B) Anti-extractivismes

Sommaire

B) Anti-extractivismes

Avancée des extractivismes = avancée des anti-extractivismes

AB, p 173 « Les frontières extractives avancent partout, obligeant de plus en plus de personnes à prendre position. »

Extractivisme complexe, anti-extractivismes complexes

AB, p 168 « Les différentes menaces contre lesquelles on se mobilise sont souvent liées : les routes construites pour accéder aux ressources permettent la création de nouvelles zones résidentielles, les centrales hydroélectriques alimentent en énergie les mines, les raffineries, les centres commerciaux ou les nouveaux pavillons. Les luttes sont aussi liées par ce même fait : si on empêche un mégaprojet minier, la route qui doit être construite pour acheminer le minerai extrait devient inutile, si on empêche la route, il y a de fortes chances que le projet minier soit suspendu, raison de plus pour mettre en commun ses réflexions, informations et stratégies. »

Désobéissance ou non-violence ?

AB, p 202-203 « Souvent, des débats particulièrement animés opposent les tenants des stratégies « douces » et ceux qui optent pour des actions susceptibles d’entraîner la répression et les persécutions […] Sous certaines conditions, la désobéissance n’est pas incompatible avec la stratégie juridique et peut même pousser la justice à agir dans le bon sens. »

B1) Anti-extractivismes à travers le monde

Les raisons de s’opposer ne sont pas les mêmes à travers le monde (différentes cultures, différentes rationalités)

B11) Anti-extractivismes non-européens

Corruption et intimidation pluriséculaires en  Afrique : la domination dans toute sa grandeur

NS, p 81 « Pourquoi ne se sont-ils pas battus [les dirigeants africains] sur le plan du droit en s’appuyant sur les traités internationaux, pour refuser de se soumettre aux créanciers ?* On est là au cœur du système dette dont la corruption des élites gouvernantes est un élément essentiel. Sous les injonctions des Institutions financières internationales (IFIs) et des gouvernements des pays industrialisés, les décideurs du Sud ont consenti à l’inacceptable au plan des droits humains et économiques. Ceux qui s’y sont opposés ont été destitués ou assassinés tel Thomas Sankara en 1987. Trois mois avant de mourir, il disait devant l’OUA (organisation de l’union africaine) « Non, nous ne pouvons pas être complices, non, nous ne pouvons pas accompagner ceux qui sucent le sang de nos peuples et qui vivent de la sueur de nos peuples, nous ne pouvons pas les accompagner dans leur démarche assassine. » »

En Asie, corruption ? intimidation ? incitation ?

En Inde, Vandana Shiva (OGM), lutte contre Coca-Cola
Un rapport particulier au sacrifice (confucianisme) ?

En Amérique, mégaprojets extractivistes au Nord comme au Sud

En Amérique du Sud (Anna Bednik)

mais l’extractivisme amérindien se fonde moins sur l’épuisement des ressources naturelles – rationalité environnementale (immensité et générosité des territoires ?) –

ou sur la remise en cause du productivisme et de la croissance – rationalité économique (pays pas aussi surdéveloppés que l’Occident)

AB, p 193 « Ces personnes [autochtones] connaissent leurs territoires, elles savent « comment se comporte la nature face à certains phénomènes ». En plus de pouvoir répertorier mieux que quiconque les impacts déjà produits, elles sont aussi en mesure, à contre-courant des discours rassurants des promoteurs des projets miniers, de prévoir les destructions à venir. »

http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/04/28/en-premiere-mondiale-le-salvador-interdit-les-mines-de-metaux_5118997_3244.html

Rationalité amérindiennes

AB, p 175 « Chaque mouvement est singulier, mais les acteurs partagent pour la plupart une même impulsion de départ : le caractère insupportable des atteintes, déjà subies ou encore au stade de menace, portées par les projets extractivistes à leur milieu naturel. Leurs principales raisons d’agir, qui se précisent au cours des résistances, sont de protéger ce qu’ils considèrent comme essentiel à leur vie : la santé, l’eau qu’ils boivent, qu’ils utilisent pour se laver ou pour irriguer, les terres qu’ils cultivent ou qu’ils ne peuvent plus cultiver, les forêts qui disparaissent, les mangroves qui se réduisent comme peau de chagrin en emportant crabes et coquillages et tout le mode de vie qui leur était associé, la beauté des paysages, les moyens de subsistance et les fruits du travail des anciens, l’attachement qu’ils portent à leur territoire, à son identité, à son histoire. Au-delà des particularités de chaque projet et de chaque mouvement, ce qui les réunit, c’est l’importance vitale de ce qu’ils défendent. »

