Détermination démocratique des besoins sociaux en fonction des limites écologiques, coordination démocratique de la production, abandon du nucléaire… l’écologie est au cœur de la gauche antiproductiviste.
Cette gauche antiproductiviste est composée de militantEs au sein des mondes associatifs, syndicaux et politiques, elle est riche de sa biodiversité politique : l’écologie politique, l’écosocialisme, la décroissance, l’écologie populaire, l’autogestion, l’écologie sociale, l’objection de croissance ou l’écologie libertaire…
Un gouvernement ni de gauche, ni socialiste, ni écologiste
Mais cette gauche antiproductiviste en a autant ras-le-bol de la politique anti-sociale du gouvernement que de sa politique anti-écologique.
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En dépit de la crise climatique évidente et de l’urgence à l’affronter, le gouvernement reporte le vote de la loi de programmation sur la transition énergétique, tergiverse sur sa promesse de réduire (pourtant faiblement) la part du nucléaire dans la production d’électricité et envisage même le remplacement des centrales actuelles par des EPR.
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Sur les gaz de schiste, Arnaud Montebourg et Laurent Fabius rallument l’illusion d’une « exploitation propre » grâce à l’heptafluoropropane qui permettrait d’utiliser peu d’eau et de produits chimiques.
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Sur les OGM, Philippe Martin osera-t-il s’opposer jusqu’au bout à la Commission européenne qui est sur le point d’accorder le permis de culture du maïs transgénique de Pioneer (TC 1507), alors même qu’une majorité d’États (19 sur 28) ont voté contre cette autorisation le 11 février ?
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A Notre-Dame-des-Landes, J-M Ayrault s’entête à imposer son projet d’aéroport inutile socialement, dévoreur de fonds publics, dévastateur de biodiversité et destructeur de terres agricoles pour satisfaire les appétits de Vinci.
Ce que nous proposons
Car il y a urgence à dénoncer sans faille « l’irresponsabilité écologique » du gouvernement et la tyrannie actuelle du productivisme et son alliance idéologique avec un consumérisme des faux-besoins, des grands projets inutiles, des inégalités : le réchauffement climatique, la destruction de la biodiversité, l’épuisement des ressources naturelles ne concernent pas qu’une « question écologique », pas même en l’ajoutant à la « question sociale », ils posent une question fondamentale, celle de l’urgence à transformer radicalement la société.
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Et c’est d’abord à la société elle-même, à la population, de s’en mêler : pour reprendre la main grâce à une coordination démocratique de la production qui permette la transition écologique, la promotion du bien vivre, la création d’emplois utiles et facteurs d’égalité sociale.
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Reconversion industrielle : ce sont l’ensemble des filières industrielles qui devront être redéfinies démocratiquement pour permettre, par des objectifs sociaux et écologiques, de redonner un sens social et écologique aux activités productives dans le sens d’une réduction générale du temps de travail.
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En matière d’énergie, nous devons remettre à plat les choix énergétiques actuels : renoncer au nucléaire et remplacer les énergies fossiles. Un tel débat devra intégrer toutes ses dimensions : l’épuisement des ressources, le climat, la précarité énergétique, le refus de la privatisation qui fait exploser les coûts et les risques, le financement de la sobriété et de l’efficacité énergétique. L’énergie doit devenir un bien public commun géré démocratiquement.
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Il faut aller vers une agriculture paysanne de qualité et de proximité, sans OGM ni produits toxiques, autonome des ressources non-renouvelables, favorisant les circuits courts, reposant sur une juste rémunération.
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Dans les transports, il faut abroger les lois de libéralisation du rail, développer le ferroutage, le transport ferroviaire et maritime côtier, et aller vers un service public et démocratique des transports publics pour offrir notamment des transports en communs gratuits et de proximité.
