Décroissance, pouvoir et esprit d’escalier

J’ai participé dimanche dernier, lors du dernier jour de Décroissance le Festival, au débat : « Comment porter la décroissance au pouvoir ? », débat animé par Lucile Schmid, auquel participaient aussi Vincent Liegey, Agnès Sinaï, Timothée Parrique et Delphine Batho.

Chacun.e connaît ce que l’on appelle l’esprit d’escalier. Pour éviter de ressasser et pour me libérer l’esprit, voici quelques idées qui pourraient structurer une nouvelle discussion ayant pour objectif de partager au moins une problématisation commune, sinon une position affichée.

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Comme souvent dans ce type de débat, il est difficile de confronter les approches pour co-construire une réponse commune et au final chacun.e se résout à rester dans son couloir, évitant le plus possible de mordre la ligne.

C’est d’autant plus dommage que sur cette question du pouvoir, on pouvait facilement retrouver une décroissance « sur la crête » à partir du moment où on repérait pour les écarter les deux précipices : celui du refus libertaire de toute prise de pouvoir et celui du political as usual.

Disons-le clairement, heureux que dans le débat public un « parti » puisse planter le drapeau de la décroissance mais à une condition expresse : que ce soit dans la conscience la plus pleine, la plus affichée et la plus exigeante d’une radicalité en cohérence avec les espoirs portés par la décroissance ; c’est-à-dire une sortie de la croissance et de son monde. Autrement dit, même si la décroissance a longtemps été définie comme un « slogan », il faut en finir avec ces tâtonnements des débuts : assez de la décroissance comme « mot-obus » ! Il doit devenir un « mot-chantier » ; mieux, il doit accepter de n’être qu’un « mot-échafaudage ». Il faut dire de la décroissance ce qu’André Gorz disait du socialisme qui ne disparaîtra qu’avec l’objet de sa critique : parce que la décroissance, comme le socialisme l’était, n’est qu’un intermédiaire, une parenthèse (une « époque ») entre un monde de la croissance que l’on critique et rejette et un projet de société qu’il reste à définir tout en ne le fermant pas.

De cette position intermédiaire, on peut en tirer trois types de travaux politiques : a) caractériser dans toute son ampleur la croissance et son monde ; b) définir le trajet de la décroissance à l’aide de trajectoires explicites ; c) cadrer le design de la post-croissance.

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Si je repars de l’image de la crête entre deux précipices, elle peut facilement m’aider à repérer deux attitudes qui, si elles ne sont pas explicitement combattues, finiront par saper de l’intérieur toute tentative de « porter la décroissance au pouvoir » :