AB, p 192 « Les Wayuu de la vallée de Socuy, dans la Sierra de Perrijà, au Venezuela, ont très tôt conclu qu’« il n’existait pas d’industrie minière saine dans le monde », et ce alors même que le gouvernement cherchait à les rassurer en leur affirmant que la mine de charbon (dont l’exploitation exigeait tout de même la déviation de leur rivière !) serait sous-terrain et propre. Cela fût possible notamment parce que les Wayuu s’étaient renseignés sur les conditions d’exploitation de charbon en Allemagne. »

justice sociale

droits des peuples autochtones, destination géographique des ressources, redistribution

« écologiques »

droits de la nature, défense de la Pachamama, des ressources (renouvelables) vitales : eaux, sols, air et biodiversité, de leur monde, de leur monde : la nature n’étant pas séparée de la culture.

Harmonie des paradigmes

AB, p 226 « En l’absence de rupture avec l’extractivisme, l’adhésion des nouveaux États plurinationaux aux cosmovisions autochtones n’a pas dépassé le domaine du discours, et l’improbable alliance entre le progressisme et le « pachamamisme » a rapidement montré ses limites. »

Pratiquer l’anti-extractivisme en Am du Sud est risqué

AB, p 33 « Persécutions, peines de prison, mais également assassinats ciblés et actes de torture – défendre son territoire comporte souvent de sérieux risques pour ceux qui osent le faire. »

AB, p 49 « […] l’Amérique latine reste, dans son ensemble, la région la plus inégalitaire du monde. […] La logique des « zones de sacrifice » est logique jusqu’au bout. »

B12) Anti-extractivismes européens

Pratiquer l’anti-extractivisme en Europe est risqué

AB, p 170 « Un jeune homme de 21 ans a laissé sa vie lors de l’une de ces mobilisations, alors qu’il exerçait tout simplement son droit à manifester contre la construction d’un barrage destiné à alimenter en eau l’agro-industrie locale. Il a été tué par une grenade offensive lancée par un gendarme, une nuit d’octobre 2014, à Sivens, dans le Tarn.

Rationalités de l’anti-extractivisme européen

AB, p 256 « En Europe, sa critique ne vise pas, ou pas directement, l’injustice d’un modèle économique national, qui, en enfermant un pays dans une étroite dépendance vis-à-vis de ses « exportations de la nature », détruit les territoires afin d’accroître ces exportations. Elle dénonce plus généralement l’ensemble des risques (en premier lieu sanitaires et environnementaux) et des injustices qu’impliquent les projets d’extraction imposés. Ce qui est refusé, c’est la logique des « zones de sacrifice », qui consiste à accepter qu’un territoire puisse être dévasté pour obtenir des matières premières ou des vecteurs d’énergie. Et cela, même si ces « ressources » peuvent contribuer à l’indépendance énergétique du pays ou alimenter ses industries de transformation et de fabrication des produits finis. […] En abordant l’extractivisme de cette façon, ce que l’on met en lumière, c’est, en définitive, le soubassement matériel de l’ensemble du système industriel, productiviste et consumériste mondial, sa dépendance structurelle à l’égard des « ressources naturelles », extraites en quantités et en nombre sans cesse croissants pour assurer son extension. »

Les rationalités principales sont écologique et démocratiques

AB, p 182 « Partout sur la planète, et même si les contextes peuvent être très différents, ce que les collectifs français anti-hydrocarbures de schiste et de couche appellent « le déni de démocratie » est une constante. Partout ou presque, le même scénario se répète : les premiers concernés apprennent que d’autres ont déjà scellé, à leur dépens, le destin du territoire où ils ont construit leurs vies, qu’ils prévoient de transformer radicalement ce qu’ils connaissent et ce qui les y attache. Ils constatent que leur avis ne compte pas et qu’on ne prend pas même la peine de les informer réellement. Choqués d’abord, indignés, puis en colère, ils découvrent qu’aux yeux des promoteurs des projets d’extraction, ils ne sont guère que des détails, tout au mieux des obstacles qu’il est possible de contourner ou même de déplacer, comme on déplace une pierre qui encombre le chemin. »

Les rationalités secondaires sont économiques et de justice sociale.

Le système dette et extractivisme est une des raisons de l’opposition – même si le lien n’est pas toujours fait de manière évidente.

