Jean-Claude Besson-Girard – Descrescendo cantabile

Ce billet est l’occasion de faire, comme l’autorise l’expression populaire, « une pierre, deux coups ». Outre un aperçu de « Decrescendo cantabile », c’est d’abord le moment de proposer un hommage à son auteur, à savoir Jean-Claude Besson-Girard qui vient de nous quitter il y a à peine un mois. Précurseur dès les années 1970 de l’écologie politique autant en théorie qu’en pratique, un temps, comme il le raconte dans ce livre, proche de Fernand Deligny, mais aussi peintre et écrivain, fin gourmet et directeur de revue (Entropia), Jean-Claude Besson-Girard est devenu fort logiquement à l’apparition de ce mouvement, une figure incontournable de la décroissance au tournant du siècle. Son œil vif, sa grande qualité d’écoute, son empathie faisaient de lui un homme charmant, à la fois humble, alerte et entier. Un personnage que la famille de la décroissance se trouve maintenant bien triste de ne plus pouvoir rencontrer.

Pour qui ignorerait la trajectoire de Jean-Claude Besson-Girard et s’interrogerait au sujet du titre, énigmatique mais pas abscons, de ce livre, les autres éléments – préfacier (Serge Latouche), sous-titre (Petit manuel de décroissance harmonique), collection (L’après-développement) et éditeur (Parangon/VS) – ne peuvent laisser de place au doute : il s’agit bien d’un ouvrage traitant de décroissance. Normal, pensez-vous, cet article voit le jour à la Maison Commune de la Décroissance. Mais au lieu de traiter d’un sujet particulier (énergie, démocratie, salariat, etc.), ce recueil apporte bien une vue d’ensemble sur la décroissance.

Après un vibrant plaidoyer contre la croissance de la part de Serge Latouche et toute l’estime formulée par celui-ci auprès de l’auteur de ce « Petit manuel », ce sont dix chapitres, entrecoupés de huit « textes brefs et de circonstance » comme autant de respirations et billets d’humeur datés de 2000 à 2003 (histoire de faire travailler notre mémoire), qui composent ce « Decrescendo cantabile » paru en 2005.

En partant de considérations générales et en évoquant, de façon autobiographique, une expérience de l’auteur dans les Cévennes, en interrogeant coût social et coût écologique, en abordant la désormais classique critique du progrès, en égratignant l’occidentalisation du monde, en blâmant la société de consommation et l’individu massifié (qu’il regroupe dans le terme de « décivilisation mercantile »), en discutant de l’artisanat et de l’industrie, en émettant des réserves à l’égard de la post-modernité, en évoquant la place que pourraient prendre l’érotisme et l’art dans une société décroissante, Jean-Claude Besson-Girard balaie une série de thèmes devenus récurrents tout en déroulant, tel un fil d’Ariane traversant tout le volume, un appel lancinant à davantage de poésie.

Jean-Claude besson-Girard, 1943-2021

Mis à part quelques rares paragraphes, l’ensemble des propos sont très clairs et compréhensibles par le plus grand nombre, certains n’ayant pas pris une ride même une quinzaine d’année après leur mise au jour. Page 106, on lira : « Pour la classe politique, scientifique ou économique, comme pour la majorité de l’opinion, la crise climatique, la « vache folle », Bhopal ou Tchernobyl sont des événements perçus comme des erreurs toujours rectifiables et non pas comme la vérification d’une erreur globale inscrite dans les fondations mêmes de la société industrielle. » Il suffirait, par exemple, d’ajouter « l’apparition du coronavirus » à l’énumération de Jean-Claude Besson-Girard pour penser que ces lignes ont été écrites il y a seulement quelques mois.

Qualifié de « petit livre » par l’auteur lui-même, « Decrescendo cantabile » est un livre de taille pour l’ensemble des décroissants, et en particulier auprès des néophytes pour lesquels sa lecture est hautement recommandée.

Jean-Claude Besson-Girard, Decrescendo cantabile. Petit manuel pour une décroissance harmonique.

Parangon/VS – 2005

ISBN : 2-84190-147-5

12 euros

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Un commentaire

  1. Bonjour
    La nouvelle de la disparition de Jean-Claude m’attriste fortement
    Je l’ai bien connu dans le Vaucluse, où nous avons milité ensemble pendant de longues années aux Verts
    Je l’avais perdu de vue après son départ en Bourgogne
    Pourrais-je avoir les coordonnées de Martine Auzou, sa compagne?
    D »avance merci
    AM.Billiottet

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