  • Le précipice libertaire n’est qu’une déclinaison cool de l’individualisme. Pendant ces trois jours1, pendant des discussions informelles, à la table de la MCD, et régulièrement comme prises de paroles venant du public, la revendication individualiste s’est exprimée de façon très décomplexée2.
    • Sous sa forme la plus bienveillante et proactive, elle est un plaidoyer pour les gestes individuels ; elle a souvent une forme new age ; elle se formule aussi comme injonction à faire de l’individu le départ de toute transformation écologique, démocratique et sociale3.De la façon la plus générale, celui qui ne comprend pas a) que dans la politique il y a des enjeux de pouvoir, b) que la première des recettes pour régner est de diviser et c) que l’individu n’est que le résultat final de la division (quand on ne peut plus diviser, c’est qu’on est arrivé à l’indivisible, à l’individu) ne comprend pas en quoi tout processus d’individualisation est en réalité une dépolitisation. Ne s’est-il pas pourtant aperçu que la ficelle de l’individualisation est continuellement utilisée par les tenants du pouvoir pour se décharger du fardeau de la responsabilité ?
    • Et cela est encore plus pertinent quand il s’agit de décroissance : pour valider cela, faut-il encore avoir repéré que la croissance économique et son monde ne sont que les produits d’un « régime de croissance » dont l’équation principale est le deal libéral-individualiste qui existe entre les institutions modernes de croissance (le Marché et l’État) et les individus4.
  • Pour repérer le précipice du political as usual, je propose ce que j’appelle le « test du miroir ». Il consiste, quand on écoute une intervention, à se demander lequel, du medium ou du contenu, est aux commandes. Si le test est un échec quand la forme commande, c’est que dans ce cas le contenu est interchangeable, que « le message, c’est le medium » (Marshall McLuhan), que le sens ne vient pas du contenu mais du contenant5.
    • C’est ainsi que la question du pouvoir rencontre la question des moyens, la question technique. En tant que décroissant.e.s, nous devrions tou.te.s savoir que la technique n’est pas neutre, qu’elle n’est pas une question de bon usage ou de mésusage, mais que tout « mode d’emploi » est en réalité un « mode de vie ».
    • Je ne suis pas en train de dire que la décroissance politique doit rester pure et se ligoter la main par un refus de toute technique caractéristique du monde qu’elle combat ; je dis juste qu’on ne peut pas le faire sans poser le problème et le résoudre en explicitant un cadre qui remet le contenant à sa place : après le contenu, et à son service.
    • J’ai assisté à un débat passionnant, animé formidablement par deux intervenant.e.s bienveillant.e.s et totalement à l’écoute des participant.es : « Comment choisir nos stratégies de mobilisations citoyennes ? ». Mais à la fin du débat, après avoir entendu qu’il fallait savoir gérer les data, utiliser l’IA, reprendre les techniques de manipulation du style « pied-dans-la-porte », maîtriser les techniques des RH, produire des supports fun6…, comment ne pas se demander en quoi la même intervention n’aurait pas pu se transposer à « Rémigration, le Festival » ? Bref, cette conférence a échoué au test du miroir et il y avait de quoi en être désolé.
    • Finalement, cette critique du political as usual revient à plaider en faveur d’un « faire de la politique, mais autrement ». En particulier en ce qui concerne les méthodes, dont les techniques de participation et de délibération. Je prends un dernier exemple : pendant toute rencontre décroissante, c’est devenu une antienne que de défendre une organisation horizontale des échanges. Aucun problème pour échapper à la verticalité descendante et pour défendre l’horizontalité ; mais à condition de se rappeler que toute horizontalité peut dériver en horizontalisme et en Tyrannie de l’absence de structure (Jo Freeman, 1972). Je voudrais ici juste faire remarquer que le problème des « vieux militants » n’est pas qu’ils soient vieux mais qu’ils n’ont jamais pratiqué l’autocritique systémique. Si le problème est le refus de l’autocritique, la solution ne va pas consister à dénoncer les « tunnels », surtout si c’est pour les remplacer par des punchlines ! Car je vois mal comment sans prendre quelque temps on peut traiter une question si on ne commence pas par repérer le « problème » (au sens de John Dewey), par le formuler de façon problématisante, pour ensuite définir avec précision les termes de la discussion, puis s’engager dans la discussion et enfin fournir une réponse explicite à la question posée. Bref, quand par âgisme, on dénonce les « vieux militants », il ne serait pas inutile que les plus jeunes censeurs se demandent s’ils pratiquent aussi l’autocritique systémique !
    • Pourquoi l’autocritique systémique est-elle la condition de toute véritable discussion ? Parce qu’elle renvoie dos à dos aussi bien la verticalité descendante – on pense tous au chef de parti politique qui n’intervient que pour faire la leçon à ses partisans – que la dérive horizontaliste de l’horizontalité. Parce que l’autocritique procède par verticalité ascendante : celle qui part des « problèmes » de base et qui les résout par l’intelligence collective qui fabrique des concepts et des distinctions de concepts dans le but de les partager, de faire du Commun.

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Je termine ces réflexions de bas d’escalier par quelques remarques qui je l’espère reposent plus sur la pertinence du contenu que sur le miroir de la forme.

1. Comment espérer porter la décroissance au pouvoir si nous ne sommes pas préalablement au clair sur le processus historique qui a permis à la croissance d’exercer beaucoup plus qu’un pouvoir, une hégémonie ?

Et c’est là qu’il ne faut pas se tromper de cible ; par exemple en croyant qu’il serait nécessaire et suffisant de réduire les productions et les consommations pour les refaire passer sous les plafonds de l’insoutenabilité écologique :

  • Car il n’y a aucune nécessité : il ne peut y avoir qu’une volonté politique, celle d’aller à la transition décroissante, non pas « à reculons », sous la nécessité de la nature, mais par choix, celui de l’autolimitation. Ce n’est pas la nature qui est finie, ce sont nos désirs qui sont infinis.
  • Car il n’y a aucune suffisance : la croissance économique n’est que la partie émergée d’un monde de la croissance (des modes de vie, des normes, des récits, des représentations, des imaginaires, des valeurs, des héritages, des attachements, des communs « bucoliques » et des « communs négatifs ») qui flotte dans la mer du régime de croissance.

