La pauvreté – s’abstenir du superflu -, autrefois distinguée de la misère – manquer de l’essentiel -, fut pendant longtemps un idéal de vie en occident comme ailleurs : faire « vœux de pauvreté » était alors valorisé ( et la terre tournait rond ). Mais l’avènement du capitalisme a accouché d’une « civilisation de l’inégalité », dans laquelle « la richesse la plus inouïe côtoie la misère la plus abjecte » ( Tocqueville, 19ème s. ) et où « la misère chasse la pauvreté » ( Majhid Rahmena, 21ème s. ).
Aujourd’hui assimilée à la misère, la pauvreté devrait alors être « éradiquée », c’est même un des « objectifs du millénaire » du Programme des Nations Unies pour le développement ( PNUD ). Par un glissement de vocabulaire, les pauvres – devenus dans la société de consommation ceux qui ne peuvent obéir aux injonctions de la publicité – seraient aussi devenus un problème à éradiquer.
Il nous semble au contraire que la richesse est devenue le problème majeur qui précipite l’effondrement planétaire, pour au moins trois raisons : d’abord le niveau de gaspillage des riches est insoutenable : si tous les habitants vivaient comme l’actuel ministre de l’écologie, la planète serait déjà détruite. Ensuite, les riches donnent le mauvais exemple du gaspillage inutile à la masse de la population, c’est pour cela que les limites physiques de la planète sont aujourd’hui dépassées. Enfin, la richesse a détruit – et continue de détruire – les sociétés traditionnelles, qui savaient vivre dans le respect de la nature.
C’est pourquoi, pour sauver la planète et les hommes, les décroissant.e.s proposent « d’éradiquer la richesse » par toute une série de mesures : limitation des revenus du travail dans une fourchette de 1 à 4, suppression des revenus (mais pas de l’usage modéré) du capital et du patrimoine, travailler moins en organisant le partage des tâches indispensables, retraite d’un montant égal pour tous, allocation jeunesse dès 18 ans, relocalisation, à petite échelle, de toutes les productions de base…
Alors, peut-être, pourrons nous en finir avec cette guerre civile permanente pour l’accumulation de richesses, ce jeu stupide où tout le monde fini par perdre en détruisant la maison commune. Ce qui n’est plus possible n’est plus souhaitable, la vraie vie est ailleurs : dans la sobriété plutôt que dans le gaspillage, dans la coopération plutôt que dans la concurrence, dans la contemplation plutôt que dans la destruction, dans le sentiment plutôt que dans le calcul, dans le partage en commun plutôt que dans le repli égoïste, dans le bricolage plutôt que dans le dernier gadget à la mode…
J’ai eu accès à votre site par votre commentaire à la lettre de Daniel Mermet. L’idée de la décroissance m’intéresse mais pour le moment, je ne sais trop quoi en penser. Je lirai donc dans les jours qui viennent vos articles et comptes-rendus. Malheureusement, je sens que cela va m’énerver puisque vous utilisez cette écriture incongrue qui rend les textes illisibles. Si l’on veut marquer le féminin, on écrit le mot au féminin ou, à la rigueur, comme on faisait jusque là, on écrit: décroissants(tes). Je précise que je suis une femme, de gauche, féministe mais que ce combat d’arrière-garde nous ridiculise et je trouve dommage que des idées originales, intéressantes et généreuses comme les vôtres jouent ce jeu et utilisent un procédé venu d’on ne sait où , d’on ne sait qui. Et je soupçonne que ce ne soient pas de bons amis…
Bon, d’accord pour « les décroissants(tes)..! au-delà, il existe un journal papier « La décroissance-journal de la joie de vivre! » qui peut aider à une saine réflexion sur le sujet..qu’on peut trouver dans pas mal d’endroits (le journal, pas la réflexion, hélas)
Bonnes lectures !
Michel