Guerres, armées, croissance, quels liens ? par Clément Wittmann

Dans son rapport de 1972, le club de Rome alertait l’opinion publique sur la menace que la croissance fait peser sur l’humanité. Dans son nouveau rapport de 2012, le club de Rome affirme que nous allons assister (probablement à partir des années 2020) à une multiplication des conflits pour accéder aux dernières ressources indispensables au fonctionnement des économies. Cette seule affirmation du club de Rome montre, si besoin est, le lien entre croissance et militarisation du monde. Nous le savons tous aussi, les nombreuses guerres que les Etats Unis ont déclenché au Moyen Orient avait pour but de mettre la main sur le pétrole de cette région (cf La stratégie du choc-montée du capitalisme du désastre de Naomi Klein). Si les USA, comme la majorité des pays industriels, ont de tels besoins en pétrole, c’est bien parce que « leur mode de vie n’est pas négociable », comme l’a affirmé un de leur président.

Les guerres, nous le savons tous massacrent des humains (militaires, civils…). Mais il faut insister sur le fait que les armées, même en temps de paix, saccagent aussi la planète. L’armée combien de planète ? Si il existe peu de chiffres sur l’empreinte écologique des armées, il est clair que ce secteur pèse de tout son poids sur la destruction de la planète. Ce que nous savons c’est que le service des essences des armées françaises distribue chaque année 1 500 000 m3 de produits pétroliers.

Nous savons aussi que l’avion Rafale de Dassault, (vendu massivement par F Hollande ) consomme 2 200 litres de carburant par heure de vol. Un char Nexter consomme 320 litres de carburant au 100 km.

De toute évidence le bilan carbone des armées est considérable.

J’aimerais aussi insister sur le lien entre endettement et militarisation. Sur ce point, la Grèce représente un formidable cas d’école. La majorité des médias (entre les mains des puissances militaires) se garde bien de dire que si la Grèce est surendettée c’est parce que la Grèce est surarmée…La Grèce a acheté pour 6 milliards de dollars de sous-marins à l’Allemagne, pour 3,5 milliards de dollars d’avions de combat à la France, pour 4,2 milliards de dollars d’avions de chasse aux USA….

Si les retraités grecs ont donc vu fondre leur retraite, c’est pour le plus grand bonheur des marchands d’armes.

Pour mettre un terme à la militarisation du monde et à toutes ses conséquences (humaines, écologiques…), la décroissance est donc la voie à suivre. Comme je l’ai indiqué en tête de cet article, c’est la boulimie d’énergie intrinsèquement liée à la croissance, qui est à l’origine des conflits. Dans une société frugale ou décroissante, les besoins en énergie sont infimes, voir proche de zéro.
Par conséquent, il n’est donc plus nécessaire de déclencher des guerres pour garder le contrôle de l’approvisionnement en énergie. De même, dans une société sobre en énergie, il n’est plus nécessaire de soutenir des dictateurs africains pour garder le contrôle de l’accès aux matières premières….

Comme l’indique très justement l’agronome Jean Pierre BERLAN, dans son livre « La guerre au vivant », un écologiste qui ne tient pas comme prioritaire la lutte pour le désarmement général et la paix est un imposteur ».

Clément Wittmann, http://www.clement-wittmann.fr/

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Un commentaire

  1. Et moi qui pensais que le vert même kaki, c’était du vert !

    Pour avoir expérimenté durant deux ans le service de santé des armées, je peux certifier que l’histoire coloniale a été, est, et reste, un des marqueurs des velléités de croissance de l’Etat français pour rester dans le club fermé des grandes puissances.

    Mener des politiques de décroissance doit intégrer le désarmement et la démilitarisation de nos sociétés.

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