A ne pas élargir la cible, à ne pas voir que la croissance économique n’est pas la maladie mais simplement un symptôme, on risque bien d’aboutir à un régime de croissance mais sans croissance, « on ne peut rien imaginer de pire ».

2. Il y a le formidable livre de Matthias Schmelzer7 qui explique comment l’indicateur du PIB est devenue la boussole d’une économie lancée dans la compétition de la guerre froide. Sauf que cette histoire du PIB ne commence qu’en 1945.

Mais pourquoi cette hégémonie d’un indicateur économique ? Pourquoi la croissance ?

Agnès Sinaï, Vincent Liegey, Lucile Schmid, Michel Lepesant, Timothée Parrique, Delphine Batho

Il faut alors remonter historiquement d’un cran jusqu’à la crise de 1929. Qui a vu le capitalisme rencontrer une crise de surproduction et qui a résolu le problème en passant d’un capitalisme de production à un capitalisme de consommation. Sauf que la société de consommation n’est pas un effet de ce capitalisme de consommation mais plutôt un effet.

Certes il y a bien à partir de 1929 un « tournant libidinal du capitalisme »8 mais il avait été largement préparé par une révolution industrieuse. C’est tout l’intérêt de la thèse développée par l’historien néerlando-américain Jan de Vries dans The industrious revolution, de 1650 à nos jours (2008, non-traduit) selon laquelle c’est la « révolution industrieuse » de la consommation qui a été la condition de possibilité historico-sociale de la révolution industrielle, et non pas l’inverse.

Et c’est là qu’il faut se redemander ce qui a rendu possible une telle révolution de l’économie.

Car avec la course au PIB, on reste dans l’économie de la croissance. Car avec l’apparition d’une société de croissance, on reste dans le monde de la croissance.

D’où l’hypothèse historique que c’est la sortie de l’Ancien Régime et le passage à un Nouveau régime, celui des Temps modernes, qui est historiquement en amont et de la croissance comme économie et de la croissance comme monde : c’est de cela que la notion de « régime de croissance » veut rendre compte.

Et à ne pas s’en rendre compte, le péril politique serait de formuler des projets de contre-croissance en se basant seulement sur le reflux économique de la production et de la consommation, ou seulement sur la priorité accordée aux « valeurs » portées par la décroissance et la post-croissance, tout en laissant intacte l’infrastructure institutionnelle et anthropologique qui a rendu possible l’économie de croissance et son monde.

Ne pas renverser un tel régime politique de croissance, ce serait en finir avec la croissance économique tout en restant dans une société de croissance, ce serait réduire la consommation tout en restant dans une société de consommation…

3. Ce qu’il faudrait aussi comprendre, c’est qu’en s’attaquant politiquement à la croissance économique, on ne s’attaque pas à une économie mais à une religion.

Car la croissance est une « croyance » ; décroître, c’est décroire.

Là aussi, il est bon d’appuyer cette critique sur une compréhension historique.

Parce qu’historiquement, ce régime de croissance est celui qui remplace l’Ancien Régime par un Nouveau régime : on passe d’un monde théologico-politique à un monde atéléologico-politique. Quelles différences ?

  • On passe d’une société holiste à une société des individus. On peut même faire l’hypothèse que c’est sous l’impulsion de la bourgeoisie puisque dans les trois ordres de l’Ancien Régime, les bourgeois ne pouvaient pas trouver leur place : ils étaient riches comme ceux qui pugnant ou qui orant tout en étant qui laborant.
  • On passe d’une société structurée par les institutions de l’Église et de l’État (« l’État, c’est moi ») à une société structurée par les institutions du Marché et de l’État-Nation (l’État, c’est nous »).

« Démocratie et liberté exigent que le politique soit atéléologique, qu’il ne se mêle jamais du sens de la vie en société, car ces choses ne doivent résulter que de l’interaction spontanée des individus, auxquels, seuls, donc, est accordée la souveraineté dans l’élaboration et dans la réalisation de leur propre projet de vie. Dans ces conditions, il ne reste à la politique qu’une fonction de garant de la préservation (la vie pour la vie) ou, mieux encore, de l’entretien (la croissance pour la croissance) de la vie biologique des citoyens unie à la régulation administrative de leur circulation ».

