Discours introductif

Discours introductif à la deuxième réforme des retraites par Camille Lebon, présidente du groupe majoritaire, Les décroissant.es, une nouvelle d’Erwan CHIBOUT

La nouvelle

Suite aux manifestations massives, le gouvernement se voit contraint de reculer sur sa réforme des retraites et le Président dissout l’Assemblée. L’Union Sociale Ecologique obtient alors une large majorité de sièges.

17 octobre 2023, Palais Bourbon. Première séance plénière sur la nouvelle réforme des retraites.

– « La parole est à Madame Camille Lebon, présidente du groupe des décroissant.es. »

– « Mesdames, Messieurs, chèr.es collègues. Dans cet hémicycle nous partageons majoritairement des valeurs de gauche. Il y a pourtant un impensé dans nos rangs. Si je vous pose la question « Est-il juste de maintenir lors de la retraite, les inégalités de revenus perpétrées dans le monde du travail ? » Que répondez-vous ? »

Des « non » fusent.

– « Alors pourquoi, _pourquoi_, chèr.es collègues, lorsque Johanna, femme de ménage, ne travaille plus, continue-t-elle de percevoir moins que Bernard, le « patron » qui ne travaille plus non plus ? Au nom de quelles valeurs, consentons-nous à perpétuer ces inégalités en faveur des plus nantis : au nom de leurs sacrosaints diplômes ? de leurs responsabilités passées ? Pourquoi ces distinctions devraient-elles encore prévaloir lors de la retraite, période de non-travail ? »

Un certain brouhaha suit la prise de parole de C. Lebon, connue pour ne pas y aller par quatre chemins…

– « Vous l’aurez compris, il s’agit, chèr.es collègues, de défendre notre proposition phare : la retraite inconditionnelle d’un montant unique pour toutes et tous. Oui, à 60 ans, une même pension quel que soit le nombre d’annuités ! »

– “Cette réforme de bon sens que nous proposons, va dans le sens de l’histoire, du progrès social et a vocation à enfin rétablir l’égalité devant la retraite et de permettre aux travailleurs et travailleuses de profiter d’un repos bien mérité après une vie de labeur au service de la société pour certains.”

– “Pendant trop longtemps, la classe salariée a été spoliée du fruit de son travail par les instances du capital. Pendant trop longtemps, nos dirigeants ont fait peser l’effort de crise sur les travailleurs, à coup de réduction de salaires, d’austérité et de recul de l’âge de départ à la retraite. Aujourd’hui nous ne voulons plus avoir recours à ce genre de politique mais faire contribuer les plus aisés de ce pays. Il est temps que nos concitoyens contribuent à la mesure de leurs moyens. Cette proposition traduit également notre volonté de rendre ce qu’ils ont donné au cours de leur vie professionnelle à nos compatriotes. N’est-il pas naturel de bénéficier d’une pension de retraite décente, suffisamment tôt pour en profiter ?”

– “Ainsi, cette réforme permet de prendre en compte la pénibilité et les carrières longues, mais elle a surtout vocation à mettre fin à la précarité de nos aîné.es. Comment a-t-on pu laisser nos concitoyens vivre dans la misère après des décennies de travail ? La politique menée par les majorités de droite qui nous ont précédé.es, a mené à cette situation, pendant qu’ils se réjouissaient des super profits engendrés par les grands groupes industriels, les anciens salariés de ces mêmes groupes percevaient des pensions de retraites inférieures au seuil de pauvreté. Par l’intermédiaire de cette réforme, notre ambition est de rendre notre système plus juste socialement et ainsi accélérer le progrès social.”

– “Cette réforme soulève également un autre enjeu, celui de la décote. Chèr.es collègues, est-il normal que Serge et Jocelyn, licenciés sans indemnités, et en chômage de longue durée, soient condamnés à percevoir une pension de retraite amputée, voire inférieure au seuil de pauvreté, à cause de leurs années d’inactivité subie ? Est-il normal que nos compatriotes en situation de handicap soient privé.es de cette pension car leur état de santé les empêche de poursuivre leur activité professionnelle jusqu’à l’âge requis. Ce système de décote est profondément injuste car il ne tient pas compte des parcours de vie, des carrières hachées ou coupées dans leur élan par des événements imprévus. Il est le symptôme d’un système de retraite semblable à une machine, inhumain et déconnecté de la réalité. Nous proposons ainsi de revoir ce principe dans notre réforme, ce principe injuste qui défavorise notamment les femmes, les travailleurs et travailleuses précaires qui cotisent moins d’annuités que la moyenne des Français. Nous le considérons comme inadapté et indésirable à notre nouveau système de retraite.”