Rationalités environnementales

La rationalité environnementale est quasi-inexistante (substitution des ressources, techniques, les ressources sont toujours perçues comme illimitées ?)

AB, p 240 « Comme le font judicieusement remarquer Marta Conde et Mariana Walter, chercheuses à l’Institut des sciences et technologies environnementales de l’Université autonome de Barcelone, la véritable question que nous devons nous poser aujourd’hui « n’est plus de savoir s’il reste des ressources disponibles, mais plutôt quels seront les coûts sociaux et environnementaux si leur extraction se poursuit.* » »

Importations de matières premières ou autosuffisance ?

Dilemme européen : pour alimenter notre consommation (pour la maintenir ou la développer, ce qui est le but de la croissance), on doit importer énormément de matières premières. (Le jour où la science nous permettra l’autosuffisance n’a aucune raison d’advenir.)

AB (début) « Qu’est-ce qu’implique concrètement le mot d’ordre «  Ni ici ni ailleurs, ni aujourd’hui ni demain » rapidement adopté par les collectifs [anti gaz de schiste en France en 2010] ? »

Relocalisation ?

PB, p 57 “À quoi ressembleraient nos campagnes, s’il avait fallu y monter ces dernières années les nouvelles usines – et assumer leurs rejets – correspondant à notre consommation exponentielle de téléphonie et d’informatique, de jouets, de vêtements, ou de produits chimiques ? La réponse est sans doute à trouver dans les paysages des zones industrielles chinoises récentes.”

AB, p 202-203 « Des batailles sont gagnées, donc, mais rarement la guerre. […] Mais partout, et notamment en France, les opposants savent qu’il ne s’agit que d’un sursis*. Les industriels, eux, continuent à préparer le terrain en entonnant leur chant des sirènes. Dans le nord de l’Hexagone (Nord-Pas-de-Calais et Lorraine), c’est l’exploration du gaz de couche (de charbon) qui inquiète le plus. À plus forte raison parce que cet autre hydrocarbure « non conventionnel » n’a pas bénéficié du même éclairage médiatique que le gaz de schiste, bien que son exploitation présente des risques similaires. »

B13) Paradigmes et rationalités des opposants

Extractivisme européen vs latino-américain

AB p 254-256

Paradigmes

AB, p 248 « Qu’elles préexistent aux luttes ou soient construites par et dans celles-ci, les visions de la vie qui s’y dessinent ne s’identifient pas au paradigme dominant. L’utilitarisme, l’injonction à toujours « avancer », la revendication du « toujours plus, toujours mieux, toujours plus de maîtrise sur le monde » n’en constituent pas le pivot. […] Cet idéal est donc aussi celui de la diversité, d’un monde où les différences sont perçues comme constitutives de la richesse de la vie. »

AB, p 140 « Parfois, les termes du dilemme sont plus clairs : 67% de l’or extrait sert par exemple à fabriquer des bijoux, pour lesquels on creuse de gigantesques cratères, traite le minerai au cyanure, accapare l’eau des zones arides, pollue les sources d’eau, parfois irrémédiablement. Ceux qui refusent d’être sacrifiés pour le sourire de la mariée ou la retraite paisible d’un bijoutier d’Anvers affirment que « l’eau vaut plus que l’or ». Peut-on, en bonne conscience, contester leur point de vue ? »

Luttes particulières / lutte globale

AB, p 250-251 « En dépit de toutes les incertitudes et de toutes les violences qui l’entourent, chaque résistance contribue à l’émergence, à la consolidation et à la diffusion d’imaginaires alternatifs. Dans cette perspective, les luttes locales pour défendre des espaces pour être sont à la fois un préalable indispensable à un changement de paradigme et une condition de la préservation de la vie. »

Rationalités

Socio-économiques

(Justice sociale et économique : légitimité d’accès aux ressources, redistribution)

AB, p 189-190 « Enfin, pour la plupart des opposants, le fond du problème n’est pas comptable : quand bien même les industries extractives créeraient des emplois, cela ne rendrait pas pour autant acceptables les risques qu’elles font courir au milieu, à la santé, à la qualité de vie, à la beauté des paysages, à tout ce qu’on ne saura pas reconstruire et que l’on regrettera toujours après avoir passé quelques années à travailler pour l’entreprise qui l’a détruit. »

Écologiques (destruction des écosystèmes, changements climatiques)

Opposants extractivisme et climat

AB, p 238 « Quant au rôle joué par « l’anti-extractivisme » en matière de lutte climatique, il semble important de préciser avant toute chose que celles et ceux qui prennent part à ces luttes – ou, devrait-on dire plus prudemment, aux luttes contre des projets extractivistes concrets – défendent d’abord leurs lieux de vie contre les agressions des industries extractivistes. Ils ont leurs propres priorités, et l’urgence de leurs combats locaux ne leur laisse souvent guère le temps de prendre part aux rassemblements et convergences autour d’enjeux plus globaux. »

Environnementales (épuisement des ressources)
Philosophiques (quel sens donner à l’extractivisme ?)