Onofrio Romano, Critique du régime de croissance (2024), Liber, à paraître, p.96-97.

On peut ainsi remarquer que l’ordre de l’Église est remplacé par celui du Marché. Mais là où la religion combinait une dimension horizontale (ekklesia) et une dimension verticale (descendante par la Révélation, et ascendante par la prière), le Marché n’est plus qu’une structure horizontale dont le modèle social devient le commerçant, l’homo œconomicus. On comprend mieux pourquoi aujourd’hui le Marché est comme une religion avec ses paradis (fiscaux), ses saints (grands patrons), ses fêtes (Black Friday), ses temples (de la consommation), ses prédicateurs (les influenceurs et influenceuses), sa messe (la publicité), son clergé (les économistes), ses fidèles (les consommateurs)…

4. Mais que la grenouille de la décroissance ne se prenne pas pour un bœuf. Certes la croissance est une religion ; mais pas la décroissance ; pour le moment elle fait sens mais qu’elle ne se raconte pas qu’elle fait nombre, c’est une niche politique.

Ce qu’il ne faut pas hésiter à reconnaître si l’on veut éviter la tentation sectaire, ce qu’entre nous on appelle « l’entre-soi ».

Occasion de revenir sur le bon usage de l’autocritique dans notre mouvance.

Dans un groupe sectaire, il y a bien de la critique mais elle est centrifuge, dirigée seulement vers l’extérieur, contre les « autres » (ceux qui n’ont pas encore compris ce que, nous, nous avons déjà compris). Quant à la force centripète, celle qui fait « groupe », c’est la bienveillance, mais elle est plus souvent pratiquée comme une injonction à ne pas critiquer que comme une disposition à écouter les « frottements » internes.

Et bien, si l’on veut que la décroissance prenne le pouvoir – au moins celui de l’hégémonie culturelle – pourquoi ne pas renverser cette double équation :

  • Vers l’intérieur, de l’autocritique systémique. Pour repérer tout ce qui pourrait demeurer comme résidu du régime de croissance et poser les problèmes à partir de la volonté politique de s’en émanciper. Autocritique qui est la manière la plus commune de pratiquer ce que j’appelle des « savoirs remontants », c’est-à-dire la production bottom-up de concepts et de distinctions de concepts, pour nourrir les discussions de la participation et de la délibération.
  • Vers l’extérieur, appliquer un « principe de charité » (Paul Grice, Neil Wilson9) qui consiste à présupposer chez celui que l’on critique un maximum de rationalité. Politiquement, cela revient à plutôt diriger ses critiques contre les succès que contre les échecs10. C’est cette conduite qui ne se satisfait pas de propositions faisables mais qui s’interroge sur leur acceptabilité surtout chez celles et ceux qui ne les jugent pas désirables.

Ce double renversement pourrait largement s’inspirer des vertus épistémiques que prônait John Dewey dans ce qu’il appelait « enquête » : ouverture d’esprit (open-mindedness) comme disposition à la nouveauté pour ne pas clôturer trop vite l’enquête ; concentration (directness) comme détermination à suivre la recherche jusqu’au bout pour voir où elle mène ; responsabilité comme disposition à accepter les conséquences de l’enquête même si elles sont déplaisantes. On est loin là de l’intolérance au « tunnel » !

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Ces remarques sont constructives à condition d’y voir un repérage des obstacles politiques qui pourraient saper la constitution d’un corpus d’analyses destinées à garantir la robustesse politique d’une apparition de la décroissance dans le débat public. J’ai la conviction que la décroissance comme philosophie politique a une très forte potentia ; je n’en déduis pas qu’elle doit rejeter la question de la potestas. J’en déduis juste que la question du pouvoir est une question difficile qui mérite d’être posée et reposée car aucun changement ne se fera d’un claquement de doigts ou par révélation de conscience.

Bien évidemment ces remarques peuvent être critiquées, controversées et soumises à l’essorage de la discussion.

Ma conviction est que l’ambition critique de la décroissance, même quand elle se concentre sur cette époque intermédiaire entre la sortie d’un monde et la possibilité un autre, doit assumer de faire de la politique vraiment autrement.