– “J’entendais tout à l’heure avant la séance nos amis libéraux qui, dans les travées de l’Assemblée, exprimaient leur opposition à cette réforme considérant que « l’espérance de vie augmente, donc on doit travailler plus longtemps ». Voilà un argument qui laisse sans voix par son bon sens et sa pertinence…

Ce que nos amis néo-libéraux ont oublié de préciser, ce sont les énormes disparités d’espérance de vie entre les différentes couches socio-économiques de notre pays, où l’écart est de l’ordre de 10 à 15 ans entre le premier et le dernier décile, d’autant plus que cette même espérance de vie tend à diminuer ces dernières années parmi nos concitoyens les plus modestes, qui bien souvent, sont également ceux qui exercent les métiers les plus pénibles. Mais nos collègues ne font que confirmer ce que nous savions depuis longtemps : ils n’ont gouverné qu’en faveur des plus aisés en faisant reposer le fardeau économique sur le reste de nos citoyens, agitant l’épouvantail de la dette et du déficit pour justifier leur politique d’austérité. Aujourd’hui, notre nouvelle réforme des retraites vise à rétablir l’égalité devant la retraite, de sorte que chacun puisse profiter du fruit de son travail.”

– “Un autre reproche fait par nos collègues de droite porte sur le financement de notre réforme, c’est tout à leur honneur, bien que j’apprécierais également qu’ils aient les mêmes préoccupations concernant le financement des enveloppes parlementaires, ou des budgets malgré la propagation de fausses informations de leur part comme celle concernant le doublement de l’impôt sur le revenu pour la financer. Voyez-vous, nous avons chiffré le coût de notre réforme à environ 45 milliards d’euros soit 1,7 points de notre PIB et non pas 90 milliards comme ont pu le prétendre les députés de l’opposition pendant les débats préliminaires. Sachez d’abord que l’évasion et la fraude fiscale dans notre pays représentent une perte nette supérieure à 50 milliards d’euros pour l’État. Je présenterai au cours de la prochaine séance plénière notre plan de lutte contre la fraude fiscale, qui devrait rapporter plusieurs dizaines de milliards d’ici la fin du quinquennat. Nous avons également l’intention de mettre en place une contribution croissante, proportionnelle aux salaires, à partir de 3 SMIC net et une augmentation de l’impôt sur les grandes et très grandes sociétés sur leurs activités réalisées dans notre pays.”

– “Mais je vais à mon tour vous poser une question : d’après vous combien vaut le temps que Joël, ancien plombier chauffagiste, pourra passer en compagnie de ses petits enfants ? Combien vaut le bonheur simple de pouvoir réaliser ses rêves, modestes, acheter un petit terrain à la campagne, y faire pousser des fruits des légumes, vivre au grand air…

Si l’État n’est pas au service de l’épanouissement et du bien de ces citoyens, à quoi sert-il ?”

Ovation de plusieurs dizaines de secondes des députés de la majorité.

Mais pour être franche, cette réforme aussi nécessaire soit-elle n’est en fait qu’une première étape. En effet, notre projet, dans le cadre du mandat confié à notre majorité, est de proposer une refonte complète de nos institutions. Nous en avons longuement discuté avec les membres de la majorité et nous en sommes arrivés à la conclusion que nous faisons face à une crise institutionnelle comme nous n’en avons jamais vécu auparavant.

En effet, les événements récents nous ont montré que nos outils constitutionnels archaïques peuvent encore permettre à l’exécutif d’outrepasser la volonté populaire. Ainsi, notre démocratie doit être protégée d’éventuels dirigeants qui feraient passer leur ego avant l’intérêt supérieur de la nation et seraient responsables de dérives autoritaires, rendues possibles par ces mêmes institutions. Le bilan est sévère : un système pseudo-démocratique à bout de souffle, une représentation nationale décrédibilisée pendant des années, et une perte de confiance de nos concitoyens à l’égard de notre régime. J’ai eu l’occasion de discuter avec nombre de citoyens dans le cadre de mon mandat de députée et le constat est accablant : les législatures précédentes ont profondément affecté le regard porté sur nos institutions : nos compatriotes doutent de notre intégrité, de la sincérité de notre engagement, certains ont le sentiment que nous sommes au service d’intérêts particuliers… Ces remarques, en tant que membre de l’opposition, nous avaient affecté.es, comme elles nous affectent aujourd’hui en tant que membres de la majorité…

Des cris de désapprobation soulèvent l’Assemblée. Certains député.es de l’opposition quittent l’hémicycle, se sentant visé.es par les remarques de la présidente du groupe majoritaire.

