Le transhumanisme est un mouvement en vogue, se donnant pour objectif de transformer l’homme et de créer un être nouveau aux capacités supérieures à celles des individus actuels. Cette transformation s’envisage aussi bien au niveau personnel que collectif, conduisant alors à une forme d’humanité supérieure. Différentes facultés de l’être humain seraient concernées : physiques, mentales et cognitives. Mais ce rêve d’un être supérieur basé entre autres sur l’intelligence artificielle ne serait-il pas une manière de permettre aux plus puissants d’accentuer leur domination ?
Cet ouvrage est un véritable réquisitoire contre ce rêve de domination et de pouvoir portés par certains individus très haut placés dans l’échelle sociale qui se désignent volontiers comme transhumanistes. On les retrouve souvent à la tête de grandes sociétés à la pointe de la technologie. Cette super élite, immensément riche, promeut le mythe de l’explosion technologique, avec une reprise fantastique de la croissance économique. Elle ne s’inquiète guère de tous les avertissements catastrophistes, car toutes les menaces seront annihilées par la technoscience ! Pour faire partager cette vue radieuse à ceux qui en sont naturellement les premières victimes, les puissants ont trouvé quelques philosophes savants qui ont bâti le mythe du transhumanisme : édifice séduisant et fascinant, mais véritable imposture.
Sommaire____________________________________
Prologue : attention aux GAFA !
I. Le transhumanisme et sa généalogie
II. Au-delà des limites
Épilogue : L’avenir sans silicone
EXTRAITS
Les milliardaires dépensent massivement dans la voie transhumaniste et y placent beaucoup d’espoir, mais d’autres personnages jouent aussi un rôle important. Ce sont ceux qui pensent, étudient, théorisent, diffusent, organisent des conférences, publient des livres et des articles pour faire avancer la technoscience comme le transhumanisme.
D’après certains transhumanistes, d’ici vingt ou trente ans, l’intelligence artificielle peut dépasser (sûrement) l’intelligence humaine, mais surtout (probablement ou possiblement) la supplanter. Ce risque serait analogue à celui encouru dans les laboratoires biogénétiques. En effet, certaines formes modifiées de virus ou de bactérie pourraient échapper au laboratoire et se répandre dans la nature et devenir incontrôlables.
Le transhumanisme transgresse toutes les évidences biologiques, tant en ce qui concerne l’individu (en voie d’augmentation et voué à devenir immortel) que la société (à devenir parfaite, ou presque). Il n’est évidemment pas précisé dans les discours transhumanistes correspondants que l’individu, c’est le transhumaniste qui le mérite bien, ne serait-ce qu’au nom de sa fortune. L’homme « moyen » (donc non transhumain) ne compte pas ou si peu.
Ne craignez pas les transhumanistes, ils disparaîtront avant même d’être réellement apparus. Craignez plutôt votre incapacité à constituer des territoires résilients low-tech, démocratiques, libres et solidaires. Construisez vos canots de sauvetage avant que les transhumanistes ne s’attaquent à l’humanité !
Christian Araud, polytechnicien, spécialisé en économie du développement, ancien consultant international, a construit au cours de sa vie professionnelle une réflexion originale. Installé dans les quartiers nord de Marseille, conscient des dégâts de notre modèle de développement, il a entrepris un travail sur la décroissance en militant dans de nombreuses associations et en publiant de nombreux articles et ouvrages sur le sujet.