« Personne en France ne réclame un droit à la paresse » : c’est avec ces mots que Gabriel Attal s’est adressé à l’Assemblée Nationale lors de sa déclaration de politique générale. Réformes successives du chômage, baisse des montants et des durées de l’allocation, bénévolat contraint pour les bénéficiaires du RSA, requalification de Pôle Emploi en France Travail, remise en cause du congé parental, renforcement des contrôles… que ces mesures soient effectives, testées ou seulement annoncées par le gouvernement, elles vont toutes dans une même direction : « remettre la France au travail ». D’où une guerre contre le chômage qui se transforme en guerre contre les chômeurs : traque administrative, culpabilisation, responsabilisation individuelle… Le message est clair : celui qui ne travaille pas est un parasite social, celle qui ne travaille pas ne contribue pas à la vie de la société.
Mais peut-on vraiment considérer que ne pas travailler c’est « ne rien faire » ? Et quand bien même il arriverait à celles et ceux qui ne travaillent pas de « ne rien produire », devons nous continuer à propager l’idée que cela ne contribue pas à la vie sociale ? Que seules compteraient les activités productives et marchandes ?
Ce qui compte vraiment, ce sont les activités de reproduction sociale : celles qui permettent à la vie de la société de se perpétuer dans le temps, de se conserver et de se reproduire : les activités de soin, de subsistance, de lien, de partage… plus nous travaillons, moins nous avons de temps à y consacrer, plus ces activités sont remises aux mains du marché, et plus cela nous fragilise collectivement : c’est alors un effondrement social qui nous menace.
Alors oui, réclamons un droit à la paresse, comme nous y incitait Paul Lafargue dès 1880, ou comme le remet au centre de son programme le candidat imaginaire du livre Paresse pour tous
Le droit à la paresse, ça n’est pas un privilège réservé à une minorité qui a les moyens de « faire faire » (ses courses, son ménage, ses livraisons du resto thaï…), c’est une revendication sociale en faveur d’un droit inconditionnel au temps libre, que nous pourrions commencer à exercer en participant aux (F)estives 2024 de la décroissance, car s’extraire du travail c’est aussi retrouver du temps et de l’espace pour la discussion politique.
Amitiés anti-travaillistes