PB, p 106 “À cette triple impasse, bien physique, s’ajoutent l’impasse sociale, avec le creusement des inégalités […] et l’impasse morale : […] un monde qui chauffe les terrasses des cafés sans s’émouvoir de ce gaspillage insensé, nous montre que là aussi les limites peuvent être poussées assez loin.”

Quelqu’un ou quelque groupe qui s’y oppose a son propre mélange de rationalités parmi celles-là

B2) Approche et concepts décroissant.e.s

B21) Espace écologique : planchers et plafonds

Limites et frontières

Les décroissants préfèrent le respect des limites au dépassement des frontières. Le fait que les ressources naturelles soient limitées est considéré par nous comme une chance.

Espace écologique

Il définit l’espace dans lequel nous pouvons tous vivre dignement (planchers) à long terme (plafonds). Ce concept se décline assez systématiquement : faim / appétit / gourmandise.

Extraire des ressources au-dessus des planchers, pourquoi pas, mais alors en-dessous

  • d’un plafond physique de renouvellement,
  • d’un plafond moral de gestion des stocks de ressources non renouvelables
  • d’un plafond moral de justice sociale,
  • et des plafonds écologiques de destruction des conditions de la vie – par effondrement des plafonds (milieux progressivement de plus en plus hostiles, le toit est de plus en plus bas, la maison est de moins en moins habitable.)

B22) Effondrement des plafonds : la falaise de Sénèque

Exploiter et surexploiter la nature et l’homme

Exploiter la nature et l’homme
C’est déjà avoir un rapport utilitariste (rationalité philosophique)
Surexploiter la nature et l’homme : effondrement des plafonds
Lapins / prairie (Servigne)
Falaise de Sénèque

NS, p 145 « Selon Luc Gnacadja, responsable de la lutte contre la désertification à l’ONU : « Ce n’est qu’en prévenant cette dégradation [environnementale globale] que nous pourrons faire face aux défis des changements climatiques, de la croissance démographique, de la réduction de la pauvreté et de la sécurité alimentaire », précisant que « 12 millions d’hectares de terres productives étaient perdus chaque année »* »

PB, p 103 “Une impasse sur les ressources, non renouvelables ou exploitées à un rythme insoutenable, énergies fossiles, métaux ou minéraux comme le phosphore, forêts, pêcheries, … Mais aussi effondrement de la biodiversité et sols agricoles qui se dégradent ou disparaissent : par salinisation […], par destruction biologique […] par érosion.”

Surexploiter la nature et l’homme est une attitude destructrice et non émancipatrice

B3) Les oppositions décroissantes

Avec ces concepts transversaux construits sur une rationalité complexe, nous pouvons lutter contre l’extractivisme complexe.

B31) Nous ne hiérarchisons pas les oppositions

Nous nous opposons au système dette et extractivisme

AB, p 241 « L’opposition à l’extractivisme, elle, n’a pas à rechercher de justifications en termes de calcul coûts/bénéfices. Elle vise le caractère intrinsèquement amoral d’un système homicide et écocide, qui continuerait à provoquer des ravages même s’il changeait de carburant. Si ce système est à combattre, ce n’est pas [seulement] parce qu’il ne serait pas « viable » ou parce qu’il serait « incertain » pour notre confort et notre sécurité. C’est parce qu’il est inacceptable et révoltant en soi. Les destructions qu’il impose ne peuvent pas être négociées ou gérées en bon père de famille. Il faut empêcher qu’elles se produisent, et c’est ce que font d’ores et déjà ceux qui résistent à l’avancée des frontières extractives. »

Paul Ariès, préface de NS, p 19 « […] nous nous opposons à l’extractivisme au nom d’un autre projet, […] nous combattons la barbarie au nom de l’éco-socialisme (c’est ainsi que personnellement je choisis de qualifier ce projet, d’autres dénomination sont tout aussi plausibles). »

Hiérarchiser conduit à des absurdités (pour les décroissants)

