Moins de 10 millions d’années après la terrible collision entre un astéroïde et la Terre, qui provoqua la disparition des dinosaures, les géo-paléontologues ont identifié un réchauffement climatique connu sous le nom de « maximum thermique du Paléocène-Eocène ».
Cet évènement a été identifié en 1991 par deux chercheurs de l’université de Californie, le Néozélandais James Kennett et l’Américain Lowel Stott, lors d’une étude de sédiments marins forés au large de l’Antarctique. Ce que l’étude des carottes a révélé est que la disparition, il y a quelques 56 millions d’années, des protozoaires était due à un réchauffement brutal des eaux. L’étude de ces carottes révéla que le réchauffement des eaux fut accompagné par une hausse massive de carbone dans l’atmosphère et dans les océans. On ne sait pas d’où est sorti le carbone à l’époque, mais certains chercheurs penchent pour une libération massive de carbone organique à partir des fontes du pergélisol (ou permafrost en anglais) des hautes latitudes. D’autres évoquent des gisements sous-marins où la matière organique décomposée peut se figer en glace riches en méthane (les clathrates).
Mais quel est le mécanisme qui aurait fait fondre le pergélisol ou libérer le méthane dans l’océan, puis dans l’atmosphère ? En se penchant avec plus de précision sur les informations contenues dans les sédiments, les chercheurs avancent que la perturbation des océans a commencé par un premier réchauffement estimé à 2°C, puis en un temps de quelques siècles tout au plus, a eu lieu le dégazage massif de carbone organique qui a entraîné un réchauffement supplémentaire de 4°C. On cherche toujours la cause du premier réchauffement, celui qui aurait déclenché la fonte du pergélisol ou celle des clathrates et Il n’est pas exclu que ce réchauffement initial ait été d’origine volcanique, mais rien n’est certain.
Une chose est sûre, pour une fois « c’est pas nous ! », à l’époque on ne roulait pas encore en 4/4. Mais quelque soit la raison de ce premier réchauffement, il s’est révélé un détonateur entraînant un autre réchauffement autrement plus important, dans un effet amplificateur, que l’on appelle « cercle vicieux » ou « effet boule de neige » ou encore « rétroaction positive » dans le langage scientifique. Il y a là matière à réflexion pour notre avenir sur Terre, car une augmentation de température que l’on croit limitée à 2°C peut servir de détonateur pour en déclencher une autre beaucoup plus importante. D’autant qu’aujourd’hui comme à la fin du Paléocène, il y a d’énormes réserves de gaz à effet de serre congelées dans les fonds marins et dans le pergélisol des hautes latitudes. Si l’histoire doit se répéter, cette « rétroaction positive » est une très mauvaise nouvelle. Reste que le pire ne se réalise pas toujours.