Dans le cadre de la promotion de son dernier livre « Les sept écologies », Luc Ferry s’attaque un peu partout dans la presse à la décroissance. Faisant feu de tout bois pour décrédibiliser cette dernière, il y oppose une idéologie prétendument révolutionnaire : l’écomodernisme. Retours critiques de la part de décroissants qui ont pris la peine de le lire attentivement.
La décroissance pose la question du sens de la vie quand l’écomodernisme défend jusqu’à l’absurde la croissance et son monde
Mais il se trompe sur ce qu’est la décroissance. Les (p)artisans de la décroissance partagent certes certains constats alarmistes, mais Luc Ferry se méprend en nous assimilant à des adeptes de l’effondrement. Nous nous opposons radicalement à l’argument de la nécessité, qui serait : l’effondrement étant inéluctable, nous n’aurions qu’à nous y résigner et nous y adapter. En plus d’être de nature à paralyser par l’angoisse qu’elle inspire, cette pensée porte surtout les germes d’une dépolitisation de l’enjeu écologique. Qui pourrait imaginer se mobiliser contre la loi de gravité universelle ou de la chute des corps ? La décroissance est au contraire un projet politique commun, qui ne peut être réduit au slogan « there is no alternative ». Ce n’est pas la crise écologique qui fait de nous des décroissants, car quand bien même nous serions dans un monde aux ressources infinies et aux richesses illimitées, nous défendrions une société à la production plafonnée et limitée dans son « exploitation » de la nature. C’est donc bien par choix idéologique que nous souhaitons un monde décent socialement et responsable écologiquement.