AB, p 230 « Dans la catégorie de « l’énergie à bas carbone », les experts du GIEC incluent « les énergies renouvelables, le nucléaire, les énergies fossiles associées à la capture et au stockage du carbone (CCS) et les biocarburants avec CCS »*. Les méga-parcs éoliens, les méga-stations solaires, les méga-centrales géothermiques, les centrales nucléaires et même les centrales à gaz qui capteraient leurs émissions à la source, comme, plus généralement, toutes les installations industrielles permettant de capter et de stocker le CO2, sont donc – puisqu’ils fournissent des énergies peu émettrices de GES ou permettent de diminuer leur concentration dans l’atmosphère – identifiés comme pouvant faire partie de la solution. Et ce, même si, dans son très long rapport, le GIEC en liste aussi les risques et les limites. Nous avons vu que, déployés à grande échelle, ces différentes technologies de la « croissance verte » sont loin d’être « immatérielles » et inoffensives (de même que ne l’est pas l’électronique destinée à améliorer l’efficacité énergétique)*. Mais, puisqu’il est surtout question de limiter le réchauffement, le besoin d’extraire les différentes matières (autres que le pétrole, le gaz ou le charbon) nécessaires à la production de l’énergie, à son stockage, à la construction de nouvelles infrastructures, au captage de CO2, etc. – biomasse, eau, cuivre […] – n’est pas considérée comme rédhibitoire, pas plus que ne le sont les destructions que l’obtention de ces matières peut impliquer pour les territoires et les personnes.* »

AB, p 238 « Considérant « le bouleversement du climat » comme « la crise la plus profonde qu’ait suscité le paradigme extractiviste », Naomi Klein consacre de nombreuses pages de son dernier livre au « mouvement anti-extractiviste ». Elle le situe même aux avant-postes du mouvement climatique mondial qu’elle espère voir grandir. Pourtant, nous l’avons vu, le simple fait de chercher à « atténuer » le réchauffement de l’atmosphère ne suffit pas à remettre en cause l’extractivisme. Il pourrait même, dans la pratique, servir à cautionner sa poursuite. Le mouvement « pour changer le système, pas le climat » doit donc commencer par prendre au sérieux « l’anti-extractivisme » en ne mettant pas les émissions de GES au-dessus de toutes les autres formes de destruction de la nature et de la vie produites par le système qu’il combat. Certes, nombre de militants « climatiques » s’opposent résolument aux « fausses solutions » techno-marchandes et notamment à la manipulation du climat. Mais ils n’en restent pas moins marqués par l’impératif prioritaire de limitation des émissions-carbone, devenu le principal critère d’évaluation du caractère « écologique » d’une technologie ou d’une pratique. »

Entrée/sortie

NS, p 22 « Le pillage des ressources minières, fossiles et agricoles est à l’origine du capitalisme, de la richesse de l’Europe et de son oligarchie, ce que Fernand Braudel nomme « l’économie-monde » : un centre dominant et des périphéries asservies. Notre idée est d’observer si la notion d’extractivisme, prise dans un sens large, recouvrant le pillage des ressources naturelles, humaines et financières, permet d’expliquer aussi bien la croissance des inégalités sociales que la destruction de l’environnement. »

Pour résumer

NS p 132 « Pourtant des milliards de pauvres n’auront jamais accès à ce « paradis consumériste », car la croissance de ce conso-gaspillage n’est possible que par la faim, la pauvreté et les pertes de territoires que d’autres subissent. »

B32) Entrées : Conditions d’extraction

Moyens d’extraction

Dettes illégitimes, corruption, conditions de travail : échange inégal avant même l’échange monétaire (prix du marché)

Conséquences (externalités) de l’extraction : des déchets à l’entrée du système !

Épuisement des ressources, pollutions environnementales, inégalités sociales (extractivisme humain)

B33) Sorties : Destination des ressources

Objectif : Alimenter le productivisme occidental et la chaîne qui le suit (alimenter la croissance, augmenter la richesse, des pays riches)

Produire plus de biens avec plus d’énergie, pour plus de consommation (PIB) ici

NS, p 45 « Un kilogramme de café dont le prix varie autour de un euro pour le producteur peut être vendu jusqu’à 150 euros dans un café parisien en « petits Noirs » ou sous forme de dosettes individuelles aux particuliers. Bien que revendu 150 fois son prix par Nestlé […] cette société ne reverse rien de ses bénéfices colossaux aux producteurs. »