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Pour tous les biens communs, l’eau, l’énergie, la biodiversité, la forêt et les sols…, nous revendiquons des gestions publiques et décentralisées impliquant les usagers et la gratuité de l’usage des besoins de base ainsi que la progressivité des coûts pour les usages secondaires, jusqu’à des prix décourageants pour les usages inutiles et les gaspillages.
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Tout cela ne sera socialement et écologiquement pertinent que si nous relocalisons notre économie : réduction des transports de marchandises évitables, coopération entre les peuples et les territoires sur les politiques sociales et écologiques.
Ce qui signifie que nous devons refuser l’exploitation et la domination subies par les populations du Sud global, qui sont l’autre face de la mondialisation capitaliste et productiviste. Comment faire semblant d’ignorer que le nucléaire en France signifie le pillage du sous-sol nigérien par Areva ?
Vivre
Le capitalisme n’est pas qu’un mode de production, c’est un mode de vie, le modèle d’une vie aliénée. Au sud de la planète comme de l’Europe, s’expriment de nouvelles façons de dire l’émancipation : du « buen-vivir » amérindien à l’eudémonia (bonheur, bien-être) grecque. Nous entendons aussi ces interpellations ici. Pour nous, la nécessaire réduction des consommations ne peut conduire à l’austérité, cela signifie que nous rejetons le consumérisme qui piège en premier les classes populaires et pousse à acheter sans pouvoir poser la question de l’utilité sociale, de la provenance, des conditions de travail, des déchets. Il nous faut donc mener la lutte des classes dans le domaine de la consommation comme dans celui de la production : nous devons dénoncer l’infernal triptyque de l’obsolescence programmée, de la publicité et du crédit.
La tâche est immense. On ne sortira pas de la crise écologique sans mettre en place, ici et maintenant, des pratiques alternatives d’expérimentation et d’autonomie. Un nouveau modèle d’émancipation doit commencer à émerger, qu’on l’appelle : socialisme antiproductiviste, écosocialisme, société écologique libertaire ou société d’a-croissance…
Tous ensemble les 12 et 13 Avril !
En rejoignant, le week-end de révolte de gauche nous souhaitons apporter notre contributionavec l’ensemble de la gauche sociale de résistance et de transformation, en nous opposant aussi bien au libéralisme de ce gouvernement qu’à son productivisme
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Premiers signataires
Mathieu Agostini (Parti de Gauche)
Paul Ariès (Les Z’indign(é)s)
Clémentine Autain (Porte-parole d’Ensemble !)
Jean-Jacques Boislaroussie (Les Alternatifs-Ensemble !)
Frédéric Burnel ( NPA)
Julie Del Papa (PG)
Jérôme Desquilbet (Alter ekolo)
Laurent Esquerre (Alternative Libertaire)
Vincent Gay (GA-Ensemble !)
Pierre Gineste (Ensemble !)
Stéphane Lavignotte (Ensemble !)
Michel Lepesant (Mouvement des Objecteurs de Croissance)
Vincent Liegey (PPLD)
Stéphane Lhomme
Michael Lowy (NPA-Ensemble !)
Laurence Lyonnais (GA-Ensemble !)
Myriam Martin (GA-Porte-parole d’Ensemble !)
Roland Mérieux (Les Alternatifs – Ensemble !)
Jocelyn Michard (Alternative Libertaire)
Roxane Mitralias
Gilles Monsillon (Alter ekolo / FASE-Ensemble !)
Corine Morel-Darleux (PG)
Baptiste Mylondo (MOC et Utopia)
Stéphane Madelaine (PPLD)
Laurence Pache (PG)
Jean-luc Pasquinet (MOC)
jean-françois Pellissier (porteparole Ensemble !)
Christine Poilly (Collectif anti gaz de houille- MOC)
Christine Poupin (NPA)
Boris Prat (Mouvement des Objecteurs de Croissance – MOC)
Gilles Quiniou (Convergence Transition énergétique)
Catherine Segala (NPA)
Marie-Noël Stephan(collectif stop gdhc)
Christian Sunt (MOC)
Anne Isabelle Veillot (PPLD)