Intervention de Baptiste Mylondo, lors des (f)estives 2024.
Quel modèle social quand on sort de la croissance, c’est-à-dire quand on sort d’un modèle dans lequel la croissance de la production promet de satisfaire a) le plein-emploi (plus de production, donc plus d’emploi) et b) de réduire la pauvreté (en augmentant la taille du gâteau) ?
Baptiste a distingué 2 écoles d’objection de croissance :
- Un modèle social sans croissance mais avec plein-emploi (Jean Gadrey, Dominique Méda) basé sur a) la sortie de la course à la productitivité, b) le pari de la transition écologique (plus d’emplois perdus que d’emplois gagnés, surtout grâce à l’agriculture) et de la transition sociale (activités de soin, de care), c) le partage de l’emploi.
- Un modèle dans lequel l’enjeu n’est pas l’emploi mais la sortie de la société laborieuse (B. Mylondo). Pourquoi ? Parce que, à cause de la « révolution laborieuse » (Jan de Vries), on est passé du travail comme moyen à l’emploi comme finalité (promotion de la valeur-travail).
- Quelles résistances à la révolution laborieuse ? Le droit à la paresse (P. Lafargue), l’apologie des oisifs (R.L. Stevenson), l’éloge de l’oisiveté, (B. Russel), le refus catégorique du travail (B. Black).
- Pourquoi refuser le travail (David Frayne) ? Usure mentale, pas d’épanouissement, perte de sens, conflit éthique.
- Qu’est-ce qu’on y gagne ? Le plaisir a) de s’affranchir de la consommation (trop coûteuse), b) defaire par soi-même, c) d’avoir du temps.
- Qu’est-ce qu’on y perd ? Du revenu, coûts sociaux et symboliques, estime de soi).
C’est ainsi que dans une société post-croissance, le temps libéré (# temps libre) nous libère de la peur du vide et de la peur du vice, nourrit notre quête d’autonomie et nous émancipe de la tyrannie du temps (vitesse et accélération, H. Rosa).