Externalité ou intentionnalité ? Inégalités sociales

Redistribution centre-périphérie au Nord comme au Sud

B34) Sens de la vie

Sens (ou plutôt absurdité) de la vie extractiviste

NS, p 45 «  […] le premier exportateur de bananes au monde est l’île anglo-normande de Jersey, un paradis fiscal. »

AB, p 18 « Pour en juger, on examinera ce qui est extrait exactement et comment il l’est ; quels « besoins » il s’agit de satisfaire et sur quelle définition du « progrès » cela repose ; qui en profite et qui en pâtit ? En comparant deux modes de production radicalement différents (celui de l’agro-industrie et celui des agro-écologies), on montrera que l’extractivisme cesse d’être une fatalité si on accepte d’interroger nos objectifs et nos imaginaires communs. »

AB, p 19 : « La recherche et l’exploitation effrénées des « ressources naturelles […] dévastent déjà, et de plus en plus vite, les derniers écosystèmes préservés et multiplient les « zones de sacrifice », grossissant jour après jour les rangs des populations dont l’habitat, la santé, la culture et la vie même sont anéantis. De concert avec les autres formes d’enrôlement forcé des territoires au service du système industriel et marchand, elles détruisent les possibilités de vie. En face, les gardiens des « dernières frontières », qui défendent leur habitat et leur milieu naturel, luttent également pour qu’habiter la Terre continue à avoir un sens. C’est cela que la critique de l’extractivisme permet, entre autres, de mettre en lumière, et c’est, de mon point de vue, une des principales raisons de s’y intéresser. »

AB, p 212 « Enfin, il paraît difficile de refuser « le débat public », notamment parce que l’une des raisons de l’indignation des opposants est le « déni de démocratie ». Cependant, il est possible de ne pas tomber dans les chausse-trappes d’un tel débat en refusant radicalement le fractionnement de ses enjeux et en en posant soi-même clairement les termes. Dans le cas des oppositions aux « hydrocarbures extrêmes », les raisons de la contestation dépassent de loin la seule technique de fracturation hydraulique. La discussion ne doit donc pas se focaliser sur celle-ci, ni sur les fameuses « techniques alternatives »*. Plus généralement, il semble dangereux pour l’opposition de fonder son argumentaire sur les seules considérations techniques ou sur la réalité discutable des bénéfices potentiels de l’extraction (croissance, emplois, développement, etc.). La question qui se pose est en effet beaucoup plus vaste, et c’est probablement là que se situe le principal défi pour les mouvements de lutte contre les projets extractivistes : élever le débat au niveau de ses véritables enjeux, à savoir un choix de société et une vision du monde et de la vie. »

Lien vers absurdité développement site, productiviste et consumériste

AB, p 52, 53 : « le « développement », oblige « à transformer et à détruire, de façon généralisée, le milieu naturel et les rapports sociaux en vue d’une production croissante de marchandises ». »

AB, p 247 « Derrière la notion de « développement », qui est un état transitoire, il y a l’idée que vivre ne serait pas suffisant, explique pour sa part un Nasa de Colombie : « pour nous, il n’y a pas de développement, il y a la vie. » »

PB, p 306 “L’hyperspécialisation du travail a eu pour base la recherche permanente de productivité. Or cette productivité est devenue destructrice [productivisme], en nécessitant une utilisation accrue d’énergie et de métaux […] en obligeant à une consommation effrénée et vide de sens.”

AB, p 147 « Mais il n’est pas besoin de pousser la réflexion très loin pour constater que quand bien même les fleurs coupées qui fanent moins vite (grâce au nitrate d’argent) ou les lunettes qui affichent le nom des rues et des commerces lorsqu’on s’y promène sont effectivement à des années-lumière de la « bougie » et de la « caverne » auxquelles les défenseurs de notre « confort » ont si peur de devoir revenir, elles n’ont, concrètement, de rapports avec une « vie bonne » que si l’on réduit celle-ci à un panier de produits – à l’utilité relative – et au revenu qui permet de les acheter. »

Sens de la vie décroissante

Sens de la vie / sens de la mort : décroissance = apprendre à mourir

PB, p 249 “Faut-il se liquéfier sur un lit d’hôpital après trois opérations pour se maintenir en vie quelques mois de plus ? Pourquoi s’offusque-t-on de la progression du suicide chez les personnes âgées ? Un peu pour le PIB, sans doute. Mais peut-être aussi parce que notre société ressent une certaine culpabilité générationnelle ?”

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