation », je ferai mine de croire que ses partisans ignorent qu’en amont, il y a une « production ».
  • Et si, de mauvaise foi certainement, ils ne tombent dans aucune de ces caricatures, je pourrai toujours leur reprocher « d’escamoter » les « choix politiques » sous-jacents à leur proposition.
  • Après ces fausses critiques non discutées, je «  résumerai » au plus vite mon apparente critique en la concentrant autour d’accusations si « énormes » que devant tant de calomnie chacun sera convaincu qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Car, et là la boursouflure en devient comique, l’article adresse trois critiques à la proposition du RI (je rappelle que l’article n’a pourtant pas manqué de rappeler que beaucoup de décroissants en étaient pourtant les partisans – Je ne sais pas quels décroissants l’auteure de l’article fréquente !) : le RI favoriserait le « pillage de la planète », ferait la promotion de l’esclavage et générerait un écocide ! Pas moins ! Sans voix !
  • Je ne manquerai pas de suggérer quelques réponses à des objections, histoire de bien faire passer ses défenseurs pour des inconséquents ; ce qui devrait m’éviter de les avoir lus.
  • Enfin, je ne manquerai pas de fournir, gratuitement, un conseil comme si je venais de l’inventer (pour le RI, l’article a la bonté de nous signaler que les partisans du RI feraient mieux de s’occuper des inégalités et nous suggère la piste d’un « revenu maximal d’existence »).

La totalité de l’article ne devra pas dépasser 4500 signes (espaces compris) ; ce qui me permettra toujours de justifier, faute de place, mes approximations et mes faux-procès d’intention.


Source : Courriel à Reporterre.

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