Communiqué du MAN sur le cessez-le-feu à Gaza

Pourquoi diffuser sur notre site ce communiqué du MAN ? A l’époque des fakes et des « faits alternatifs », nous apprécions particulièrement l’effort qui y est fait de montrer que l’usage des mots n’est jamais arbitraire et surtout qu’il ne peut avoir de commun dans la communication qu’à condition de respecter des distinctions : parce que les distinctions sémantiques sont des conditions de la clarté politique.

Ainsi, « otage » n’est pas l’antonyme de « prisonnier » mais une espèce de prisonnier : tous les prisonniers ne sont pas des otages mais tous les otages sont des prisonniers. Au sens strict, un « otage » est un prisonnier traité comme un « moyen », de pression, de chantage, d’échange… Dès qu’un prisonnier est traité comme un moyen de pression, c’est un « otage ».

Il en va de même pour « terroriste » et « résistant » : tous les résistants ne sont pas des terroristes, mais il y a des résistants qui le sont, et ils le sont parce qu’ils pratiquent une politique au moyen de la terreur. C’est cette pratique qui fait le terroriste et c’est pourquoi un État peut l’être. Et surtout l’antonyme de « résistance » n’est pas « terrorisme » mais « collaboration ».

Voici donc quelques rappels de vocabulaire pour montrer qu’aujourd’hui à Gaza et en Cisjordanie, l’asymétrie n’est pas que militaire, elle est aussi sémantique. Voilà pourquoi, ici en France, il faut rappeler qu’une information qui se fait dans les termes de la propagande ne respecte pas sa déontologie.

« Dans cette guerre de tous les records avec le plus d’enfants tués au 21ème siècle, le plus de journalistes tués, le plus de bombes lancées, le plus d’espaces civils détruits

Dans cette guerre où chaque action d’un civil peut engendrer surveillance, intimidation, censure, emprisonnement et torture le MAN ne peut que souligner la trêve actuelle dans tout ce qu’elle peut apporter d’amélioration des conditions de survies des populations impactées et inciter à la poursuite de tous les mouvements de mobilisation pour que cette tragédie ne devienne pas un fait de plus dans l’actualité.

Cette trêve est également l’occasion de revisiter nos perceptions de la situation, d’alerter sur une utilisation réactive de termes chocs dans les médias.

Distinguons les termes d’otage et de prisonnier, de terroriste et de résistant.

Quel pays est occupé ? Dans quel territoire sont enlevés des civils et par qui ? 

Comment appelle-t-on un groupe qui combat pour résister à une occupation ?

Quels sont les intérêts en jeu pour les dénommer résistant ou terroriste ?

Quels sont les droits d’un prisonnier de guerre ?

Le terrorisme désigne une technique d’action violente utilisée contre des civils par un groupe clandestin dans le but de faire valoir des revendications politiques (J_M Muller, Dictionnaire de la non-violence) mais si l’on prend en compte l’histoire du conflit israélo-palestinien plutôt que la date particulière du 7 octobre 2023, les points de vue, l’analyse et la façon d’en parler se modifie… et ouvre à utiliser les dénominations autrement.

Le terrorisme est aussi le fait d’un État qui sème la terreur en bombardant les populations civiles. Et pourtant, il est rare d’entendre cette qualification dans les médias… 

Sans s’aveugler sur la fragilité de la trêve et des négociations en cours, Le MAN croit fermement aux analyses qui ouvrent des espaces de résolutions, d’avancée… vers plus d’humanité. »

Xavier Dormont, porte-parole du MAN

Contact : Maeva Rougé, coordinatrice fédérale du MAN : man@nonviolence.fr

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