Déclaration politique d’intention

En France (au moins), la MCD se donne pour mission « idéologique » de faire franchir à la décroissance un cap « politique ».

Cette mission repose sur une reconsidération de l’inscription de nos actions – de nos résistances – dans l’histoire :

  • D’un côté, plus question de penser la liberté comme arrachement à la nature 1, comme « délivrance » 2 mais pour autant la décroissance doit accepter une « sensibilité à l’historique » (Claude Lefort) à condition de replacer la liberté humaine dans la nature → pas de sens historique sans une mission d’émancipation, d’autonomie. D’un point de vue décroissant, le sens de l’histoire comme reconnaissance d’autolimitation.
  • D’un autre côté, plus question de retomber dans les illusions d’être une avant-garde éclairée : les décroissants ne doivent se prendre ni pour des prophètes, ni pour des magiciens ; sans se raconter que l’on peut prédire ou provoquer l’avenir, on doit le préparer.

A la suite de ce que nous avions appelé « malentendus » dans notre livre de 2013, il nous faut en ajouter 3 :

  1. Pour éviter toutes ces fantaisies qui renvoient dos à dos croissance et décroissance, il faut défendre une définition simple de la décroissance : c’est l’opposition politique au monde la croissance, à la croissance économique et au « régime de croissance ». Parce que la croissance est une politique avant d’être une économie.
  2. Il faut surtout comprendre que ce n’est pas la nature qui nous impose des limites, mais que ce sont nos modes de vie qui ne savent pas s’imposer des autolimitations : il faut faire l’Éloge des limites (Giorgos Kallis). C’est à cette condition que l’on ne se fera plus piéger à défendre une « décroissance choisie » contre une « décroissance subie ». Parce que quand nous subissons, c’est que nous sommes sous l’emprise du « régime de croissance ».
  3. Il faut donc en finir avec ce slogan maladroit selon lequel une croissance infinie est impossible dans un monde fini. Parce que, même dans un monde infini où la croissance infinie serait possible, nous nous opposerions au monde de la croissance ; pourquoi ? Parce qu’il est absurde, un non-sens.

La voix de la MCD dans la voie « méditerranéenne » de la décroissance

Pourquoi « méditerranéenne » ? En référence à ce que l’on appelle la « voie catalane »3 centrée autour de l’université de Barcelone ; mais qu’il faut étendre à la méditerranée pour y inclure tant la Grèce de Giorgos Kallis que l’Italie d’Onofrio Romano 4 ; et que l’on doit aussi étendre au « sud », parce que le régime de croissance y sévit aussi.

Par « régime de croissance » nous pointons la plus grande extension imaginable de l’emprise que la « croissance » peut exercer sur toutes les facettes de la vie humaine, autrement dit sur le monde entier.

Il n’est pas difficile d’en déduire – et de constater – que cette emprise n’est possible qu’à condition que les trois moteurs du toujours plus, plus vite, plus neuf exercent leur puissance autant du côté du régime de croissance que du côté de ceux qui prétendent s’y opposer. Car autrement, l’emprise ne serait pas si totale qu’elle l’est en réalité.

Et voilà le défi : comment échapper à cette emprise ?

Et voilà le pari : que seule une politique de décroissance peut relever ce défi.

  1. Pas de décroissance sans une décroissance politiquement engagée.
  2. Pas de décroissance politique sans refondation théorique radicale.
  3. Pas de théorie politique radicale sans défense d’une théorie du sens.

Sommaire

Articles déjà parus sur le site

Les notes et références
  1. de Rousseau, Kant à Hegel, Marx[]
  2. Lire Terre et Liberté, d’Aurélien Berlan[]
  3. https://www.terrestres.org/2021/01/06/decroissance-et-marxisme-la-voie-catalane/[]
  4. https://ladecroissance.xyz/2017/08/21/cr-des-festives-2107-de-la-decroissance/#EXPOSE_DE_LA_PENSEE_CRITIQUE_DO_ROMANO[]