En interne, cela va demander plus de temps que celui d’une campagne électorale. Et il en va de ce changement politique de paradigme comme de celui que la question écologique nous pose : plus on retardera l’échéance, plus il deviendra difficile de l’affronter. Et comme toujours ce seront les plus défavorisé.e.s socialement, écologiquement et démocratiquement qui en feront d’abord les frais.

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Notes et références
  1. C’est en fait le cas dès qu’il y a un rassemblement décroissant : les (f)estives que nous organisons n’y échappent pas ; et encore moins les grandes messes que sont les Conférences internationales organisées par l’IDN (International Degrowth Network).[]
  2. Nous sommes là aux fourches caudines sous lesquelles tout.e décroissant.e doit accepter de s’incliner sous peine de prétendre rompre avec la croissance et son monde alors qu’il ou elle ne fait que renforcer les conditions anthropologiques qui ont historiquement provoqué l’avènement hégémonique de la croissance, c’est-à-dire le régime de croissance. Ces fourches caudines sont celles de l’abandon de l’individualisme, c’est-à-dire cet imaginaire qui prétend « vouloir trouver individuellement du sens à la vie… Trouver seul le sens de sa vie est une chimère qui a des conséquences écologiquement néfastes et socialement injustes, puisque tous ne peuvent y parvenir. Le sujet sobre de la décroissance de la société décroissante tel que nous l’envisageons n’aspire pas à l’accumulation des biens matériels, car il entend se libérer de la nécessité de trouver du sens individuellement », Giorgos Kallis, Federico Demaria et Giacomo D’Alisa dans l’Épilogue à Décroissance, Vocabulaire pour une nouvelle ère (2015), Le passager clandestin, p.461.[]
  3. C’est exactement contre cette illusion qu’à la MCD nous défendons la matrice de « la part ». Remettre l’individu à sa place, c’est refuser qu’il soit le « départ », c’est lui rappeler qu’il peut et qu’il doit avoir sa « part » parce qu’il appartient à un ensemble auquel il participe. L’individu comme départ : non ! A chacun sa part : oui ![]
  4. C’est pour cela que je prends l’image d’un iceberg, avec une partie émergée (la croissance économique) et une partie immergée (le monde de la croissance), qui flotte dans le régime de croissance. https://decroissances.ouvaton.org/2024/07/30/pourquoi-faut-il-renverser-le-regime-de-croissance/ []
  5. Quand la forme commande, les contenus deviennent équivalents et donc interchangeables. Cette équivalence est l’une des manifestations de l’emprise du régime neutraliste de croissance. Croire que l’on va rompre avec la domination de la croissance et de son monde tout en continuant à pratiquer les techniques du régime de croissance est une chimère.[]
  6. Quand Joe Biden s’est retiré de la course à la présidentielle pour laisser la place à Kamala Harris, tous les commentateurs se sont référés à la sitcom Veep. Il faut alors lire avec intérêt ce que fait remarquer son créateur, Armando Iannucci, dans le New York Times pour répondre à la question suivante : « Etes-vous satisfait de la comparaison » entre Selina Meyer et Kamala Harris ? « Ce qui m’inquiète, c’est que la politique ressemble tellement au divertissement que la première chose que l’on fait pour donner un sens à l’instant que nous vivons est de le mesurer à l’aune d’une sitcom. »[]
  7. Matthias Schmelzer, The Hegemony of Growth. The OECD and the Making of the Economic Growth Paradigm (2016), Cambridge University Press.[]
  8. Dany-Rober Dufour, La Cité perverse, Libéralisme et pornographie (2009), Folio Essais n°563. Dany-Robert Dufour, « Le tournant libidinal du capitalisme », Revue du MAUSS, 2014/2 (n° 44), p. 27-46.. URL : https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2014-2-page-27.htm[]
  9. DELPLA Isabelle, « Le principe de charité selon Wilson : vérité historique et référence », dans : Quine, Davidson. Le principe de charité, sous la direction de DELPLA Isabelle. Paris, Presses Universitaires de France, « Philosophies », 2001, p. 13-20. URL : https://www.cairn.info/quine-davidson–9782130520153-page-13.htm[]
  10. S’il faut critiquer le capitalisme, ou le libéralisme, ou le régime de croissance, ce n’est pas en pronostiquant des échecs contingents mais en reconnaissant leur succès et en remontant en amont vers leur causes pour s’y opposer à la source : pour cesser enfin de dénoncer des effets dont on chérit en réalité les causes.[]
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