« Ainsi, notre proposition, en réponse à cette crise de régime, est d’ajouter une dose de démocratie directe à notre système politique, par l’intermédiaire du référendum d’initiative partagée. Pendant des années, des décennies, même, les dirigeants ont profité d’une impunité institutionnelle, garantie par le manque de contre-pouvoirs, pour mettre en place des mesures contre la volonté du peuple et se justifiaient en pointant les chiffres de l’abstention, révélateurs, selon eux, d’un désintérêt de nos concitoyens pour la politique. Mais il n’en était rien. En réalité, le manque de consultation populaire dans l’exercice du pouvoir ces dernières années a exaspéré et même dégoûté nos concitoyens, qui se sentent dépossédés de leur droit de regard sur les affaires publiques, caractéristique normalement structurelle d’une démocratie. Le RIP a vocation à changer cela, en poussant chacun à s’engager et à faire porter sa voix, n’importe quel citoyen pourra alors suggérer de nouvelles propositions et, avec le soutien et l’aval populaire, mettre en application sa proposition. Au sein de la majorité, nous sommes convaincus que cette mesure saura réconcilier les Français.es avec leur classe politique. »

« Nous proposons également la mise en place d’une assemblée constituante populaire, composée de citoyen.nes issu.es de toutes les couches socio-économiques de la société, de manière à permettre au peuple de bâtir la société désirable de demain. Bien sûr, nous passerons par référendum pour ces propositions de changement structurel de notre régime, aucune modification de cette envergure ne devrait se faire sans l’assentiment direct du peuple, nous allons consulter, discuter, travailler ensemble pour bâtir ce nouveau modèle démocratique où chacun trouvera son compte et pourra faire entendre sa voix. »

A nouveau, les députés de la majorité se lèvent pour applaudir la présidente du groupe.

Je vous parlais tout à l’heure de notre projet de refondation des institutions, mais au-delà de ça, c’est un nouveau modèle de société que nous voulons proposer. Une société fondée sur la solidarité, la justice sociale et le respect de l’environnement. Dans un monde en mutation, il nous faut nous préparer pour les défis à venir. L’émergence des nouvelles technologies nous amène également à faire évoluer notre rapport au travail, la récente percée de l’intelligence artificielle est une prémisse de la radicale transformation du monde professionnel qui va s’amorcer dans les années à venir. Ainsi, il nous faut voir ce changement comme une opportunité : c’est d’une société centrée sur le travail dont il faut nous libérer. En effet, l’émergence de ces technologies nous laisse entrevoir un nouveau modèle, où les travaux les plus pénibles, répétitifs, mais nécessaires seraient assurés par la machine, le travail humain ne serait ainsi plus synonyme d’aliénation et d’asservissement mais un choix conscient et épanouissant pour ceux qui l’exercent. Nous devons ainsi amorcer ces transformations sans perdre de temps…

En tant que partisans de la décroissance, nous prônons un changement de paradigme, un modèle de société durable, soutenable et compatible avec nos valeurs démocratiques, d’égalité, de liberté et de fraternité. C’est tout le défi qui nous attend ces prochaines années et que nous espérons bien mener à bien en gouvernant pour et avec le peuple. Face aux incertitudes et à la complexité du monde à venir, nous nous efforçons de proposer des réponses en accord avec nos convictions : solidarité, soutenabilité, égalité. Comme vous pouvez le constater, mesdames et messieurs les député.es, notre groupe se refuse à gouverner avec une vision de court terme dans l’espoir de rester populaire ou de se faire réélire, nous n’avons pas de considération électoraliste, mais nous voulons proposer à nos concitoyens une vision de long terme et bâtir avec et pour eux, cette société désirable et ancrée dans le monde de demain, où le travail, la croissance et le profit immédiat ne seraient plus au coeur, mais des considérations mineures voire anachroniques.

Comme je le disais, notre réforme des retraites va dans le sens de l’histoire avec un temps de travail en diminution, dans ce monde où, nous autres humains, allons progressivement passer le relais à la machine pour le travail productif. Ce bouleversement sera également l’occasion de discuter et débattre d’autres idées proposées par nos collègues : le revenu universel d’existence, la diminution du temps de travail hebdomadaire, la taxe carbone sur la robotisation de l’industrie… Plus de deux siècles après la Révolution, c’est l’occasion pour nous, Français.es, de faire à nouveau figure d’avant-gardistes et d’inspirer l’Europe et le monde.

Mesdames et messieurs les député.es, merci pour votre attention !

Les député.es de la majorité se lèvent une dernière fois pour applaudir la présidente du groupe :

« Merci à vous madame la présidente, les débats commenceront demain pour voter les premiers amendements de la nouvelle réforme des retraites portée par le nouveau gouvernement. Fin de la séance. »


Commentaires du jury

Vous faites partie des six auteur.es de ce deuxième concours d’« anciennes » mis en place par la Maison Commune de la Décroissance, qui seront publié.es sur son site.

Permettez-nous ce commentaire étayé de quelques extraits de votre nouvelle…

D’un point de vue littéraire

Vous nous faites assister à une séance à l’assemblée nationale, on y est ! On y est car le sérieux du discours prend le pas sur le littéraire.

