Merci à Xavier Renou pour cette contribution ; courte mais dense.
j’ai tendance à penser que les deux démarches, de désobéissance (de lutte, quoi), et de pratique décroissante (projet de vie) sont complémentaires mais que si l’on n’a que l’une des deux démarches on est boiteux : la désobéissance se nourrit des expériences concrètes d’émancipation que les décroissants développent sur la marge de la société capitaliste. En retour, ceux-ci ont régulièrement besoin de désobéir (contre les préfets, pour le droit de vivre en yourte, de travailler sans être payé en monnaie, la récupération de terres, la culture de semences du passé, etc.) et en même temps d’être soutenues par la désobéissance dans les villes… sous peine d’être autorisées tant qu’elles ne dérangent pas trop, puis écrasées quand il faut reprendre la terre pour y mettre une centrale nucléaire, une autoroute ou je ne sais quoi… gardons nous de l’illusion que je vois parfois chez les décroissants de croire qu’il suffit de vivre en alternatif pour peser sur la société… Les classes moyennes éduquées ont certes le moyen d’opter pour ce type de projet alternatif, mais le système a aussi le moyen de ménager des marges pour ses marginaux, et de continuer pendant ce temps-là à bousiller la Terre et appauvrir les humains… Il faut des lutteurs (sur la barricade, aux côtés des gens des usines et des entreprises, des cités HLM et des services publics en voie de disparition) et des constructeurs (dans les co-habitats, les fermes coopératives, les squats agricoles ou culturels), en parallèle et en solidarité.