Alors que s’achève la conférence sociale entre le patronat, les syndicats et le gouvernement, il apparaît très clairement que ce dernier ne se donne aucun moyen pour bloquer les licenciements et a clairement choisi en faveur de qui il allait gérer les affaires. Le ministère du redressement productif, censé sauvegarder les bassins d’emplois, est avant tout un ministère de la parole et de la communication destiné à faire passer la pilule et à occuper le terrain médiatique sans proposer d’alternative aux licenciements et aux mesures d’accompagnement classiques.
Face à cela, et alors que les projets de délocalisation et les plans de licenciements se multiplient, seule l’intervention des travailleuses et des travailleurs ainsi que la coordination de leurs luttes peut faire pencher la balance du bon côté et imposer des choix politiques propres à faire reculer les capitalistes et à les priver de leur pouvoir de décision. Le droit de veto des travailleuses et des travailleurs sur les licenciements, la réquisition des entreprises, la réduction du temps de travail sans baisse de salaire, la mise en place de services publics réellement contrôlés par la population sont autant de revendications qui peuvent être portées pour lutter contre la loi des patrons. Au-delà de cela, reprendre en main les entreprises, c’est aussi repenser l’organisation du travail et l’organisation de la production pour prendre en compte les besoins réels de la population et non alimenter une soif de croissance débridée et mortifère. On ne peut en effet prétendre rompre avec le capitalisme sans rompre avec le productivisme et la surexploitation de l’environnement.
Nous ne sommes pas dupes du « changement » promis par le nouveau gouvernement et la politique qu’il entend mener reste une politique de rigueur, dans la droite ligne de l’austérité qui s’impose de plus en plus à l’échelle européenne, notamment par le biais d’un « pacte budgétaire » approuvé par le nouveau gouvernement sans que le population ait son mot à dire. Pour imposer le retour à l’équilibre budgétaire, Hollande et Ayrault s’apprêtent à continuer la saignée des services publics en taillant dans les effectifs et en poursuivant la politique de blocage des salaires des fonctionnaires. Et ce ne sont pas les 120 milliards d’euros d’aides et de prêts pour les grands travaux en Europe qu’ont promis de débloquer les dirigeants européens qui sont de nature à atténuer ce régime de rigueur. De même, ils parlent de mettre en place une taxation sur les transactions financières sur laquelle ils sont incapables de se mettre d’accord mais qui ne permettrait de récupérer qu’une infime partie des profits accumulés par les capitalistes.
Pour toutes ces raisons, nous estimons qu’il est urgent de rompre avec l’attentisme qui accompagne les premiers pas de ce gouvernement.
L’attentisme a dominé les expériences précédentes de la gauche au pouvoir qui ont toutes débouché sur des plans d’austérité et une aggravation des inégalités de richesses. Nous ne voulons pas que les mêmes causes produisent les mêmes effets, c’est pourquoi nous pensons qu’il est important de construire dès maintenant une opposition de gauche, autre, anticapitaliste et donc alternative aux politiques patronales et gouvernementales. Ne pas le faire revient à laisser la droite et surtout l’extrême droite incarner à elles seules une opposition politique, alors que leur seul but est de (re)prendre le pouvoir pour incarner un état toujours plus autoritaire, inégalitaire et raciste !
Les travailleuses et les travailleurs s’apprêtent à subir une violence sociale sans précédent du fait de la multiplication annoncée des plans de licenciements et pour arrêter de subir et reprendre les choses en main, il n’y a pas d’autre choix que de rompre avec le capitalisme en imposant une redistribution des richesses. Miser sur une hypothétique croissance pour améliorer la situation, c’est se laisser prendre au jeu d’une économie productiviste dominante dans laquelle nous sommes toujours perdant-es. Et quel que soit le gouvernement au pouvoir, seule l’intervention directe de tou-tes les exploité-es et de tou-tes les opprimé-es pourra faire tomber le mur de l’argent !
Mercredi 11 juillet 2012
Alternative Libertaire, la Fédération Anarchiste, le Mouvement des Objecteurs de Croissance, le Nouveau Parti Anticapitaliste.