D’un point de vue politique

Dans votre nouvelle, vous dénoncez avec force arguments

  • le monde du capitalisme : [Pendant trop longtemps, la classe salariée a été spoliée du fruit de son travail par les instances du capital… nos dirigeants ont fait peser l’effort de crise sur les travailleurs, à coup de réduction de salaires, d’austérité et de recul de l’âge de départ à la retraite.],
  • le monde des inégalités [Aujourd’hui nous ne voulons plus avoir recours à ce genre de politique mais faire contribuer les plus aisés de ce pays.],
  • le monde des écarts de revenus assumés par les politiques [pendant qu’ils se réjouissaient des super profits engendrés par les grands groupes industriels, les anciens salariés de ces mêmes groupes percevaient des pensions de retraites inférieures au seuil de pauvreté.].

Vous mettez parfaitement en évidence tous les travers sociaux du système de retraite dont nous ne voulons plus : [Ce système de décote… profondément injuste car il ne tient pas compte des parcours de vie, des carrières hachées ou coupées dans leur élan par des événements imprévus], en citant le cas de tous les laissé.es pour compte par ce monde des affaires, de l’entreprise : [les licenciés sans indemnités, et en chômage de longue durée… condamnés à percevoir une pension de retraite amputée, voire inférieure au seuil de pauvreté, à cause de leurs années d’inactivité subie], de [nos compatriotes en situation de handicap… privé.es de cette pension car leur état de santé les empêche de poursuivre leur activité professionnelle jusqu’à l’âge requis], ce que vous résumez en comparant [ce système de retraite]à [une machine, inhumaine et déconnectée de la réalité].

 Vous invalidez l’argument de l’espérance de vie brandi par les détracteurs de ce projet de retraite plus juste : [l’espérance de vie augmente, donc on doit travailler plus longtemps.] en rappelant ce que nulle statistique ne peut ignorer : [les énormes disparités d’espérance de vie entre les différentes couches socio-économiques de notre pays, où l’écart est de l’ordre de 10 à 15 ans] au sein d’une population selon les revenus !

Vous balayez l’argument du financement, en faisant valoir ce que vous avez chiffré.

Vous énoncez parfaitement tous les points forts de la réforme des retraites telle qu’elle est proposée par Camille Lebon : elle permettra de [bénéficier d’une pension de retraite décente, suffisamment tôt pour en profiter… de prendre en compte la pénibilité et les carrières longues… de mettre fin à la précarité de nos aîné.es].

Vous projetez plus loin que cette réforme des retraites, il s’agit de réformer aussi [nos outils constitutionnels archaïques], [d’ajouter une dose de démocratie directe à notre système politique, par l’intermédiaire du référendum d’initiative partagée], de mettre en place [une assemblée constituante populaire, composée de citoyen.nes issu.es de toutes les couches socio-économiques de la société, de manière à permettre au peuple de bâtir la société désirable de demain.]

Sans compter les débats que ces bouleversements vont susciter [l’occasion de discuter et débattre d’autres idées proposées par nos collègues : le revenu universel d’existence, la diminution du temps de travail hebdomadaire…] …

Bref, tout y est ! C’est un programme !

D’un point de vue décroissant

Beaucoup de points de votre portrait sans appel de ce monde capitaliste sont compatibles avec ce que nous rejetons dans le monde d’aujourd’hui.

– Quand vous dites [c’est d’une société centrée sur le travail dont il faut nous libérer.], nous ne pouvons qu’adhérer.

Toutefois, nous dessinons les contours d’un projet de société qui diffère de celui que vous nous laissez entrevoir : ainsi, quand vous étayez ce que serait la distance à mettre par rapport au « travail » de cette façon : [l’émergence de… technologies nous laisse entrevoir un nouveau modèle, où les travaux les plus pénibles, répétitifs, mais nécessaires seraient assurés par la machine, le travail humain ne serait ainsi plus synonyme d’aliénation et d’asservissement mais un choix conscient et épanouissant pour ceux qui l’exercent] nous souhaitons que le trajet de décroissance nous permette de prendre davantage de distance avec les machines. De la même façon […notre réforme des retraites va dans le sens de l’histoire avec un temps de travail en diminution, dans ce monde où, nous autres humains, allons progressivement passer le relais à la machine pour le travail productif.], nous comptons davantage rompre avec le travail productif …

Nous vous rejoignons en revanche parfaitement quand vous vous demandez : [d’après vous combien vaut le temps que Joël, ancien plombier chauffagiste, pourra passer en compagnie de ses petits enfants ? Combien vaut le bonheur simple de pouvoir réaliser ses rêves, modestes, acheter un petit terrain à la campagne, y faire pousser des fruits des légumes, vivre au grand air…] C’est justement ce que nous défendons à la MCD, remettre au cœur de nos existences la vie sociale dont nous dépendons tous.tes de la naissance à la mort…

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