Économie à l’arrêt. Chaîne de montage en suspens. Vie sur courant alternatif.
Ici le monde gémit, sous perfusion d’une économie empoisonnée.
Mais au-delà de la récession, aujourd’hui, c’est la contrainte exercée sur nos corps qui doit être mise en question. Si nos corps ne sont plus « la chose du roi » comme disait Foucault dans Surveiller et punir, les voilà désormais chosifiés.
Pour pallier les conséquences de leurs politiques sanitaires défaillantes, nos gouvernants, calés sur le nouveau standard chinois de gestion de crise, choisissent de nous confiner. Un confinement à la durée arbitraire et changeante. Nos dirigeants décident d’ailleurs de son prolongement selon des critères nébuleux. Est-il question de s’adapter à l’évolution de la maladie ou bien à celle des marchés ?
La mise sous tutelle de nos corps serait-elle l’addition salée de trente ans de néo-libéralisme ?
Dans une sorte de salle d’attente géante, nous attendons. Silencieux. Obéissants. Ils ont fait de nous trois milliards de malades potentiels, donc trois milliards de malades ! Vous, chacun, chacune, vous êtes devenus, malgré vous, des terroristes du Covid-19.
Nous attendons la sentence ultime, case terminale du jeu du virus de la couronne : l’hôpital. L’hôpital, lieu caractéristique de la plus grande dépossession des corps. Qui y a déjà séjourné, sait que, là-bas, son corps ne lui appartient plus vraiment, abandonné au corps médical. Votre corps est devenu le leur. Nous nous en sommes remis au corps médical car, déjà, nous avions pris pour acquis que notre corps n’était plus complètement le nôtre ; que nous n’étions plus entièrement souverains.
Ce corps médical qui, en dernier recours, se démène pour sauver les corps encore « récupérables », vit une situation extrême ; au bord de la crise de nerf. Les soignants, extrêmement exposés, flirtent avec le virus autant qu’avec l’épuisement psychique. Ils crient leur désespoir depuis des années, abandonnés de l’État qui a rayé le système public de santé de ses priorités. En France, l’Hôpital public n’existait plus qu’à travers les grèves des urgentistes. Ce lâche abandon, typique de la contagion capitaliste, aucun et aucune d’entre eux ne l’oubliera. Tel des pompiers kamikazes bravant les flammes d’un incendie provoqué de l’intérieur, combien de temps encore ces humains pourront-ils sauver des corps meurtris dans un système de santé assassiné. En sortiront-ils indemnes ? On nous a fait croire que la Santé était un secteur comme les autres, un secteur qui devait être rentable, rapporter de l’argent, et aujourd’hui, alors que les soignants manquent de masques, ce sont les actionnaires qui réclament leur dûs. Pathétique capitalisme où les tragédies mondiales font le petit lait des investisseurs éternels insatisfaits.
Revenons à nos corps : pourquoi acceptons nous une telle situation, sans sourciller ?
Une petite voix chuchotera : par soucis de préserver les plus fragiles. Certes. Mais au-delà, qu’est ce qui crée cette acceptation générale? Face aux injonctions « d’en haut », face à la culpabilisation générale, nous n’osons même plus remettre ce mode opératoire en question. En vérité, le questionnement, en soi, est devenu plus dangereux que le virus lui-même !
Pour quelles raisons devrions nous subir l’incurie de ce système capitaliste à l’économie mondialisée qui est lui, à l’origine de nos maux actuels ?
En fait, derrière ce système anonyme, structurellement morbide, il y a des humains au pouvoir, qui chaque jour, prennent des décisions en dehors de toute « humanité », affranchis de toute éthique, dont le souci majeur est de contribuer au profit des grosses entreprises.
Aujourd’hui, ces mêmes personnes moralisent nos comportements – jugés irresponsables – et nous imposent un confinement, sous peine de lourdes amendes. Ils ont oublié qui sont les véritables responsables. Amnésie générale. Immunité aux plus corrompus, aux plus gros évadés fiscaux, aux plus grands gourmands de la finance. Immunité à tous ceux qui tiennent ce système qui nous tue.
Nous serions responsables de la propagation du virus et c’est pour notre bien qu’il faudrait accepter d’être enfermés. Prison de courtoisie. Enfermement consenti. Une telle proposition ne saurait être acceptée. Nous ne sommes responsables de rien et certainement pas de la situation actuelle. C’est pourquoi, nous devons tout faire pour remettre en question les exigences actuelles et imposer nos alternatives. Penser ou dépenser ? Il faut choisir !
Laissons les régnants patauger dans leur dystopie et préparons une utopie, notre utopie ; un monde où nos corps seront libres de se toucher, de savourer la beauté du monde et où la préservation du vivant sera la pierre angulaire de toute politique, où l’économie et ses sbires seront renvoyés dans les livres d’histoire, une histoire des vainqueurs enfin vaincus.
Si l’on peut observer que les émissions de gaz carbonique ont chuté et que l’air des villes redevient respirable, l’on doit aussi admettre que ces beaux résultats ne sont le fruit que d’un bien triste hasard. La décroissance actuelle est factice. Entièrement subie, cet état de faits ne représente en rien le choix d’un modèle de société juste, éthique et écologiquement soutenable.
Sans attendre, préparons la suite de nos luttes. Il est urgent d’anticiper les conséquences afin d’atténuer les effets indésirables de cette stratégie du choc. Soyons prêts à proposer des modes de vies désirables, respectueux du vivant. Soyons prêts à nous réapproprier nos corps. Soyons prêts à devenir nos propres souverain. Soyons prêts à choisir pour nous mêmes la vie que nous désirons vivre. Nous avions oublié que nous étions libres, il est grand temps de se souvenir.
le 28.03.2020
Sofian Achabe et Marie-Annick Combarieu
Donc, comme ils sont les responsables, on sort tous dehors pour montrer notre esprit de responsabilité C’est bien ça si j’ia bien compris. Soyons responsables et libres, propageons le virus et montrons que nous sommes capables de gérer une société. Des articles de cette trempe, il y en fleurit toutes les secondes. Restons dans le virtuel qui ne mange pas de pain mais n’en donne pas non plus.
Bonjour,
Dommage, le texte comme il est tourné est à plusieurs reprise ressenti comme un plaidoyer à ne pas rester confiné. Mais malheureusement le confinement est la seule solution aujourd’hui face aux innombrables erreurs de nos gouvernants, cependant je ne pense pas que ce texte soit ce qu’il fait ressentir à plusieurs reprises.
Effectivement ce n’est pas avec ce texte qu’il faut aborder la population, il faudrait le retravailler, car il peut être vraiment mal compris.
Heureusement le mot de la fin confirme son vrai message : « préparons la suite » j’aurai ajouté : « pendant que nous sommes confinés et après », préparons la suite… Soyons prêt à proposer…