Introduction

Introduction

1) Cycles naturels et enchaînement artificiel

Les décroissant.e.s Rhône-Alpes élaborent un cycle de conférences calqué sur la chaîne économique allant de l’extraction des ressources aux déchets en passant par la production, la distribution et la consommation.

Cette nuance entre cycle et chaîne nous permet déjà de distinguer l’extraction comme première étape d’un cycle naturel, et l’extractivisme comme premier maillon de la chaîne destructrice de la croissance.

AB, p 136 « […] mais dans les sociétés modernes de marché, il [l’extractivisme] est surtout le premier maillon de la chaîne extraire-produire-consommer. Extraire toujours plus pour produire et consommer toujours plus ; […] ».

NS, p 114 « Le système dominant est fondé sur le cycle « extractivisme-productivisme-consumérisme-profits-pollutions ». »

2) Le suffixe « isme »

D’après le wiktionnaire, même si ce n’est pas systématique, le suffixe « isme  » est souvent « utilisé pour former un nom correspondant à une doctrine, un dogme, une idéologie ou une théorie : communisme, libéralisme, hédonisme, darwinisme« . On peut ajouter jeunisme, modernisme, progressisme, islamisme, catholicisme, socialisme, etc.

Pour ce qui nous intéresse, « extractivisme« , « productivisme« , « consumérisme« , « déchétisme« , renvoient à une même idéologie parente, à un même système, à un même monde, celui de la croissance. L’extractivisme renvoie aussi directement à l’idéologie d’extraction : extraire pour extraire (notamment chez les professionnels de l’extraction).

AB, p17-18 : « par analogie avec les notions de « productivisme » et de « consumérisme » – où le suffixe « isme » souligne l’outrance (de la production ou de la consommation) -, le terme « extractivisme » caractérise un stade superlatif, obsessionnel, « addictif » voire idéologique de l’activité d’extraction. Il est par ailleurs étroitement lié aux deux premiers : c’est pour fournir, chaque année, plus de 70 milliards de tonnes de « ressources naturelles » aux chaînes de production et de consommation de marchandises que les frontières extractives avancent toujours plus vite et toujours plus loin. »

3) Le mot « extractivisme »

Si une de ses racines, latino-américaine (« extractivismo »), concerne l’extraction légitime de ressources naturelles par des peuples autochtones dans leurs milieux naturels, l’extractivisme est aujourd’hui généralement admis comme faisant référence à l’extraction démesurée et illégitime de ressources naturelles.

AB, p 22 : « Une exception mérite toutefois d’être relevée : le même mot à une lettre près, extractivismo en castillan, jouit au Brésil d’une connotation beaucoup plus positive. »

AB, p 35 : « les différentes formes de mise à profit de la nature qu’ils incarnent [les différents projets extractivistes] posent des problèmes – environnementaux, sociaux, économiques, culturels, voire psychologiques – d’un même ordre, obéissent à des logiques similaires, s’intensifient de concert et composent un ensemble : ils sont les mille têtes d’un même monstre, d’une hydre avide de toute sorte de « ressources » et dévorant les territoires qui les recèlent. Le mot « extractivisme » donne à ce monstre un nom. »

Ce mot fait partie du vocabulaire décroissant en ce qu’il dénonce une des facettes du monde de la croissance (l’extraction qui alimente la chaîne), en posant déjà sur ce premier maillon la question des limites, du sens et de la complexité.

4) un mot sur la démographie

Pour limiter le sujet à l’extractivisme, la question démographique ne sera ensuite plus abordée. L’extractivisme est ici étudié quel que soit le nombre d’homo sapiens sur la planète, considérant d’une part l’idée du « quand bien même » des décroissantEs (note – renvoi à demander à Michel Lepesant), et d’autre part la bibliographie :

AB p 147 « L’affirmation selon laquelle on extrait de plus en plus de « ressources » pour satisfaire les besoins croissants d’une population toujours plus nombreuse n’a aucune valeur explicative […] les limites physiques de la planète rendent impossible la conversion de tous ses nouveaux habitants au mode de vie occidental, et ce n’est pas la chimère de la « dématérialisation » qui changera la donne. »

AB, p 112, 113 « Entre 1900 et 2005, l’extraction des matériaux de construction a été multipliée par 34 (8,5 par habitant), celle des minerais métalliques et industriels par 27 (6,7 par habitant), celle des combustibles fossiles par 12 (3 par habitant) et celle de la biomasse, par 3,6 « seulement » (0,9 par habitant, soit une croissance légèrement inférieure à celle de la population mondiale).* »

AB, p 259 « Au cours du dernier siècle, la croissance de l’extraction de certaines ressources (les minerais métalliques et industriels, par exemple) a été presque sept fois plus importante que la croissance démographique. »

5 et transition) Définition générique

Avant de détailler ses caractéristiques, une définition très générale permet de situer l’extractivisme.

AB, p 254 « Cette logique [de l’extractivisme] emprunte des voies diverses, depuis l’extraction proprement dite et de plus en plus effrénée des hydrocarbures et des minerais, jusqu’à toutes les formes de prélèvement sur la nature dont les rythmes et les volumes menacent même les « ressources » dites « renouvelables » de ne plus l’être : l’agriculture industrielle et les monocultures forestières qui dépouillent les sols de leurs nutriments, les exposent à l’érosion et les détruisent ; la pêche intensive qui vide les océans ; l’aquaculture qui consomme les mangroves ; les grands barrages hydroélectriques qui, pour « extraire » de l’énergie, privent d’eau ou, au contraire, inondent des terres fertiles et anéantissent la biodiversité ; l’industrie de la boisson qui pille les nappes phréatiques et accapare les sources d’eau, etc. Ces différentes prédations ont reçu, au cours de la dernière décennie, un nom commun : « extractivisme », dont la définition la plus courte et la plus générique serait l’intensification de l’exploitation massive de la nature, sous toutes ses formes. »

AB p 91 « […] le terme « extractivisme » ainsi « redéfini » élargit la critique à l’obsession généralisée et invariablement destructrice d’extraire des quantités toujours croissantes d’énergie et de matières. »

 

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